L’Australie a annoncé mardi l’achat de 11 frégates furtives du groupe japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) pour 6 milliards de dollars américains, dans le cadre de la modernisation de ses équipements face à la montée en puissance militaire de la Chine dans le Pacifique et l'Indopacifique.
Ce contrat est « clairement le plus gros accord défense-industrie jamais conclu entre le Japon et l’Australie », a relevé le ministre australien de la Défense, Richard Marles. Pour cet appel d’offres, MHI était en concurrence avec le groupe allemand ThyssenKrupp Marine Systems. Des groupes espagnol et sud-coréen avaient été écartés plus tôt dans le processus.
L’Australie a lancé en 2023 une restructuration majeure de ses forces armées pour les doter de capacités de frappe à longue portée afin de mieux répondre à la puissance navale chinoise. Les frégates furtives de classe Mogami, attendues par l’Australie d’ici 2030, sont destinées à remplacer celles, vieillissantes, de classe Anzac, entrées en service dans les années 1990. Elles sont capables de lancer des missiles de croisière à longue portée Tomahawk.
« La frégate de classe Mogami est la meilleure frégate pour l’Australie », a affirmé Richard Marles. « C’est un navire de nouvelle génération. Il est furtif. Il dispose d’un système de lancement vertical de 32 cellules capable de tirer des missiles à longue portée », a-t-il ajouté. « L’acquisition de ces frégates furtives rendra notre marine plus grande et plus létale », s’est-il félicité.
Les trois premières frégates de classe Mogami seront construites à l’étranger, a déclaré le ministre de l’industrie de la défense Pat Conroy, les chantiers navals d’Australie-Occidentale étant censés produire le reste.
En 2021, l’Australie avait provoqué un coup de tonnerre en annonçant l’acquisition de sous-marins à propulsion nucléaire de conception américaine, abandonnant un plan de plusieurs années visant à développer des sous-marins non nucléaires avec le français Naval Group, conclu sous le mandat du Premier ministre libéral Malcolm Turnbull.
Cette décision, prise par son successeur Scott Morrison -lui aussi libéral-, qui avait provoqué une crise diplomatique sans précédent entre Paris et Canberra, s’était accompagnée de l’annonce par Washington de la création d’un accord de coopération militaire, Aukus, liant l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni et destiné à contrer l’expansionnisme chinois dans l’Indopacifique.
En pratique, la marine australienne prévoit d’acquérir au moins trois sous-marins américains de classe Virginia au cours des 15 prochaines années. Au total, le programme militaire développé dans le cadre d’Aukus pourrait coûter au pays jusqu’à 235 milliards de dollars américains au cours des 30 prochaines années, selon les prévisions du gouvernement australien, un coût qui a suscité des critiques envers la stratégie.
L’Australie prévoit d’augmenter progressivement ses dépenses de défense à 2,4% du Produit intérieur brut, au-dessus de l’objectif de 2% fixé par ses alliés de l’Otan, mais bien en deçà des exigences américaines de 3,5%. Les grands projets de défense en Australie ont longtemps souffert de dépassements de coûts, de revirements gouvernementaux, de changements de politique. Il leur a également été reproché de faire passer la création d’emplois locaux avant les impératifs de défense.
Avec AFP