À deux pas de l’Arc de Triomphe, le Chef Jean-Rony Leriche nous ouvre les portes de son univers culinaire : un restaurant gastronomique caribéen où traditions, transmission et innovation s’entrelacent dans une symphonie de saveurs. Leriche Restaurant nous invite, pour ce premier épisode -du numéro 2 de notre nouvelle rubrique gourmande-, à une immersion dans sa cuisine authentique, généreuse et fièrement enracinée.
Ouvert depuis deux ans dans le 17e arrondissement de Paris, ce qui se mijote au 16 rue Brey n’est plus un secret. Des visiteurs du monde entier s’y pressent pour découvrir ce qui fait la renommée du Chef Leriche : une cuisine caribéenne élevée au rang de gastronomie.
« On accueille des gens venus d’Asie, de Belgique, des États-Unis, d’Australie… C’est toujours touchant de voir que la cuisine caribéenne parle à autant de monde. Et encore plus quand ce sont des personnes des Antilles, heureuses de retrouver les goûts de leur enfance, de leurs grands-mères — mais réinterprétés autrement », confie le chef.
Une carte entre mémoire et création
Chez Leriche Restaurant, chaque plat puise dans les traditions culinaires de la Caraïbe, tout en s’autorisant des envolées créatives. Le menu célèbre les classiques — accras, fricassées, boucanages — mais les revisite avec raffinement.
« Je veux proposer une cuisine généreuse et sincère, qui parle autant au cœur qu’aux papilles », insiste-t-il.
Parmi les incontournables : son fameux « riz du chef », coloré naturellement par les fleurs de clitoria (pois bleu ou pois papillon) et parfumé à l’atoumo (à tous maux) — une plante médicinale aux multiples vertus qu’il cueille à même son jardin en Guadeloupe. Un plat aussi beau que bon, qui raconte une terre, une pharmacopée, une philosophie du vivant.
Une jeunesse formée à l’excellence
À ses côtés, sa femme Christine, martiniquaise, assure la réception, la salle et le soutien administratif de leurs projets. En cuisine, une brigade de jeunes, avec des apprentis venus de Guadeloupe et de Martinique s’initient à une vision exigeante, métissée et engagée de la gastronomie. Yoliéta, Chloé et Alihu assurent le service du midi ; Jérica et Jade prennent le relais le soir. Le chef est fier de nous indiquer que son équipe est composée de jeunes 1001% de la Caraïbe (Guadeloupe, Martinique, Dominique).
« J’ai appris des techniques que je ne connaissais pas en Martinique : le délice de plantain, la manière de préparer les desserts, le riz pané en rectangle, que ce soit le riz "djon djon" ou le riz du chef... Il y a de la gastronomie aux Antilles, mais le chef Leriche a créé son propre style. Ça m’inspire, ça me donne des idées », partage Alihu, stagiaire en BTS.
Une cuisine de transmission
Fils de parents haïtiens et ayant grandi en Guadeloupe, Jean-Rony Leriche incarne à lui seul une Caraïbe plurielle. « Je pars de la cuisine de nos grands-mères, mais je cherche à la sublimer, à la comprendre et à la transmettre », explique-t-il.
Avec la précision d’un ethnobotaniste, il explore les origines de chaque produit, fait revivre des savoirs oubliés, et réinvente les usages. Exemple : le corossol. Connu en jus ou en dessert, le chef le transforme en mets salé. « Lorsqu’il est cueilli vert, sa texture rappelle celle du poisson. Je le snacke comme un steak de poisson : les végétariens sont bluffés ! », dit il avec un sourire en coin.
Son engagement va bien au-delà de la cuisine. Il forme les jeunes, développe un jardin pédagogique en Guadeloupe, et partage son savoir avec ses deux filles, ses « petites étudiantes », qu’il initie aux fruits, aux épices et aux plantes médicinales via ses réseaux sociaux.
Dans ce premier volet vous découvrirez en vidéo les plats du chef Leriche. Le prochain épisode sera entièrement consacré à ses projets en cours et à venir, ainsi qu’à sa passion de la transmission. À retrouver très prochainement sur tous nos réseaux
Avec ses projets multiples, le chef Leriche ne s’arrête jamais de créer. Il célèbre la réédition de son livre Ma cuisine antillaise, désormais aux couleurs de son restaurant, tout en soufflant la première bougie de son partenariat avec Air Caraïbes, pour qui il signe le menu " Fin gourmets " pour les classes Caraïbe et Soleil. Une à deux fois par mois il propose des brunchs caribéens thématisés où glaces, sorbets, jus frais et spécialités estivales comme le "chatroux "s’invitent à sa table cet été. Et dès septembre, un jardin pédagogique de fleurs comestibles et de plantes médicinales qui lancera en Guadeloupe, en collaboration avec un lycée agricole.
Lire aussi : Le chef guadeloupéen Jean-Rony Leriche signe la carte des menus gastronomiques d'Air Caraïbes au départ des Antilles
À la découverte d’un aliment : le corossol
Outremers360 a choisi de mettre à l’honneur le corossol, c'est le fruit préféré du Chef Lecriche.
Né au cœur des forêts luxuriantes d’Amérique du Sud, ce fruit aux courbes douces et à la peau piquetée de tendres épines portait bien des noms : guanábana, graviola, soursop. Embarqué dans les cales des grandes traversées, il devint un passager discret des routes coloniales, un témoin des échanges entre les continents. On le retrouve dans toutes les zones tropicales, des Amériques à l'Océanie en passant par l'Afrique et l'Asie.
Voir le premier numéro de notre nouvelle rubrique “Dans les cuisines de”, dédiée à la gastronomie ultramarine, ici : Dans les cuisines du restaurant Réunionnais « Le Palmiste Rrouge », une immersion gourmande dans les saveurs des Outre-mer
Aux Antilles, il trouva une terre familière, s’enracina, et devint fruit du quotidien. Certains anciens se rappellent encore qu'on le cuisait comme un légume, lorsqu’il était encore vert : sauté, en fricassée, révélant ainsi une facette oubliée, plus végétale, plus surprenante. À La Réunion, on le connaît sous le nom de sapotille, preuve que son histoire continue de se réinventer au fil des îles et des cultures.

Tania Imache