Les travaux de sécurisation du barrage de la Dumbéa ont récemment franchi une étape clé avec le lancement de la phase 2, centrée sur la découpe et la reconstruction du seuil déversant. Une visite de chantier a eu lieu en présence de Jérémie Katidjo-Monnier et Adolphe Digoué, membres du gouvernement respectivement en charge de la politique de l’eau et de l’agriculture et de l’élevage, ainsi que de représentants du Haut-commissariat, des communes concernées, du Comité de l’eau et de la DAVAR.
Construit entre 1951 et 1953, le barrage de la Dumbéa constitue l’un des principaux points de captage d’eau potable en Nouvelle-Calédonie, desservant Nouméa, une partie de Dumbéa et l’usine de Doniambo, soit environ 115.000 personnes. Depuis son rehaussement en 1972, l’ouvrage a fait l’objet de plusieurs opérations d’entretien, notamment le remplacement de vannes en 2021.
Les travaux actuels, entamés en 2022, visent à mettre le barrage en conformité avec les normes françaises en matière de sécurité hydraulique. Ils doivent permettre à la structure de résister à une crue dite milléniale (2 360 m³/s), alors qu’elle n’était auparavant dimensionnée que pour une crue de 1 400 m³/s. L’objectif est de garantir la sûreté de l’ouvrage sur le long terme.
Le chantier de confortement du barrage a été découpé en 3 phases.
Décembre 2022 – octobre 2023 : Réfection de la piste d’accès pour les engins de chantier, amélioration du réseau d’adduction d’eau potable et gestion des eaux de ruissellement.
Octobre 2023 – décembre 2024 : Travaux de terrassement, déplacement de conduites, mise en œuvre des protections aval, renforcement de la structure et modernisation des dispositifs de contrôle.
Janvier 2025 – décembre 2025 : Démolition partielle du seuil existant (évacuation de 1 500 tonnes de béton), construction d’un nouveau seuil et réhabilitation des zones de chantier.
Des contraintes techniques et climatiques
Plusieurs imprévus ont affecté le calendrier, dont un effondrement de talus, des difficultés géotechniques et les événements sociaux de mai 2024. Ces aléas ont nécessité une réorganisation du chantier, repoussant l’échéance de fin à fin 2025.
Par ailleurs, les travaux doivent s’effectuer sans interrompre l’alimentation en eau potable. Une gestion précise du niveau de la retenue est donc assurée en continu. Les usagers de la branche Est du parc de la Dumbéa sont informés de possibles variations mineures du niveau du cours d’eau, inférieures à 1 mètre.
Un projet intégré dans les politiques publiques
Ce projet s’inscrit dans la Politique de l’eau partagée (PEP), notamment son objectif stratégique n°1 : protéger les zones de captage et les ressources en eau. Il contribue également à l’adaptation au changement climatique en renforçant la résilience de l’infrastructure face aux événements extrêmes. À l’issue des travaux, un périmètre de protection des eaux sera instauré, et l’exploitation de l’ouvrage sera régularisée selon les nouvelles règles juridiques en vigueur.
Soumis à des exigences environnementales spécifiques, le chantier bénéficie de dispositifs de suivi, de barrages anti-sédiments, d’un plan de gestion des déchets, et d’un programme de revégétalisation (10 arbres plantés pour chaque arbre arraché). Ces mesures visent à limiter l’impact écologique du projet, notamment sur les habitats aquatiques.
Données techniques et financement
Hauteur du barrage : 38 m
Longueur : 104,5 m
Capacité de stockage : 478 000 m³
Production annuelle : 15 millions de m³ d’eau potable
Coût total du projet : 1 milliard de F CFP
Financement : État (50 % sur le contrat 2017-2022, 68 % sur celui de 2024-2027)
La maîtrise d’ouvrage est assurée par la Nouvelle-Calédonie via la DAVAR, avec la Ville de Nouméa comme exploitant, et la Calédonienne des Eaux en tant que délégataire du service public. À ce stade, la livraison des travaux devrait être possible d'ici la fin de cette année.
Damien CHAILLOT