PORTRAIT. L’ingénieure réunionnaise Léa Nativel de retour à La Réunion après un parcours récompensé à l’international

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PORTRAIT. L’ingénieure réunionnaise Léa Nativel de retour à La Réunion après un parcours récompensé à l’international

Après son bac, Léa Nativel quitte La Réunion pour poursuivre ses études d’ingénierie dans l’Hexagone. Quelques années plus tard, c’est en Malaisie qu’elle s’illustre dans le cadre d’un Volontariat International en Entreprise. Son engagement et son parcours lui ont d’ailleurs valu d’être distinguée à Paris par le Grand Prix V.I.E – Bassin Océan Indien. Sept ans après son départ, la jeune femme choisit de revenir sur son île. Forte d’une expérience internationale dans un secteur stratégique et exigeant, la jeune ingénieure ambitionne aujourd’hui de mettre ses compétences au service du développement local, en particulier dans les énergies renouvelables.

Pour elle, il y a bien eu un avant et un après. Récompensée en juin dernier à l’occasion de la cérémonie du 3ème Grand Prix V.I.E des Outre-mer, Léa Nativel, alors ingénieure projet en Malaisie, est aujourd’hui de retour sur son territoire. « Je ne m’attendais pas à ce que cette distinction fasse autant de bruit autour de moi », se confie-t-elle. « J’ai reçu énormément d’appels, d’encouragements, de félicitations… J’ai développé mon réseau professionnel et surtout, j’ai gagné en confiance. Ça m’a énormément boostée. » 

Pour La Réunionnaise, le Volontariat International en Entreprise (V.I.E) a été un véritable tremplin. Ce dispositif, permettant aux jeunes diplômés  de partir en mission professionnelle à l’étranger, lui a offert l’opportunité de retourner en Malaisie. Pendant un an et demi, c’est dans le Sud du pays que l’ingénieure géré des projets industriels de grande ampleur. « C’était un milieu exigeant, avec beaucoup de responsabilités très vite. Je travaillais sur des structures en acier pour des plateformes pétrolières offshore, dans un environnement souvent masculin. Cela m’a obligée à m’affirmer. » se souvient-elle. 

Une immersion qui a favorisé le développement de compétences techniques, mais surtout une assurance nouvelle. « J’ai découvert une vraie capacité à m’exprimer, à coordonner des équipes multiculturelles et à tenir ma place. » Aujourd’hui, à 25 ans, elle mesure le chemin parcouru : « Quand je suis partie de mon île à 18 ans, mon objectif était simple : obtenir mon diplôme d’ingénieure et revenir directement. Finalement, mes études et cette expérience en Malaisie ont élargi mes horizons. Mais après sept ans entre l’Hexagone et l’Asie, j’ai ressenti le besoin de rentrer. »

Un tremplin professionnel et humain 

La Malaisie, Léa Nativel la découvre en 2022, lors d’un semestre de mobilité à l’Institut national des sciences appliquées (INSA) de Rouen, où elle poursuit son diplôme d’ingénieure en mécanique. Cette première immersion va bouleverser ses plans. « Ça a été un vrai déclic. J’ai découvert une culture, un rythme de vie et un environnement différent, mais qui, paradoxalement, me rappelait chez moi. Je m’y suis sentie tellement bien que j’ai voulu prolonger l’aventure. » 

Diplôme en poche en 2023, son choix est déjà fait : elle veut retourner en Malaisie. « Beaucoup disaient que le V.I.E, c’est la mission qui compte, pas le pays. Mais moi, j’étais fixée sur la Malaisie. Je me suis posée là-bas pendant un mois. J’ai passé tous mes entretiens sur place et ça m’a beaucoup aidée. C’est comme ça que j’ai eu cette opportunité. »  Elle décroche alors un contrat de Volontariat International en Entreprise (V.I.E) d’un an et demi au sein de 3C Metal, une société spécialisée dans l’ingénierie pour l’industrie pétrolière. Ingénieure projet, elle se retrouve responsable de chantiers de tuyauterie et de structures en acier destinés aux plateformes pétrolières offshore. 

« C’était mon premier emploi et j’avais déjà d’énormes responsabilités. Je devais gérer les plannings, les budgets, coordonner les différentes équipes. Le secteur pétrolier est très technique, et j’ai dû apprendre vite. » Une expérience que la Réunionnaise décrit à la fois comme une formation accélérée et une aventure humaine. « Vivre à l’étranger, loin de mes repères, m’a poussée à grandir plus vite, c’est sûr. Autant sur le plan professionnel que personnel, j’ai beaucoup appris. »

De retour sur son territoire

Après sept années passées entre l’Hexagone et l’Asie, Léa Nativel a choisi de rentrer sur son île natale. Une décision qu’elle décrit autant comme une évidence que comme un tournant. « Quand j’ai quitté La Réunion en 2018, je pensais n’avoir qu’un objectif : obtenir mon diplôme et revenir directement. Mais mon semestre d’échange en Malaisie a changé mes perspectives. J’ai eu envie de continuer à voyager, de découvrir davantage. Aujourd’hui, après toutes ces expériences, je ressens le besoin de retourner aux sources. » 

Ce retour, elle le vit comme un ancrage. « Partir était essentiel pour me construire. Revenir, c’est un choix du cœur », affirme-t-elle. « J’ai envie de participer à la construction de l’île de demain avec les compétences que j’ai acquises ailleurs. Me rapprocher de ma famille, de mes proches, mais aussi contribuer localement : c’est cette double envie qui m’anime. » Son projet est clair : intégrer le secteur des énergies renouvelables, en plein essor à La Réunion. « L’énergie fossile m’a permis d’apprendre, mais c’est le renouvelable qui me passionne », insiste la jeune ingénieure. « À La Réunion, il y a un énorme potentiel à développer : solaire, biomasse, éolien… On a déjà des acteurs industriels qui se sont engagés dans la transition, et je veux contribuer à cette dynamique. J’ai envie d’avoir un impact chez moi. » 

C’est donc avec un CV étoffé et une distinction du Grand Prix V.I.E – Bassin Océan Indien que l’ingénieure revient. « J’ai déjà passé quelques entretiens. Ce n’est pas encore bouclé, mais c’est moins flou qu’avant. J’ai une meilleure vision de ce que je veux et de ce que je peux apporter. » Pour elle, l’enjeu dépasse son parcours individuel. « Je crois que ma génération a un rôle à jouer. Nous devons être capables d’allier ouverture internationale et ancrage local. C’est cette double dimension qui, je pense, peut faire avancer La Réunion. C’est ce que je veux incarner. »