Vingt ans après leur suspension, les collectes de sang pourraient de nouveau être autorisées en Guyane. Le 25 août 2025, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a rendu un avis favorable à une reprise progressive à l’horizon 2026, sous réserve du respect de conditions strictes de sécurité sanitaire, principalement sur le contrôle de la maladie de Chagas.
Les dons de sang en Guyane sont interrompus depuis 2005 en raison du risque de transmission de la maladie de Chagas, une infection parasitaire transmise par un insecte vecteur. Depuis, l’approvisionnement du territoire repose exclusivement sur des produits sanguins en provenance de l’Hexagone.
Selon le HCSP, les outils de dépistage disponibles aujourd’hui permettent de mieux maîtriser les risques infectieux. Des tests sérologiques et moléculaires fiables sont désormais accessibles pour détecter la présence de Trypanosoma cruzi (responsable de la maladie de Chagas), du paludisme, ainsi que d’autres agents infectieux tels que les virus HTLV. Des dépistages ciblés pourraient également être déployés en cas de circulation de dengue, Zika ou chikungunya.
Des précautions renforcées
La reprise envisagée devra s’accompagner de mesures de vigilance :dépistage systématique du paludisme et de la maladie de Chagas ; surveillance épidémiologique pour adapter les tests aux arboviroses ; mesures spécifiques en cas de foyers de fièvre Q ; réévaluation annuelle de la stratégie pour ajuster les pratiques.
Le HCSP recommande également de privilégier certains profils de donneurs, notamment issus de populations afro-descendantes ou amérindiennes, afin d’identifier des groupes sanguins « rares ». Ces phénotypes sont essentiels dans la prise en charge de maladies comme la drépanocytose, particulièrement fréquente en Guyane.
Un enjeu de mobilisation locale
Au-delà des aspects techniques, le redémarrage des collectes nécessitera un travail de sensibilisation et de mobilisation de la population. Recruter de nouveaux donneurs et recréer une dynamique de solidarité constituent un enjeu majeur pour réduire la dépendance vis-à-vis des importations depuis l'Hexagone.La décision marque une étape importante dans l’autonomie sanitaire de la Guyane, récemment dotée de son Centre hospitalier universitaire (CHU), inauguré en juin 2025.
