« Promesse d'égalité » et « politique ambitieuse » : le Premier ministre François Bayrou et le ministre des Outre-mer Manuel Valls ont présidé, ce jeudi rue Oudinot, le Comité interministériel aux Outre-mer, rassemblant une dizaine de ministres. Si ce CIOM était essentiellement tourné vers Mayotte, la vie chère et la sécurité, des « équivalents du CIOM seront organisés par territoire à partir de la rentrée de septembre ».
François Bayrou et Manuel Valls était notamment entourés par les ministres Amélie de Montchalin (Budget), Annie Genevard (Agriculture), Véronique Louwagie (Commerce et Artisanat), Nathalie Delattre (Tourisme), Sophie Primas (Porte-parole), Yannick Neuder (Santé), Philippe Baptiste (Recherche), Thani Mohamed Soilihi (Francophonie et partenariats internationaux), François-Noël Buffet (Intérieur).
Quelques heures après le vote définitif de la loi-programme, et son articulation organique, sur la refondation de Mayotte par le Parlement, le gouvernement a, cet après-midi à Paris, « entériné la stratégie pluriannuelle sur six années, visant à traiter à la racine l'ensemble de ces problèmes » et qui « s'articule très étroitement » avec le texte adopté plus tôt, a annoncé le chef du gouvernement.
Un double texte, rappelle-t-il, « qui propose des orientations et leurs déclinaisons opérationnelles, et des dispositions législatives », notamment une évolution statutaire du Département vers la Collectivité unique. « Ces deux textes agissent sur les mêmes problèmes, avec les mêmes objectifs et le même ordre de priorité dans le temps : traiter les difficultés transversales qui ont jusqu'ici ralenti le développement de Mayotte et en particulier l'immigration clandestine et le logement insalubre », a détaillé François Bayrou, mais également rattraper le développement économique et converger les droits sociaux, avec un investissement de l’État chiffré à près de 4 milliards d’euros.
« Pour donner corps à ces orientations, il faudra naturellement que le Parlement vote les crédits nécessaires dans le cadre de la loi de finances de 2026 », a prévenu le chef du gouvernement. François Bayrou annonce un « suivi rigoureux et continu » de ce plan pour le Département chaque trimestre, « parce que Mayotte a connu plusieurs plans dont les intentions n'ont pas toujours été suivies d'effet, faute de contrôles et d'évaluations ».
Trois décrets contre la vie chère
Sur la vie chère, François Bayrou et Manuel Valls ont rappelé le projet de loi qui arrivera au Parlement à la rentrée, mais avant celui-ci, trois décrets et une circulaire qui doivent être présentés et adoptés en conseil des ministres avant fin juillet. Ces trois décrets vont notamment « renforcer les observatoires des prix, des marges et des revenus » ainsi que le dispositif Bouclier Qualité Prix, a expliqué le ministre, qui ajoute que la circulaire sera elle adressée aux préfets « pour les mobiliser encore davantage sur cet objectif et renforcer leur rôle de coordination et d'impulsion stratégique en en matière de lutte contre la vie chère ».
« La lutte contre la vie chère, c'est aussi répondre aux besoins des entreprises ultramarines et leur permettre de bénéficier des conditions de stabilité, afin qu’elles puissent pratiquer le meilleur prix », a-t-il poursuivi, annonçant pour se faire « une circulaire visant à améliorer les délais de paiement publics dans les Outre-mer ». Enfin, « le CIOM a décidé d'intégrer les RUP dans l'agenda européen de simplification et d'agir pour adapter la législation européenne et les textes européens ». L’objectif : adapter les normes européennes aux Outre-mer.
Quant au projet de loi du gouvernement, « il renforcera le pouvoir d'achat, améliorera la transparence dans la formation des prix, stimulera une concurrence loyale et soutiendra les filières locales ». Il s’inspire plus précisément des propositions de lois défendues au Sénat par Victorin Lurel et à l’Assemblée nationale par Béatrice Bellay, de la proposition de loi de la sénatrice Audrey Belim, adoptée par les deux chambres, et du rapport de la délégation sénatoriale aux Outre-mer sur la lutte contre la vie chère.
Sur l’insécurité, c’est surtout la lutte contre le narcotrafic qui a été évoquée. Outre les mesures Outre-mer de la loi contre le narcotrafic, le gouvernement a « décidé d'aller plus loin en renforçant considérablement le contrôle des approches maritimes et aériennes et la coopération policière et judiciaire avec les pays voisins », a annoncé le Premier ministre. D’autres mesures pourraient être annoncées prochainement aux Antilles, où le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau est attendu en aout.
L’exécutif est par ailleurs au fait des inquiétudes liées à la circulation et la consommation de méthamphétamines en Polynésie. Manuel Valls, qui doit s’y rendre à partir de mardi prochain, a promis « d'agir avec les forces politiques, avec la justice, avec les forces de sécurité intérieures sur place, dans le cadre d'une coopération aussi avec les États-Unis et l'Amérique », principaux points d’arrivée de cette drogue de synthèse. « J'aurais l'occasion de voir avec les élus polynésiens quels sont les moyens que nous pouvons mettre en œuvre », a-t-il assuré.
Le CIOM de ce jeudi « est le coup d'envoi d'une démarche davantage déconcentrée dont les élus locaux, les parlementaires et les représentants de la société civile seront les moteurs » a conclu le ministre. Des équivalents du CIOM seront organisés par territoire à partir de la rentrée de septembre. Ils permettront de « démétropoliser », « d'adapter », et « de dégager des actions qui pourront être mises en place directement à l'échelle du territoire ».
Parmi les thèmes que souhaite évoquer le gouvernement pour ces prochains CIOM : la coopération régionale, le changement climatique, la lutte contre les violences intrafamiliales, l’autonomie alimentaire, le soutien aux entreprises et toutes les questions liées à la jeunesse, à la culture et de la mémoire. « Partant du bilan que nous avons effectué cet après-midi (...), nous allons maintenant définir pour chacun des territoires d'outre-mer une stratégie de développement », a ajouté le Premier ministre François Bayrou