Martinique : Le directeur du CHUM tente de mettre en place l'obligation vaccinale et de trouver les moyens en cas de reprise épidémique

© CHU de Martinique

Martinique : Le directeur du CHUM tente de mettre en place l'obligation vaccinale et de trouver les moyens en cas de reprise épidémique

Au Centre Hospitalier Universitaire de Martinique (CHUM), la couverture vaccinale des équipes de soignants est de seulement 25% des effectifs. Une situation qui, au regard de l'obligation vaccinale qui entre en vigueur le 24 octobre, ne permettra pas au CHUM de fonctionner. Le directeur du CHUM, Benjamin Garel, était au micro de nos confrères de Martinique la 1ère pour évoquer la situation au centre hospitalier.

 

Le directeur du CHUM, Benjamin Garel, doit faire appliquer la loi. Évoquant les risques “d'amende et d'un an de prison” qui pèse sur lui en cas de non-application de la législation, il explique avoir tenté d'obtenir une “exception martiniquaise” auprès du ministère de la Santé, sans succès : “On a fait valoir des arguments qui auraient pu justifier une exception martiniquaise, après ça, il y a déjà eu des exceptions martiniquaises par le passé qui n'ont pas donné de bons résultats donc je pense qu'ils n'étaient pas favorables à ce qu'il y ait une exception martiniquaise”.

Or, comme dans beaucoup de structures de soin, la possibilité de suspension des soignants est évoquée. Une issue que le directeur du CHUM souhaite éviter. “Nous allons tout faire pour l'éviter. On a actuellement un hôpital qui est plein et on va tout faire pour l'éviter, et montrer l'intérêt du vaccin. On est face à un virus qui tue, qui vient de faire 500 morts, le vaccin qui vient de sauver des vies en métropole, et les gens ont plus peur du vaccin que du virus...”.

L'obligation vaccinale qui entrera en vigueur le 24 octobre prochain, ne laisse que peu de temps aux équipes pour répondre aux exigences de l'exécutif. Une situation qui met en péril le fonctionnement de l'établissement : "On a jusqu'au 24 octobre pour expliquer, après cela ce qu'on a dit, c'est qu'on ferait une mise en place progressive, on va voir comment faire en sorte de laisser le temps. La loi va s'appliquer, on va prendre le temps de l'appliquer, de manière à ne pas empiéter sur la vitalité de l'hôpital qui est absolument nécessaire en ce moment”.

En guise de compromis, la direction de l'hôpital propose la mise à disposition de tests tous les deux jours afin de garantir le niveau de sécurité sanitaire nécessaire. Une option refusée par les soignants.
“Nous allons tout faire pour accompagner les soignants. Les syndicats qui sont autour de la table exigeaient qu'on ait des tests. Aujourd'hui, on a des tests, ils refusent qu'on mette les tests en place. Je ne comprends pas”.

Devant des débats infructueux, Benjamin Garel se questionne sur les possibilités de sortie de crise :
“En juin et juillet, il y avait des gens qui disaient qu'il ne se passait rien à l'hôpital. Aujourd'hui, ces mêmes gens disent qu'on a mal pris en charge la population, alors que quand on s'est battu pour qu'il y ait un confinement le plus vite possible, ces gens-là se sont battus contre le confinement. Qu'est-ce qui dit que ces gens qui se battent actuellement contre l'obligation vaccinale, contre le pass sanitaire, dans deux mois, ne nous feront pas un procès parce qu'on n'a pas mis en place la loi ?”.

Une situation d'autant plus problématique selon le directeur du CHUM, qu'un léger rebond épidémique semble s'amorcer, d'après les derniers chiffres de l'Agence Régionale de Santé (ARS) :
“Nous allons tout faire pour que les soignants soient bien informés et les chiffres sont évidents. Il y a un virus qui tue et un vaccin qui sauve. Qu'est-ce qu'on va faire ? On va aller vers une cinquième vague ? (…) Depuis la fin de la semaine dernière, on assiste à un rebond et aujourd'hui on a dû rouvrir pour la première fois un service Covid. On était passé de 24 services à 5 services, et demain matin, on devra être à 6 services”.


 

Damien CHAILLOT