L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) vient de publier un rapport intitulé « Usages de substances psychoactives à 17 ans dans les Outre-mer », comparés à l’Hexagone. Les variations diffèrent selon les territoires. Les jeunes consomment moins d’alcool et de tabac dans les départements et régions d’Outre-mer (DROM). À La Réunion, les usages de cannabis, de cocaïne et d’ecstasy sont plus élevés qu’en France hexagonale. En Guyane, l’expérimentation du crack y est trois fois plus forte. Tandis qu’en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie, les consommations de substances psychoactives à 17 ans sont toutes plus importantes que dans l’Hexagone. Tour d’horizon.
L’étude de l’OFDT a été effectuée en 2023 dans le cadre du dispositif d’enquête sur la santé et les comportements lors de l’appel de préparation à la défense (ESCAPAD), avec le soutien de la Direction du service national et de la jeunesse (DSNJ) du ministère des Armées. Quelque 3000 jeunes âgés de 17 à 18 ans résidant en Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Martinique, Nouvelle-Calédonie et Polynésie ont été interrogés, et les résultats mis en perspective avec leurs homologues de France hexagonale.
Guadeloupe
Concernant l’alcool, l’expérimentation y est plus fréquente que dans l’Hexagone (87,2% contre 80,6%), et est principalement marqué chez les jeunes filles (88,9%). Toutefois l’usage régulier est moins répandu, tout comme les alcoolisations ponctuelles importantes (API). Les Guadeloupéens de la tranche d’âge concernée fument aussi beaucoup moins de tabac qu’en France hexagonale « avec 13 points d’écart pour l’expérimentation (33,9% contre 46,5%) et 10 points d’écart pour son usage quotidien (5,0% contre 15,6%) », relève l’OFDT. La consommation régulière de cannabis est par contre comparable à celle de l’Hexagone, tandis que l’usage d’autres drogues psychoactives est nettement inférieur.
Guyane
Chez les jeunes Guyanais, les consommations d’alcool et de tabac sont inférieures à celles des jeunes de la France hexagonale (48,1% contre 58,6% dans le mois et 1,4% contre 7,2% de manière régulière pour l’alcool. Les API sont quant à elles deux fois moins importantes que dans l’Hexagone). De même pour le cannabis, tant en ce qui concerne les usages mensuels ou réguliers. Cependant, souligne le rapport, « la plus grande diffusion du crack à 17 ans avec un niveau d’expérimentation de 1,3% contre 0,4% en France hexagonale constitue une spécificité guyanaise, cette différence étant portée essentiellement par les garçons (2,8% contre 0,4% parmi les filles) ».

La Réunion
Par rapport à l’Hexagone, l’usage de cannabis chez les jeunes est plus d’une fois et demie supérieure pour les consommations mensuelles ou pour l’utilisation régulière (8,3% contre 5,3%). « De même, les garçons réunionnais déclarent plus souvent avoir expérimenté la cocaïne en poudre (3,3% contre 1,5%). Le constat est identique pour la MDMA (ecstasy) dont l’expérimentation parmi les garçons est trois plus élevée qu’en France hexagonale (7,1% contre 2,1%) ». En ce qui concerne l’alcool et le tabac, les niveaux de consommation sont plus faibles, surtout en ce qui concerne l’usage régulier pour l’alcool (2,2% contre 7,2%).
Martinique
Comme en Guadeloupe, l’expérimentation de l’alcool chez les jeunes est plus fréquente que dans l’Hexagone (88,6% contre 80,6%), notamment chez les filles (90,3% contre 80,3%). Par ailleurs, les alcoolisations ponctuelles importantes (API) y sont beaucoup plus répandues. A contrario, les consommations de substances psychoactives et de tabac sont beaucoup moins élevées. « L’usage de cannabis au cours de la vie (expérimentation) présente un niveau inférieur à celui enregistré en France hexagonale (21,6% contre 29,9%), avec des usages dans le mois et réguliers similaires », précise l’OFDT.

Nouvelle-Calédonie
La situation est alarmante. « Les Néo-Calédoniens de 17 ans se caractérisent par des usages d’alcool, de tabac et de cannabis significativement plus élevés qu’en France hexagonale. Ainsi, plus de neuf jeunes Néo-Calédoniens sur dix ont consommé de l’alcool au cours de leur vie (92,3% contre 80,6% en France hexagonale), près du tiers ont connu des API répétées (30,2% contre 13,6%) », indique le rapport. Un quart d’entre eux fume quotidiennement du tabac, et plus de la moitié des jeunes de l’archipel ont expérimenté le cannabis. La consommation mensuelle de cette drogue concerne 29,2% de cette tranche d’âge contre 13,9% dans l’Hexagone. Cependant l’usage des autres substances psychoactives n’y est pas plus important.
Polynésie
Au niveau de la consommation d’alcool, si l’usage mensuel est moins élevé qu’en France hexagonale, les API y sont deux fois supérieures. Le tabagisme quotidien est également moins fréquent. Par contre, « les consommations de cannabis, quelle que soit la fréquence déclarée, sont significativement plus élevées chez les Polynésiens de 17 ans comparativement à ceux de la France hexagonale (40,7% contre 29,9% pour l’expérimentation, 20,5% contre 13,9% pour l’usage dans le mois) », signale l’OFDT. Autre problème, l’expérimentation de la cocaïne, presque deux fois supérieure à celle de l’Hexagone (2,6% contre 1,4%). Enfin, « certains usages se révèlent nettement plus répandus parmi les jeunes filles. Cette particularité concerne l’alcool, le vapotage, le cannabis, l’héroïne et le crack et elle est particulièrement notable en ce qui concerne le tabac et son expérimentation », déplore le rapport.
► À lire aussi
Manuel Valls : « La lutte contre la drogue en Polynésie doit se poursuivre »
Près de quatre tonnes de drogues saisies aux Antilles
PM