Polynésie : Moetai Brotherson vise la rentrée 2025 pour le Campus des Métiers et des Qualifications de la Mer

©Présidence de la Polynésie française

Polynésie : Moetai Brotherson vise la rentrée 2025 pour le Campus des Métiers et des Qualifications de la Mer

Le président de la Polynésie française espère ouvrir le Campus des Métiers et des Qualifications de la Mer à la rentrée 2025, a-t-il déclaré après un entretien avec le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, et la secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et du Service national Universel, Prisca Thévenot.

Les choses avancent. Annoncé en projet en août 2022, le Campus des Métiers et des Qualifications de la Mer, parmi les dossiers que Moetai Brotherson hérite de la précédente mandature, pourrait ouvrir à l’horizon 2025. « Aujourd'hui, le terrain est bien balisé pour nous » a estimé le président polynésien qui avait également évoqué ce sujet la veille, avec le secrétaire d’État chargé de la Mer, Hervé Berville. 

« Schématiquement, entre les deux ministres (Gabriel Attal et Hervé Berville, ndlr), il y a une distribution entre ce qui relève de la formation professionnelle et ce qui relève de la formation initiale » a expliqué Moetai Brotherson qui a également évoqué, avec le ministre de l’Éducation nationale « tout ce qui concerne la certification des diplômes » et « la mise en place de formations adaptées ». « Il y a une mission d'inspection qui va être enclenchée du côté de monsieur Berville. Il y a également des travaux qui ont déjà été mis sur les rails par le gouvernement précédent qu'on va poursuivre », a-t-il ajouté, faisant référence également à un lycée de la Mer. 

D’après Moetai Brotherson, le projet de CMQ de la Mer « reprend certains éléments » du projet initialement présenté par son prédécesseur. « On est d'accord sur le fait qu'il n'y a pas lieu d'avoir un site unique. Pour ce Campus des Métiers de la Mer, ça n'aurait pas de sens chez nous. La géographie de la Polynésie est tant ce qu'elle est, donc il faut envisager plusieurs sites les plus adaptés à chaque secteur des métiers de la mer », explique le président polynésien qui à titre d’exemple, évoque la création d’un Bac Pro international d’hôtellerie « qui par définition devrait se mettre en place à Bora Bora ». 

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Quant au calendrier, « ce qu'on vise, c'est la rentrée 2025. Il faut le temps que les choses se mettent en place. Sur certains sujets, on va peut-être pouvoir avancer plus vite, mais ce qui est dans le viseur, c'est cette rentrée 2025 ». Et pour « driver » ce projet de CMQ de la Mer, Moetai Brotherson évoque « le ministre des Ressources primaires, qui est chargé également des ressources maritimes ». « Mais on va en discuter en bonne intelligence avec les différents ministères » a-t-il ajouté, défendant « l'inter-ministérialité, la logique transverse ».

Pour précision, ce projet de CMQ de la Mer n’a pas vocation à faire de l’ombre au Centre des Métiers de la Mer déjà existant en Polynésie, qui est « un institut de formation professionnelle ». « Ce dont on parle avec le CMQ, c'est un partenariat public-privé entre, d'un côté, tous les instituts et les centres de formation et de l'autre, les professionnels qui nous aident à définir les filières, à mettre en place des parcours de formation et d'intégration dans les métiers », a expliqué Moetai Brotherson. 

« Décliner » le SNU « en fonction des territoires »

Le SNU « doit être porteur d'un tronc commun de valeurs universelles » a estimé le chef de l’exécutif, en évoquant son entretien avec Prisca Thévenot, durant lequel il a notamment abordé les « perspectives d'évolution » et de « généralisation » du dispositif. Ajouté à ce « tronc commun », Moetai Brotherson a appelé à « décliner » le SNU « en fonction des territoires ». « Il doit intégrer la spécificité de chacun des territoires », précise-t-il : « Quand on parle de SNU en Polynésie, on ne peut pas discuter uniquement des jeunes de Tahiti. Il faut aussi discuter des jeunes des Marquises, des Australes, des Tuamotu. Ça pose des questions pragmatiques et logistiques qui sont un peu particulières ». Un appel entendu par la secrétaire d’État (voir interview ci-dessous). 

Un intérêt pour le « Service de Remplacement »

Arrivé jeudi dernier dans la Capitale, le président de la Polynésie en a également profité pour s’entretenir avec des distributeurs tels que Lidl et Système U, pour parler du coût de la vie et du « nécessaire lien entre la distribution et le monde agricole ». En ce sens, Moetai Brotherson s’est dit intéressé par le « Service de Remplacement », « une initiative qui est soutenue par Lidl depuis des années ». Il s’agit plus précisément de structures locales employant des agents qualifiés, majoritairement en CDI, capables d’assurer des missions de remplacement sur des exploitations agricoles. Les services de remplacement sont des associations dirigées par des agriculteurs. 

À Washington en fin septembre

Outre ses rendez-vous ministériels et avec les acteurs de la grande distribution, Moetai Brotherson a aussi, plus discrètement, eu une réunion de travail avec l’Élysée « qui voulait qu'on puisse travailler sur certains dossiers sur lesquels il y a des blocages ». Des dossiers « spécifiques, mais qui sont importants aux yeux du président de la République ». « On a eu l'occasion de discuter de certaines politiques sectorielles qu'on met en œuvre et sur lesquelles on sait pouvoir compter sur le soutien de l'État », a-t-il ajouté, sans en dire davantage.

Pour la suite, le président polynésien reprendra l’avion jeudi matin pour la Polynésie et est attendu fin septembre à Washington, pour un second sommet entre le président Joe Biden et les États et territoires insulaires du Pacifique sud. « C'est la même invitation qui avait été étendue à l'ensemble des leaders du Pacifique l'an dernier, qui est réitérée cette année ».

Dans la foulée, le président polynésien sera à l’ONU pour la Commission spéciale chargée de la décolonisation, et pour rappeler cette volonté de « dialogue » avec l’État sur la réinscription de la Polynésie sur la liste des territoires à décoloniser : « On n'est pas à l'ONU pour demander l'indépendance, on est à l'ONU pour demander la mise en place d'un processus équilibré d'autodétermination. Là-dessus, on a un partenaire incontournable, c'est l'État, qui est aujourd'hui notre puissance administrante, avec qui on veut pouvoir dialoguer ».

Prisca Thévenot : Sur le SNU, « nous avons un enjeu territorial, géographique en Polynésie »

En quelques chiffres, le SNU en Polynésie a concerné combien de jeunes depuis sa mise en place ?

On a 46 jeunes Polynésiens qui ont déjà fait le SNU en 2022 et en 2023, on a 55 jeunes Polynésiens qui l'ont fait. En Polynésie, le SNU se pérennisent, il monte en puissance bien évidemment. C'est exactement ce que j'ai rappelé au président : oui, le Service national Universel, pour être universel, doit pouvoir embarquer tous les jeunes et doit devenir un passage républicain pour chaque jeune de notre pays.

Justement, pour pouvoir embarquer tous les jeunes du pays, Moetai Brotherson évoquait pour la Polynésie le cas des jeunes qui sont dans les archipels. Est-ce que c'est quelque chose qui vous a interpellé ? Comment est-ce que le SNU pourrait à l'avenir embarquer aussi des jeunes des archipels ?

Tout à fait. On en a parlé très concrètement ensemble, que ce soit avec le président, mais également avec la députée Mereana Reid-Arbelot. Il faut que le SNU puisse embarquer tout le monde. Donc oui, nous avons un enjeu territorial, géographique en Polynésie : c’est un territoire étendu sur l'équivalent presque du continent européen. Donc, nous avons un enjeu de mobilité extrêmement fort et cet enjeu, nous devons pouvoir le regarder ensemble, l'appréhender. C'est pour ça que sur l'année 2024, les séjours SNU vont se faire surtout à l'intérieur d'un même territoire, d'une même région, afin déjà de sécuriser ces premiers instants de mobilité qui sont quand même des mobilités importantes, et oui, n'oublier personne. 

Comment est-ce que logistiquement ça se traduit ?

Déjà, merci de me poser la question parce que c'est vrai qu'on parle souvent des jeunes volontaires qui ont fait le SNU et on oublie très souvent que derrière ces 90 000 jeunes volontaires, il y a des hommes et des femmes aussi bien en administration, mais également et surtout des animateurs, des représentants d'associations, qui assurent ces séjours- là. Et donc là, j'en profite aussi à travers votre question pour les remercier et saluer leur engagement qui permet à ces jeunes de vivre des expériences mémorables, qui leur permettent de faire corps.

(crédits : Présidence de la Polynésie française)

Mais nous devons sécuriser cette montée en compétences en termes de modalité d'exécution sur l'ensemble des territoires, et je cite le président de la Polynésie, en ayant effectivement un tronc commun sur l'organisation, donc des modules qui seront communs à tous les séjours de cohésion SNU, mais également une agilité d'organisation au local. Par exemple, en Polynésie française, on aura beaucoup d'enjeux sur la biodiversité et l'organisation d'ateliers autour du réchauffement climatique, mais également autour des dépendances et indépendances que l'archipel vit au quotidien : alimentaires, énergétiques.

J’ai tenu aussi pendant cet entretien à remercier le président pour son engagement sur l'ensemble de ces sujets. L'exécutif polynésien a toujours été en première ligne pour ces enjeux de cohésion, pour faire nation. La jeunesse polynésienne est importante comme toutes les jeunesses d’ailleurs, mais on rappelle aussi que l'archipel est très jeune et que cette jeunesse dégage une énergie extrêmement importante. C'est ce que je lui ai rappelé. On a souvent tendance à penser que l'Hexagone est terre d'apprentissage à destination des Outre-mer. Je pense que les Outre-mer ont aussi énormément à apprendre à l'Hexagone.