Après sept mois d’arrêt de l’activité l’an passé, 2025 marque le retour de la productivité pour Prony Resources qui a frôlé des chiffres records en septembre. Dans ce contexte, et alors que le processus de rachat par le consortium NBM "suit son cours" avec l’État, la direction affiche son optimisme, estimant l’équilibre budgétaire "proche" et annonçant des recrutements à venir, notamment en vue de la mise en service du projet Lucy, attendu en janvier 2026. Explications avec notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
Une production qui "tutoie" les records
Frappée de plein fouet par la crise insurrectionnelle, synonyme d’arrêt de l’activité pendant près de sept mois, l’usine du Sud renoue avec la productivité cette année, et plus particulièrement au début du second semestre. À l’image du mois de septembre, où 3 652 tonnes ont été générées, un chiffre qui "tutoie" les recors mensuels de production (qui avoisinent les 3 700 tonnes). Alors que le mois d’août a également été "relativement bon", ces données sont des signaux positifs qui prouvent que les équipes sont "dans la bonne direction" selon la direction.
"Notre mission est d’assurer la pérennité de la société et il faut être rentable le plus vite possible, quelles que soient les négociations en cours (autour d’un éventuel rachat, N.D.L.R), martèle son président Thibaut Marcelin, persuadé que l’équilibre financier est "proche", en dépit des difficultés financières que traverse l’industriel (liée à la crise calédonienne mais aussi aux tensions dues à la concurrence mondiale, notamment indonésienne). "On a demandé énormément d’efforts à l’ensemble du personnel et des sous-traitants. On est en recherche constante d’amélioration et de productivité et on commence à récolter les fruits de tous ces efforts. On atteint aujourd’hui une production qui est assez proche des capacités nominales de l’usine."
Selon les prévisions, Prony Ressources devrait produire "entre 35 000 et 40 000" tonnes en 2025, rapprochant le site industriel de son objectif, "au moins" 45 000 tonnes par an. Chiffre qui devrait être atteint "d’ici 2 à 3 ans". Et pour se donner les moyens de ses ambitions, y compris celui de la rentabilité, l’industriel annonce élaborer un vaste plan d’économies "faisable" pour, à terme, diminuer les coûts et dépenses d’environ 80 millions de dollars par an, sans pour autant réduire la voilure en sabrant dans les effectifs, assure la direction.
Qu’en est-il du projet de rachat ?
Pas d’annonce du côté du projet de rachat de Prony Resources, dont 74 % des parts* au capital sont à vendre, si ce n’est que "le processus suit son cours" entre l’État et le consortium NBM (New Battery Metals). À ce titre, la période d’exclusivité, censée prendre fin le 30 juin, a été reconduite jusqu’au 31 décembre. Seules informations "à la connaissance" de la direction, l’industriel chypriote, un temps évoqué, ne ferait pas ou plus partie de l’équation. Le consortium serait ainsi principalement centré autour de "financiers" du Qatar et des Émirats arabes unis. "Les repreneurs ont renouvelé leur fort intérêt pour rentrer au capital de PRNC et nous sommes très confiants quant à l’aboutissement de cette négociation, assure Thibaut Marcelin. Une mission technique a été diligentée par NBM il y a 15 jours pour affiner le projet d’investissement et l’offre de reprise."
Pour autant, l’instabilité politique au niveau national, avec les changements successifs de gouvernement, dont celui du Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu, ne fait pas les affaires de Prony Resources. "La récente actualité en Métropole ne va pas nous aider à faire en sorte que le process s’accélère. La transaction est aux mains de l’État, donc il faudrait qu’il y ait des interlocuteurs qui aient mandat pour pouvoir la signer le plus vite possible."
Grâce aux trois prêts accordés par l’État (dont le dernier versement date de juillet), et au retour d’une productivité satisfaisante, Prony Resources assure disposer de "suffisamment de réserves" pour tenir "au moins" jusqu’à la fin de l’année. Mais la prudence reste de mise. "Ce qui pourrait nous arriver de mieux est de n’avoir besoin de personne pour être rentable, et je reste persuadé que nous en sommes capables. Sauf qu’on est bien plus forts avec une surface financière derrière qui nous permette d’avoir les investissements à la hauteur de nos ambitions, insiste le président de PRNC. Au niveau de la trésorerie, c’est toujours extrêmement tendu, car c’est une usine qui consomme énormément d’argent en investissement pour le maintien de l’outil productif. Notre situation reste très fragile."
Lucy devrait être opérationnelle au 1er janvier 2026
Lancé en 2021, le chantier de Lucy touche bientôt à sa fin. Ce projet de stockage à sec des résidus implique un profond changement dans le fonctionnement de l’usine du Sud. Jusqu’à présent, l’industriel optait pour une méthode qui consiste à déposer des boues (et donc les résidus) sous forme liquide, créant un vaste réservoir souvent contenu par le barrage KO2, dont la stabilité, à terme, inquiète certains. Lucy impulsera une nouvelle technique qui permettra donc de stocker des résidus pendant dix ans au pied du barrage qui sera alors être conforté. Cette technologie d’assèchement des boues réduit par ailleurs drastiquement le volume de déchets à stocker.
Un temps annoncé pour fin 2023, Prony Resources a déclaré ce mardi que le projet Lucy doit entrer en service à compter du 1er janvier 2026. "On est bien partis pour tenir ce délai. Le chantier avance très bien. On a maintenu l’intégralité de nos investissements pour la protection de l’environnement et la sécurité de notre personnel", assure Thibaut Marcelin. Et il y a urgence. Selon le plan initial de production, ce maximum était attendu fin 2023. La direction annonce quant à elle, que la capacité du barrage KO2 atteint désormais ses limites. Avec le projet Lucy, l’horizon s’étend jusqu’en 2030. Il faudra ensuite trouver une autre zone de stockage.
Un effectif de 1 326 employés et des recrutements à venir Les émeutes ont mis un coup d’arrêt à l’activité et donc gelé tout recrutement en 2024, engendrant aussi une "perte de ressources essentielles", avec le départ de certains salariés à des postes stratégiques. Dans ce contexte, en décembre 2024, les effectifs de Prony Resources étaient tombés à près de 1 200 collaborateurs. Mais le retour de la production est synonyme de recrutements et de mobilité interne pour permettre à certains salariés de monter en compétences, notamment sur des postes d’ingénieurs et de techniciens. Ce mardi 7 octobre, l’usine du Sud compte 1 326 salariés. Un chiffre amené à gonfler ces prochains mois. "Nous avons encore des ambitions de recrutement, notamment sur des postes d’opérateurs d’engins miniers et de techniciens de maintenance", lance Guillaume Bernard, le directeur des ressources humaines, qui compte bien féminiser davantage les équipes, affichant un objectif : atteindre plus de 30 % de femmes parmi les embauches à venir. Les employées représentent actuellement 21,5 % de la masse salariale. Par ailleurs, près de 900 sous-traitants travaillent avec l’industriel. Prony Resources assure à ce sujet, que le plan d’économies qu’il a mis sur pied impliquera des aménagements (internalisation et externalisation de certains postes ou tâches) mais pas de suppression notable d’emplois. "Au contraire, nous allons plutôt créer encore des emplois", prévient Thibaut Marcelin, jugeant bon de préciser que l’entrée en service de Lucy fera également travailler près de 80 personnes. |
Par Les Nouvelles Calédoniennes