Le président du gouvernement a convié la presse, ce mercredi, pour expliquer son « choix drastique » de fermer la Maison de la Nouvelle-Calédonie à Paris, dès janvier 2026. Objectif : économiser près de 250 millions de Fcfp par an, alors que l’exécutif, désormais seul à financer cette structure, envisage de la remplacer par un « service annexe » du gouvernement nettement moins coûteux dans de 7e arrondissement de la Capitale. Explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
C’est une décision « qui n’est pas populaire », mais que le président du gouvernement assume et a pris « en responsabilité » : comme annoncé par les Nouvelles calédoniennes en septembre, la Maison de la Nouvelle-Calédonie (MNC), située dans le prestigieux quartier de l’Opéra à Paris, fermera bel et bien ses portes en 2026. Le rideau devrait officiellement être baissé le 9 janvier et l’entité être dissoute d’ici le mois de juin, voire juillet, après 36 ans de service.
Alors que les provinces Nord et Sud se sont retirées de son fonctionnement et que celle des îles Loyauté est déjà endettée « à hauteur de 70 millions de francs » auprès du gouvernement, la Nouvelle-Calédonie se retrouvait désormais seule à financer cette structure qu’elle n’a clairement plus les moyens de payer. Rien qu’en 2025, le budget « réduit au minimum » qui lui est alloué avoisine encore les 300 millions, alors que dans « les années fastes », cette enveloppe a pu dépasser les 450 millions de francs.
Un loyer de 6 millions de francs par mois
Le chef de l’exécutif a donc fait « le choix drastique » d’arrêter les frais en se séparant des locaux de la rue Ventadour (1er arrondissement), dont le loyer mensuel était d’environ 6 millions de francs (soit 50 000 euros) d’ici avril, pour ensuite acter la dissolution de cet établissement. La liquidation de l’association scellera donc la perte de leur emploi pour les douze salariés que le gouvernement entend « suivre et traiter correctement ». L’objectif affiché est de mener d’importantes économies, de l’ordre de 250 millions de francs chaque année.
« Cela ne pouvait plus continuer comme ça. Cette décision est bien sûr liée à l’aspect financier, mais elle a aussi été prise pour des raisons juridiques », explique Alcide Ponga, évoquant un rapport de 2021 de la CTC (Chambre territoriale des comptes) qui avait notamment épinglé le fonctionnement de la Maison de la Nouvelle-Calédonie. « Ses préconisations disaient déjà que les collectivités de la Nouvelle-Calédonie n’avaient plus le droit de donner autant de subventions à une seule association, puisque c’est le statut de la MNC, sans mener d’appel d’offres, etc. »
Vers une « nouvelle Maison de la Nouvelle-Calédonie »
Pour autant, cela ne signifie pas la mort totale de la Maison de la Nouvelle-Calédonie, mais plutôt sa mutation, puisque l’exécutif planche actuellement sur un plan de restructuration. En clair, le gouvernement, propriétaire de locaux jusque-là inoccupés dans le 7e arrondissement de la Capitale, entend réhabiliter et aménager ce site pour y créer une « annexe de la Nouvelle-Calédonie à Paris », qui dépendrait du service de la coopération et des relations extérieures, pour continuer de gérer, depuis l’Hexagone, la représentation du Caillou en Europe.
« Il s’agira d’une nouvelle Maison de la Nouvelle-Calédonie, une MNC 2.0 en quelque sorte, qui pourra continuer d’accueillir les Calédoniens », annonce Alcide Ponga, qui espère pouvoir l’ouvrir d’ici fin 2026.
Que deviendront les missions actuelles de la Maison de la Nouvelle-Calédonie ?
La Maison de la Nouvelle-Calédonie de Paris assure notamment le suivi des étudiants. Une mission qui reviendra entièrement l’an prochain aux trois provinces, notamment en ce qui concerne les bourses. Près de 3 000 étudiants étaient accueillis dans cette structure chaque année. En ce qui concerne les malades calédoniens évasanés à Paris, leur suivi sera assuré par la Cafat, qui a signé une convention avec Casodom, structure habituée à gérer l’accueil des malades ultramarins. L’an passé, parmi les 271 évasans vers la France, 187 avaient été accompagnées par la MNC.
Anthony Tejero pour Les Nouvelles Calédoniennes























