Les exportations sont à la peine, que ce soit le nickel, les crevettes ou le thon, relève l’Isee dans sa note de conjoncture sur le commerce extérieur au premier trimestre 2025 publiée jeudi 24 juillet. Et les importations « continuent de se contracter ». Les baisses d’achats de véhicules neufs, de machines et de ciment en témoignent, marquant « le ralentissement de l’investissement des entreprises en manque de perspectives ». Explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
Dans une publication du 24 juillet, l’Isee, Institut de la statistique et des études économiques, constate qu’après une année 2024 profondément marquée par la crise du secteur nickel et les émeutes, au 1ertrimestre, si les exportations « repartent légèrement », les importations poursuivent leur fléchissement.
Le montant des échanges s’élève, pour les trois premiers mois de l’année, à 51,4 milliards de francs en importation et 27,7 milliards francs en exportation, ce qui est « historiquement bas », précise l’Isee. En effet, pour trouver des valeurs proches, il faut remonter à avant 2010. La balance commerciale, elle, s’améliore, mais reste « largement déficitaire de 23,7 milliards francs ». En revanche, le taux de couverture diminue, c’est-à-dire que les recettes issues des exportations ne couvrent plus que 54 % de ce que coûtent les importations.

Les ventes de ferronickel et de minerai en recul
Les mauvais chiffres d’export de ferronickel et de minerai ne sont pas surprenants vu la situation des différents opérateurs sur le territoire. L’usine du Nord, à l’arrêt depuis le 3e trimestre 2024, n’a pas encore de repreneur, rappellent les analystes de l’Isee. À cela s’ajoute « la réduction des activités de la SLN, due à la fermeture des sites d’approvisionnement de la côte Est et de Poum ».
Ainsi, en glissement annuel, les exportations de ferronickel reculent de 43 % en volume et de 58 % en valeur. Dans le Sud, si Prony Resources a repris son activité en décembre, les volumes de NHC (nickel hydroxyde cake) exportés sont en diminution de 28 % et leur valeur de 42 % par rapport au 1er trimestre 2024. Par ailleurs, les exportations de minerai se portent mal également, avec une baisse de 38 % en volume et de 25 % en valeur.

La crevette et le thon ne font pas recette
Certes, note l’Isee, les ventes de crevettes sont « sujettes à une forte volatilité », mais les exportations de ce produit phare de la mer ont particulièrement chuté par rapport à l’année dernière, avec -42 % (et même -47 % sur un an). Le commerce de thons baisse d’un tiers « en raison de l’arrêt des commandes à destination du Japon », conséquence de la suspension de la ligne aérienne régulière de la compagnie Aircalin en septembre 2024. Malgré tout, souligne l’institut, cette rupture soudaine est partiellement compensée, au 1er trimestre, par une augmentation des ventes d’une autre variété à destination de l’Hexagone.
Net ralentissement d’achat de véhicules
La valeur des importations a diminué de 36 % en glissement annuel. En cause, notamment, un net recul des achats de véhicules, en lien avec le niveau « historiquement bas » des immatriculations de véhicules neufs. Le ralentissement de l’activité industrielle pèse également sur les commandes de machines (-38 %). Là aussi, un lien est à faire avec la production de crédit, qui peine à se redresser, témoignant de la contraction « de l’investissement des entreprises en manque de perspectives ».
Outils de construction, chaux et ciment en berne
Parmi les produits manufacturés, les articles en métal, en fer ou en acier, tels que les structures métalliques, les tuyaux, les outils courants (vis, boulons, fil métallique…), ainsi que les approvisionnements en chaux et ciment sont particulièrement en berne. Là aussi, ces résultats traduisent la régression marquée de l’activité dans la construction.

Les commerces importent également moins d’articles de consommation courante, comme les meubles et l’habillement. À noter que les importations de boissons non alcoolisées ont triplé sur un an. Elles se sont notamment « intensifiées depuis le 2e semestre 2024 pour compenser la production locale détruite pendant les exactions », relève l’Isee.
Anne-Claire Pophillat pour Les Nouvelles Calédoniennes