Développée pour la première fois en 2018, la stratégie indopacifique de la France a été formalisée officiellement en 2021 puis révisée en 2022. Le gouvernement vient de l’actualiser en ce mois de juillet 2025, pour tenir compte des récents bouleversements géopolitiques et faire le point sur son avancement. Dans ce contexte, la place des Outre-mer s’avère de plus en plus importante.
La stratégie indopacifique actualisée de la France est basée sur quatre axes principaux, où figurent en premier lieu le renforcement de la centralité des départements et régions d’Outre-mer et des collectivités d’Outre-mer (DROM-COM) qui font partie de cette zone (La Réunion, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie, Wallis-et-Futuna, les Terres australes et antarctiques françaises et l’île de La Passion-Clipperton), dans le document publié par le gouvernement. Viennent ensuite la consolidation des partenariats de souveraineté avec les pays de l’Indopacifique, l’économie et la transition énergétique, le climat et la santé, le soutien au multilatéralisme et l’appui à la stratégie de l’Union européenne dans la région.
Dans le chapitre consacré aux territoires ultramarins de l’Indopacifique, le gouvernement rappelle qu’ils sont pleinement associés à l’élaboration et la mise en œuvre de la coopération et de l’intégration régionale à travers de nombreux organismes. En ce qui concerne la Commission de l’océan Indien (COI), dont la France est membre fondateur, l’État renouvelle son souhait « que Mayotte y soit associé pleinement en tant que territoire de l’océan Indien faisant face aux mêmes défis que la région ». Par ailleurs, le document annonce qu’une stratégie de bassin pour la coopération régionale sera adoptée lors de la prochaine Conférence de coopération régionale de l’océan Indien (CCROI), « comprenant notamment un ambassadeur chargé de la coopération régionale, les CCROI, la plateforme de coordination de la France de l’océan Indien (PCFOI), et le Fonds de coopération régionale (FCR) ».
Le détachement de représentants de Mayotte dans les ambassades françaises des pays voisins « lancé prochainement »
Toujours sur le plan diplomatique, « le détachement de représentants des collectivités dans les ambassades françaises des pays voisins, déjà effectué pour la Nouvelle-Calédonie et La Réunion, est à l’étude pour d’autres territoires et sera lancé prochainement pour Mayotte », détaille le gouvernement. La création d’un réseau de référents Outre-mer dans les collectivités de l’Indopacifique au sein des postes diplomatiques, le renforcement du réseau des conseillers auprès des préfets de région, ont permis l’amélioration d’une synergie impliquant tous les départements ministériels. « La co-construction de feuilles de route indopacifique par territoire, comme celle en voie de finalisation avec La Réunion, devra matérialiser cette ambition », souligne le texte.
L’État veut également accompagner des projets structurants dans les domaines du développement régional. Des échanges économiques, scientifiques, culturels et universitaires existent déjà. Comme initiative, « dans le Pacifique, la France, en collaboration avec les universités de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française, entend mettre en œuvre un programme de mobilité pour étudiants et chercheurs de la région au travers du Réseau de recherche des universités des îles du Pacifique (PIURN) ». Par ailleurs, le gouvernement compte concrétiser son projet de fonds de soutien à l’audiovisuel dans le Pacifique, à double vocation créative et patrimoniale, qui pourrait être développé par la Communauté du Pacifique. Et « en matière de sécurité sanitaire, des réseaux de surveillance épidémiologique seront interconnectés pour améliorer la résilience des territoires », ajoute le document.

Dans le domaine de la sécurité et de la défense, la France vise avant tout à protéger ses citoyens de l’Indopacifique, à garantir la souveraineté de ses territoires, à sécuriser l’intégrité de ses zones économiques exclusives (ZEE), à maintenir la fluidité des approvisionnements et des voies de communication, ainsi qu’à favoriser la stabilité régionale. Pour atteindre ces objectifs, elle s’appuie sur une présence militaire permanente, organisée autour de cinq commandements couvrant l’ensemble de la région indopacifique. Ce dispositif fait actuellement l’objet d’une modernisation dans le cadre de la loi de programmation militaire 2024-2030. Celle-ci prévoit un budget de 13 milliards d’euros dédié aux Outre-mer, permettant notamment la livraison progressive de six patrouilleurs Outre-mer, l’arrivée d’une première corvette, et le renouvellement de la flotte d’hélicoptères polyvalents.
Face aux menaces hybrides, renforcer les mesures de protection
Devant la multiplication des ingérences cherchant à déstabiliser les territoires ultramarins par des menaces hybrides, le gouvernement entend renforcer les mesures de protection. Cela passe notamment par le développement de l’écosystème de cybersécurité, avec la mise en œuvre de la loi Résilience et le soutien à la création de centres de réponse aux incidents (deux sont déjà opérationnels à La Réunion et en Nouvelle-Calédonie). La sécurisation des câbles sous-marins, vulnérables aux risques de sabotage, constitue également un enjeu majeur. Le renforcement des capacités de maintenance est, à ce titre, une priorité. En ce qui concerne l’anticipation des risques climatiques, « les infrastructures aéroportuaires et maritimes seront adaptées aux crises sécuritaires et naturelles », précise la stratégie indopacifique actualisée.
Enfin, l’État entend « poursuivre l’intégration économique régionale des territoires d’Outre-mer » en favorisant les échanges interrégionaux et en réduisant leur dépendance aux marchés hexagonaux. Une stratégie interministérielle est déjà déployée pour stimuler les échanges commerciaux à La Réunion et à Mayotte. Dans cette optique, le gouvernement accompagnera également la négociation d’un accord de libre-échange entre la Nouvelle-Calédonie et le Vanuatu, visant à renforcer son ancrage régional. Cette dynamique s’appuie sur plusieurs leviers : un soutien accru à l’exportation pour les entreprises ultramarines, des actions collectives de promotion, un accompagnement spécifique des primo-exportateurs et des modèles économiques adaptés aux particularités insulaires.
PM