Écosystèmes côtiers essentiels mais encore méconnus, les mangroves font l’objet d’une attention croissante en raison de leur rôle crucial dans la régulation du climat, la protection des littoraux et le maintien de la biodiversité marine.La FranceFrance dispose de près de 88 000 hectares de mangroves, répartis dans neuf territoires d’outre-mer, l’Initiative française pour les récifs coralliens (Ifrecor) intensifie ses efforts pour mieux les préserver, rappelle l’institution à l’occasion de la Journée internationale des mangroves, célébrée le 26 juillet, depuis 1998.
Les mangroves, écosystèmes situés entre terre et mer, constituent un maillon essentiel des zones côtières tropicales. Présentes dans les eaux saumâtres des estuaires, elles sont étroitement liées aux récifs coralliens et aux herbiers marins. Malgré leur discrétion, ces “forêts aquatiques” sont parmi les écosystèmes les plus productifs de la planète.
Un rôle multifonctionnel pour la planète
Les mangroves assurent plusieurs fonctions écologiques majeures : elles protègent les côtes contre l’érosion grâce à leur réseau dense de racines, servent d’abri à une faune variée – poissons, oiseaux, crabes, reptiles –, filtrent les eaux en absorbant certains polluants comme l’azote, et jouent un rôle important dans la lutte contre le changement climatique. Elles sont en effet capables de stocker d’importantes quantités de carbone, estimées à plus de 6 gigatonnes au niveau mondial. En favorisant l’équilibre des écosystèmes marins voisins, notamment les récifs coralliens et les herbiers, les mangroves participent également à la dynamique écologique des zones tropicales.
Une présence significative dans les Outre-mer
La France dispose de près de 88 000 hectares de mangroves, répartis dans neuf territoires d’outre-mer. La Guyane et la Nouvelle-Calédonie concentrent à elles seules 90% de cette surface. Cette richesse confère à la France une responsabilité particulière dans leur préservation. Le dernier bilan de l’Ifrecor (2020) sur l’état des récifs, mangroves et herbiers marins montre une situation contrastée selon les territoires, avec des zones où la dégradation est jugée préoccupante.
Des outils pour mieux connaître et protéger
Pour répondre à ces enjeux, plusieurs dispositifs ont été mis en place. Le Réseau d’observation des mangroves (ROM), animé par le Pôle-relais zones humides tropicales, met en œuvre des outils de suivi comme le protocole MANRAM, destiné à évaluer rapidement l’état écologique des mangroves.
Des études diachroniques permettent d’analyser l’évolution de la surface des mangroves depuis les années 1950. Les résultats montrent des tendances variables : recul à Saint-Martin, stabilité en Martinique, progression en Guadeloupe. Une évaluation selon les critères de la Liste rouge des écosystèmes de l’UICN est en cours dans les Antilles et le Pacifique, avec des résultats attendus fin 2025.
Des mesures foncières et réglementaires sont également déployées. En 2020, le Conservatoire du littoral protégeait environ 25 000 ha de mangroves, soit une large part des surfaces de Martinique, Guadeloupe et Guyane. L’objectif national est de porter à 65 % la surface de mangroves bénéficiant de mesures de conservation d’ici 2030.
Un label bas-carbone, développé avec le soutien du ministère de la Transition écologique, vise à certifier des projets de préservation des mangroves afin de financer leur restauration en valorisant leur capacité de stockage du carbone. La plateforme participative SOS Corail, lancée en 2021 par la Fondation de la Mer avec l’Ifrecor, permet au public de contribuer financièrement à des actions de protection ciblées dans les outre-mer.
Damien Chaillot