Avec l’application Papaye, la voiture électrique en libre-service arrive en Nouvelle-Calédonie

©Baptiste Gouret / LNC

Avec l’application Papaye, la voiture électrique en libre-service arrive en Nouvelle-Calédonie

Le groupe SLK Mobility a développé l’application Papaye, lancée en mai, qui propose une flotte de véhicules électriques à la location et disponibles en libre-service à Nouméa. Une solution de « mobilité durable », en réponse à une offre de transports en commun devenue dérisoire dans l’agglomération depuis les émeutes. Comment ce système fonctionne ? Combien ça coûte et jusqu’où peut-on aller avec ces voitures ? Réponses avec nos partenaires des Nouvelles Calédoniennes.

Papaye, qu’est-ce que c’est ?

Lancée en mai, l’application Papaye, à télécharger sur le Play Store ou l’Apple Store, propose un service de location de voitures. La particularité : la flotte est composée d’une vingtaine de véhicules 100 % électrique, allant de la petite citadine jusqu’au SUV, à récupérer de façon autonome. Largement répandu dans l’Hexagone, ce service est inédit sur le Caillou. À l’exception d’une zone créée spécialement à l’aéroport de Tontouta, les voitures ne sont toutefois disponibles qu’à Nouméa, où elles doivent en conséquence également être déposées à la fin du contrat de location.

Qui porte ce projet ?

Cette nouvelle application a été développée par SLK Mobility. Géré par l’entrepreneur Pierre Kraft, ce groupe calédonien, expert de l’automobile, comprend notamment les marques Point Rouge, Autovolt, Hertz ou encore Leasecar, et se veut un pionnier de « la mobilité innovante et écoresponsable ». « Nous avons lancé le projet en fin d’année dernière, en lien avec ce qui s’était passé quelques mois plus tôt, afin d’assurer la continuité de la mobilité dans l’agglomération », présente Julien Alphonsine, manager mobilité chez SLK Mobility.

Depuis les émeutes de mai 2024, le service de transports en commun du Grand Nouméa s’est en effet largement effrité, en plus de devenir particulièrement onéreux. « C’est devenu de plus en plus compliqué de se déplacer, donc notre ambition est d’innover et de rendre ça accessible au plus grand nombre en apportant une mobilité nouvelle avec zéro émission de CO2 ». Papaye se veut aussi une alternative à l’achat d’un véhicule, dont les prix ont considérablement augmenté ces dernières années, sous l’effet des crises mondiales successives.

Comment ça marche ?

Ni coup de téléphone, ni passage par un guichet. La location des voitures Papaye s’effectue exclusivement à travers l’application, sept jours sur sept et 24 heures sur 24. Première étape : créer son compte, en enregistrant la photo de son permis de conduire et une photo de profil, ainsi que ses coordonnées de carte bancaire. Seuls les conducteurs âgés de plus de 23 ans et détenteurs d’un permis B délivré il y a plus de deux ans sont autorisés à louer une voiture.

L’utilisateur peut ensuite prendre connaissance d’une carte interactive du sud de Nouméa, où sont indiqués les véhicules disponibles. « L’utilisateur choisi la voiture et peut aller la récupérer à l’endroit indiqué », expose Julien Alphonsine. À noter qu’il est également possible de réserver un véhicule et de le récupérer au moment voulu. Une fois devant la voiture, pas besoin de clé : elle s’ouvre et démarre lorsque le téléphone avec lequel elle a été louée s’approche. « Le contact se fait par Bluetooth, le téléphone devient la clé ».

Le conducteur peut ensuite réaliser son trajet sans limite de temps. « Ça peut être un trajet de dix minutes comme une location de cinq jours », explique le manager mobilité. La facturation se fait en effet lorsque l’utilisateur de l’application Papaye notifie la fin du contrat. Ce dernier peut stationner le véhicule dans n’importe quelle rue ou parking du sud de Nouméa (ainsi que sur le parking de l’aéroport de La Tontouta), en respectant la zone indiquée sur la carte interactive de l’application. Elle servira à un prochain utilisateur, qui viendra la récupérer à cet endroit.

Attention toutefois : si vous la garez dans une zone payante, un surcoût vous sera facturé. Un état des lieux du véhicule doit être effectué en début de location. À la fin, quatre photos de l’extérieur de la voiture doivent être téléchargées dans l’application.

Combien ça coûte ?

Les tarifs varient en fonction du véhicule loué : 1 690 francs l’heure pour une petite citadine et jusqu’à 3 490 francs pour le SUV. Des prix à la minute ont également été fixés, pour les trajets les plus courts, compris entre 29 et 59 francs. Lorsqu’il n’est pas conduit, mais toujours loué, un tarif "en pause" s’applique. On passe alors à 14 francs la minute (790 francs l’heure) pour la petite citadine et 29 francs (1 690 francs l’heure) pour le SUV. « Là où c’est intéressant, selon nous, c’est pour ceux qui veulent faire un trajet régulier en ville », vante Julien Alphonsine. « Par exemple, un trajet quotidien entre la Vallée-des-Colons et l’Anse-Vata revient à 700 francs par jour. »

Jusqu’où peut-on aller avec les voitures Papaye ?

Dans les faits, les conducteurs ne sont pas limités dans leur déplacement. Mais ceux qui seraient tentés par un tour sur la côte Est vont être rapidement confrontés à un problème majeur : l’absence de borne de recharge pour véhicule électrique. L’autonomie des voitures proposées par l’application Papaye oscille entre 140 km et 400 km selon le modèle, pas suffisant pour un aller-retour Hienghène-Nouméa.

Dans l’agglomération en revanche, « on dispose d’une quarantaine de bornes de recharge », indique Julien Alphonsine. Le service proposé par Papaye reste donc consacré à un public « urbain », admet ce dernier. Deux mois après son lancement, une centaine d’utilisateurs s’y sont déjà essayés.

Baptiste Gouret pour Les Nouvelles Calédoniennes