Santé : L’ARS de Mayotte face au défi du retour des jeunes médecins mahorais

©France Mayotte Matin

Santé : L’ARS de Mayotte face au défi du retour des jeunes médecins mahorais

Lors d’un forum régional dédié aux jeunes médecins de l’océan Indien, l’ARS Mayotte a exposé les dynamiques en cours en matière d’offre de soins sur l’île. Mais au-delà des projets portés par l’agence, la question cruciale demeure : comment attirer les jeunes médecins mahorais à exercer sur le territoire. Un sujet de notre partenaire France Mayotte Matin.

Récemment, le Forum des jeunes médecins de l’océan Indien, organisé à La Réunion, a réuni de nombreux professionnels en formation ou en début d’exercice, venus de toute la région. L’ARS Mayotte y a pris la parole pour partager sa vision du développement du système de soins sur l’île. Une intervention marquée par la présence du directeur général de l’agence, le Dr Sergio Albarello, accompagné du Dr Maxime Ransay-Colle, conseiller médical, et de Patrick Boutie, directeur de l’offre de soins et de l’autonomie.

Dans un territoire où l’hôpital reste le cœur du système de santé, l’agence affirme vouloir rééquilibrer l’offre en misant sur la médecine de ville. Plusieurs dynamiques sont déjà à l’œuvre : ouverture d’une maison de santé pluri-professionnelle (MSP) à Ouangani, projet similaire à Kaweni, structuration d’équipes de soins primaires comme à Passamainty, déploiement de communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), essor de la télémédecine, et création d’une cellule d’appui pluri-professionnelle portée par l’association de promotion des parcours de soins. L’ensemble vise à renforcer la coordination et l’attractivité des soins de proximité.

Mais dans un contexte de pénurie médicale persistante, la principale difficulté reste l’attractivité du territoire. Les professionnels manquent, en ville comme à l’hôpital. Et une question centrale émerge : où sont les jeunes médecins mahorais formés à l’extérieur ? Certains étudient dans l’Hexagone, d’autres en Roumanie ou ailleurs en Europe. Leurs parcours sont longs et exigeants. Pour autant, peu reviennent exercer sur leur île d’origine.

Des dispositifs d’accompagnement existent, mais comment susciter chez ces futurs praticiens le désir, et les conditions concrètes, de revenir à Mayotte ? La réponse reste incertaine. Cette année, combien de bacheliers mahorais s’engageront dans des études de médecine ? Et combien réussiront la première année, dans un contexte scolaire fortement perturbé par le cyclone Chido ?

Ces interrogations montrent que la stratégie ne peut pas reposer uniquement sur la structuration de l’offre. Elle doit aussi s’ancrer dans un projet de long terme, visant à faire émerger une génération de médecins mahorais formés, soutenus et intégrés à la transformation du système de soins. C’est à cette condition que les ambitions de l’ARS pourront réellement porter leurs fruits.

Anthony Maltret pour France Mayotte Matin