Quel enfant n’a pas rêvé de voler en voyant les avions décoller ? Baptiste Jobert faisait partie de ceux-là. Après l’école, le jeune garçon qu’il était alors n’avait que l’embarras du choix pour admirer les appareils s’élancer dans le ciel : depuis l’aéroport Gillot (aujourd’hui Roland-Garros) où travaillait son père, ou depuis le port tout proche, il pouvait passer des heures à s’imaginer un jour aux commandes de l’un d’eux. Aujourd’hui commandant de bord chez Transavia, filiale du groupe Air France, il a su, à force de persévérance, transformer son rêve en réalité. Chaque vol est pour lui un émerveillement : un lever de soleil au-dessus des nuages, l’approche majestueuse sur l’île de La Réunion… Pour Outremers 360, il revient sur son parcours, ses joies, ses difficultés et ses émotions, en gardant, toujours, la tête dans les nuages.
Une passion née dès l’enfance
« Mon père était mécanicien aéronautique », raconte Baptiste Jobert. « J’étais souvent avec lui, autour des avions, dans les hangars. » De cette proximité est née une passion naturelle. « J’ai toujours eu des avions autour de moi, à la maison, dans les discussions. À cinq ans, j’étais déjà fasciné. »
Il se souvient des dimanches passés à vélo au port de Sainte-Marie, à regarder les décollages. « On allait voir les avions avec les copains, juste pour le plaisir. Et je me rappelle le jour où le Concorde est venu à La Réunion… Le voir atterrir, m’a marqué à vie. »
Mais quand vient le moment de choisir sa voie, la réalité s’impose. « Il y a deux voies pour devenir pilote de ligne : la voie publique, gratuite mais très sélective, via l’ENAC à Toulouse ou les cadets d’Air France ; et la voie privée, qui reste très coûteuse. » Pour un jeune Réunionnais, c’est un double défi : financier et géographique. « À 10 000 km de l’Hexagone, c’est difficile de se projeter. On manque d’informations, de réseau, et souvent, on ne sait pas par où commencer. »

Malgré ces obstacles, il franchit le pas. « Le principal frein pour les Réunionnais, c’est qu’il faut quitter l’île. Mais le faire, c’est s’ouvrir au monde. » Baptiste Jobert quitte donc La Réunion pour l’Hexagone, où il tisse ses premiers liens dans le milieu aéronautique. « C’est en parlant avec des pilotes, en visitant des tours de contrôle, en m’intéressant au métier que j’ai trouvé des repères. Il faut se faire guider. »
Viennent ensuite les cours théoriques, les heures de vol, puis la licence de pilote commercial. « C’est une formation exigeante, avec beaucoup d’étapes à franchir. Mais quand on y croit vraiment, ça finit toujours par payer. »
Et aujourd’hui, à près de quarante ans et fort de son expérience, il veut à son tour les encourager : « Je rencontre tous les jours des jeunes qui rêvent de devenir pilotes. Je les invite dans le cockpit. Je leur dis toujours : ce n’est pas inaccessible. Il faut se donner les moyens, travailler dur, et on peut y arriver. »

Une carrière chez Air France
La formation de pilote de ligne s’étale sur deux à trois ans. Elle comprend à la fois une solide base théorique et un apprentissage pratique, avec environ deux cents heures de vol nécessaires pour décrocher la licence de pilote professionnel. Une fois ce précieux sésame en poche, le futur pilote doit ensuite être recruté par une compagnie aérienne : c’est le plus souvent elle qui assure la suite de la formation, spécifique au type d’avion sur lequel il volera. « Chaque avion nécessite une qualification particulière, explique Baptiste Jobert. On ne peut pas piloter tous les appareils : si vous êtes recruté sur Airbus A320, vous devez suivre une formation dédiée à cet avion-là.» Cette qualification de type, d’une durée de deux à trois mois, représente un investissement conséquent que la compagnie finance pour ses pilotes.
Baptiste Jobert intègre le groupe Air France en 2008, sans expérience préalable. « C’était une vraie chance, se souvient-il. Entrer dans une grande compagnie en début de carrière, c’est rare. » Depuis, il a volé sur plusieurs appareils du groupe, d’Air France à Transavia, principalement sur Airbus A320, Boeing 777 et 737.
Avec les années, il a appris à mesurer toute la richesse humaine de ce métier : « La relation avec son équipage est primordiale. On sous-estime souvent le côté relationnel dans ce métier. Chaque vol est une aventure, chaque équipage, un petit monde à part. »
Sur la question de la représentation des ultramarins dans le secteur, Baptiste Jobert constate : « Nous ne sommes pas très nombreux. Les ultramarins restent sous-représentés dans les grandes compagnies. »
Mais le métier a aussi ses contraintes : « La gestion de la fatigue est un challenge », admet-il. « Entre les nuits blanches et les décalages horaires, il faut gérer la privation de sommeil et rester concentré. »
Malgré tout, voler le rapproche de ses racines : « En un peu plus de dix heures, on peut retrouver son île d’origine. Pour moi, ce métier est un trait d’union entre l'hexagone et l’outre-mer. J’ai trouvé le moyen de relier ces deux mondes. »

Le premier vol pour la Réunion : un moment inoubliable
Ce qui ne change pas, pour Baptiste c’est l’émerveillement à chaque voyage : « Il y a toujours un moment magique, au lever ou au coucher du soleil, au-dessus des nuages ou des océans. On ne s’en lasse pas. » Et son plus beau souvenir reste son premier vol vers son île natale : « Je me rappelle encore aujourd’hui mon premier vol vers La Réunion », confie Baptiste Jobert. « C’était à bord d’un Boeing 777 d’Air France. On arrivait d’un vol de nuit depuis Paris, et au moment de la descente, on commence à apercevoir les sommets de l’île au-dessus des nuages avec le soleil qui se lève. On devine peu à peu les contours, la route du littoral. La Réunion, c’est un paysage incroyable, qui reste dans la mémoire. » et qu’il partage avec nous à travers ses photos ci-dessous.
























