Des experts des droits de l'homme de l'ONU ont condamné mardi Washington pour l' « exécution extrajudiciaire » de 14 personnes lors de frappes militaires « illégales » contre des bateaux de narcotrafiquants présumés en provenance du Venezuela.
« Le droit international ne permet pas aux gouvernements d'assassiner purement et simplement des narcotrafiquants présumés », ont déclaré les trois experts indépendants de l'ONU dans un communiqué.
Le président Donald Trump a confirmé qu'une nouvelle frappe américaine, menée lundi contre un bateau de narcotrafiquants présumé en provenance du Venezuela, avait tué trois personnes. Cette frappe est survenue après que les forces américaines eurent détruit un bateau avec 11 personnes à bord plus tôt ce mois-ci. Washington avait affirmé que ce bateau était affrété par le gang vénézuélien Tren de Aragua.
Mardi, Donald Trump a déclaré que son pays avait « neutralisé » trois bateaux vénézuéliens au total, sans donner plus de détails sur le sort du troisième bateau ni sur d'éventuelles autres victimes. Le communiqué des experts de l'ONU indique qu'ils « condamnent l'exécution extrajudiciaire par les États-Unis » des 14 personnes dont la mort a été confirmée.
« En vertu du droit international, tous les pays doivent respecter le droit à la vie, y compris lorsqu'ils agissent en haute mer ou en territoire étranger », ont affirmé les experts, parmi lesquels les rapporteurs spéciaux sur les exécutions extrajudiciaires et sur la protection des droits de l'homme dans la lutte antiterroriste. « L'usage de la force potentiellement mortelle n'est autorisé qu'en cas de légitime défense personnelle ou pour défendre autrui contre une menace de mort imminente », ont-ils ajouté.
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Le gouvernement américain a diffusé des vidéos des deux frappes précédemment connues. Il affirme détenir des preuves irréfutables que les personnes tuées étaient des trafiquants cherchant à expédier des drogues mortelles aux États-Unis, sans fournir de détails pour étayer ces affirmations. De plus, le trafic de drogue n'est pas un crime passible de la peine de mort en vertu de la loi américaine.
Les experts indépendants, qui sont mandatés par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU mais ne parlent pas au nom des Nations unies, ont rejeté les allégations américaines. « Il n'y a aucune preuve que ce groupe mène une attaque armée contre les États-Unis qui autoriserait les États-Unis à utiliser la force militaire contre lui au titre de la légitime défense nationale », ont-ils déclaré.
Ces attaques américaines surviennent dans un contexte de tensions croissantes dans les Caraïbes alors qu'un important déploiement naval américain alimente les spéculations selon lesquelles Washington pourrait chercher à provoquer un changement de régime à Caracas.
« Le droit international ne permet pas l'usage unilatéral de la force à l'étranger pour lutter contre le terrorisme ou le trafic de drogue », ont souligné les experts. Et d'ajouter : « Nous exhortons les États-Unis à renoncer à leur « guerre contre le narco-terrorisme » qui est contraire au droit ». Les experts ont demandé à Washington « d'enquêter de manière indépendante sur ceux qui ont ordonné et exécuté ces meurtres ».
Ils ont également souligné que le pays était tenu par le droit international de « poursuivre les auteurs, quel que soit leur rang au sein du gouvernement, d'offrir des réparations aux familles des victimes et de garantir que de tels actes ne se reproduiront jamais ».
Avec AFP