La désignation de Sébastien Lecornu à la tête du gouvernement ce mardi 9 septembre fédère des réactions très contrastées à travers les territoires ultramarins. Evocation de rupture démocratique, provocation assumée ou, au contraire, espoir de dialogue renouvelé, le choix du chef de l’État fait réagir la classe politique ultramarine.
Sébastien Lecornu, 39 ans, dispose d’un parcours politique riche : maire de Vernon, président du Conseil départemental de l’Eure, sénateur, secrétaire d’État, ministre des Outre-mer (2020-2022), puis ministre des Armées (2022-2025), avant d’accéder à Matignon le 9 septembre. Cependant, sa désignation comme Premier ministre ravive également les critiques auprès des élus ultramarins.
Nouvelle-Calédonie : entre enthousiasme loyaliste et méfiance indépendantiste
En Nouvelle-Calédonie, les premières réactions à la nomination de Sébastien Lecornu montrent un clivage très marqué. Du côté des non-indépendantistes, c’est l’optimisme. Le député de la Nouvelle-Calédonie Nicolas Metzdorf la qualifie d'« excellent choix pour toute la France », assurant que le territoire « sera placé en haut de la pile de dossiers ».
La Présidente de la Province Sud Sonia Backès- qui a côtoyé le nouveau Premier ministre lors de son passage au gouvernement comme secrétaire d'Etat en charge de la citoyenneté - y voit « une chance pour la Nouvelle-Calédonie », insistant sur son expérience du dossier. Philippe Blaise, premier vice-président de la province Sud, loue son autorité en estimant qu’il « n’est pas de ceux qui sont faibles face aux ennemis de la démocratie et face aux influences étrangères ».
En face, pour le FLNKS, la nomination de Sébastien Lecornu « n’augure rien de positif pour l’avenir du pays». Le parti indépendantiste reproche au nouveau locataire de Matignon « son accointance avec les radicaux loyalistes (qui) n’est plus à démontrer » mais également le maintien du 3eme référendum en pleine crise Covid. Toutefois, le FLNKS se dit « ouvert au dialogue ».
De son côté, le Mouvement nationaliste, indépendantiste et souverainiste (MNIS) a évoqué cette nomination comme étant « de la confrontation avec le Parlement », et craint « un enterrement encore plus profond de l’accord de Bougival».
La Réunion : colère et rejet unanime à gauche
À La Réunion, la réaction est frontale auprès de la gauche réunionnaise? Le mouvement Pour La Réunion (PLR) a dénoncé un « véritable affront » et « un nouveau déni démocratique », estimant que cette nomination « ne fait qu’aggraver la fracture entre le pouvoir et la population ».

La sénatrice Audrey Bélim (PS, La Réunion) va plus loin et parle d’une décision « irresponsable ». Citant Sénèque « l’erreur est humaine, persévérer est diabolique », elle déplore un choix qui risque d’« accroître les extrêmes, le désespoir et la théorie du chaos ».
À l'inverse, certains élus de la droite saluent au contraire cette nomination. Cyrille Melchior, président du Conseil départemental de La Réunion et chef de file de Nouvel R’, a félicité Sebastien Lecornu et exprimé l’espoir qu’il apporte « stabilité et apaisement » dans un contexte politique tendu. Selon lui, l’ancien ministre des Armées et des Outre-mer possède et saura « engager un travail de rassemblement, au service de la France et des Français ».
En Polynésie, le député Moerani Frébault s’est félicité de ce choix : « Il connaît déjà la Polynésie, il y est venu à plusieurs reprises, jusqu’aux Marquises à Hiva Oa. C’est quelqu’un qui a une vraie sensibilité pour nos îles. Je suis sûr qu’il saura porter rapidement nos dossiers et qu’il restera un ami attentif de la Polynésie française. »
Aux Antilles, la sénatrice de Saint-Barthélémy et présidente de la délégation sénatoriale aux Outre-mer Micheline Jacques (LR) a adopté un ton conciliant. Dans un message sur X, elle a souligné que « les Outre-mer sont une école du dialogue permanent » et a adressé à Lecornu ses vœux « de travail constructif et apaisé au service de notre pays ».
L’enjeu est désormais pour Sébastien Lecornu en tant que Premier ministre de transformer sa connaissance des Outre-mer en une réelle prise en compte des attentes -sociales, institutionnelles, budgétaires - des différents territoires.