Guadeloupéen par son père et Martiniquais par sa mère, Nicolas David fait partie de cette génération d’entrepreneurs ultramarins qui osent rêver grand. À l’origine de cette ambition ? Une passion, depuis son plus jeune âge, pour les belles maisons. En 2021, il fonde Villas Antillaises, un compte Instagram créé pour recenser les plus belles villas des Antilles françaises. Depuis, le concept s’est transformé en magazine dédié à l’architecture, au patrimoine et à l’art de vivre caribéen, avec l’ambition de bâtir un véritable écosystème autour du savoir-faire antillais, mais aussi de placer ces territoires sur la carte des plus belles villas du monde.
Pour Nicolas David, tout commence au moment des fêtes de fin d’année 2021, alors qu’il est encore étudiant. « Je jouais au loto », raconte-t-il dans un éclat de rire. « Et comme tout le monde, je me suis demandé : si je gagnais, qu’est-ce que j’en ferais ? »
Sa réponse fuse alors : offrir une maison à ses parents, l’une en Martinique pour sa mère, l’autre en Guadeloupe pour son père.
Depuis l’adolescence, Nicolas David nourrit une véritable passion pour les belles maisons. « Je les connaissais toutes », raconte-t-il en souriant. « À Saint-Barthélemy, à Los Angeles, à Bali… j’aurais pu être guide tellement je les avais en tête. » Mais c’est en cherchant ces fameuses villas pour ses parents qu’il fait une découverte : sur ses propres îles aussi, des demeures d’exception existent, souvent méconnues. « Je connaissais les maisons de Saint-Tropez et d’ailleurs, mais pas celles de chez nous. » Ce constat agit comme un déclic. Très vite, il crée une page Instagram pour les répertorier et partager ce patrimoine discret. Ce sera le début de Villas Antillaises. « Je ne voulais pas être agent immobilier, je voulais juste partager ce que je trouvais beau. » Rapidement, les abonnés affluent. Ils sont nombreux à redécouvrir la beauté de leur propre territoire à travers l’œil sensible du jeune passionné.


Mais Nicolas voit plus loin. Derrière chaque maison, il perçoit une vision : celle d’un luxe ancré dans le réel antillais, loin des clichés de carte postale. « Quand on dit qu’on vient des Antilles, les gens ont souvent une vision assez clichée, confie Nicolas David. On pense au soleil, au rhum, aux plages… cela ne représente pas toute la réalité. Chez nous, il y a de très belles choses : des architectes, des artisans, des artistes. Tout un savoir-faire qu’on ne montre pas assez, et que j’ai voulu mettre en lumière à travers Villas Antillaises. »
D’Instagram au papier
C’est donc sur Instagram que tout commence. Villas Antillaises, un compte pensé d’abord comme une galerie d’inspiration, voit le jour. Nicolas David y partage les images de villas qui l’ont marqué, des demeures souvent cachées, disséminées entre la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Barthélemy et Saint-Martin. Très vite, les publications rencontrent un écho inattendu. « Au début, je faisais ça pour le plaisir, pour montrer qu’il existait chez nous des maisons incroyables », explique-t-il. « Les gens s’abonnaient de plus en plus et j’ai compris qu’eux aussi voulaient voir ces belles maisons et ce qu’elles représentaient. »

Le compte devient alors une plateforme digitale, un espace d’échanges autour du beau caribéen. L’idée d’en faire un magazine numérique s’impose naturellement : un prolongement du compte, pour raconter les histoires derrière ces images, valoriser les talents et faire dialoguer les territoires. Très vite, un autre besoin se fait sentir : les lecteurs veulent plus, quelque chose à garder, à feuilleter, à offrir. « Beaucoup de gens m’ont écrit pour dire qu’ils aimeraient une version papier. Je n’y avais pas pensé au départ. Et puis je me suis dit que c’était logique : l’architecture, la décoration, ce sont des choses qu’on veut toucher, sentir, regarder autrement qu’à travers un écran. » Le magazine est pensé comme un bel objet à collectionner. Imprimé sur un papier de qualité, avec un soin particulier accordé à la direction artistique, il se positionne comme un produit d’exception. « Je voulais prouver qu’on peut faire un objet de luxe aux Antilles. Pas un magazine qu’on feuillette et qu’on oublie, mais quelque chose dont on soit fier. »
Au fil des numéros, le magazine s’impose comme une vitrine du savoir-faire caribéen. On y découvre des villas, bien sûr, mais aussi des portraits d’artisans, d’artistes, d’architectes et des lieux de vie. Une plongée dans un art de vivre antillais à la fois contemporain et enraciné. En quelques années, le magazine attire et la communauté se consolide autour d’un mouvement culturel et esthétique.

Un écosystème en devenir
Autour de Villas Antillaises, c’est désormais tout un écosystème qui prend forme. Photographes, architectes, graphistes, décorateurs, artisans, créateurs de mode ou marques locales : tous gravitent autour de la même idée, celle de montrer le meilleur des Antilles françaises à travers une approche exigeante du beau. « Aujourd’hui, Villas Antillaises, ce n’est plus seulement un magazine. C’est une communauté d’acteurs qui veulent raconter nos territoires autrement. » Pour continuer sur cette lancée, le prochain numéro du magazine, en préparation, sera annoncé grâce à une grande soirée de lancement. L’événement, qu’il souhaite à la fois intimiste et ambitieux, réunira tous les acteurs de ce secteur. « Ce sera un moment de partage entre acteurs de ce secteur, explique-t-il, l’occasion de montrer ce qu’on construit ensemble, mais aussi de donner envie aux jeunes de croire qu’ils peuvent, eux aussi, créer à partir de leur territoire. »


Dans les projets futurs du jeune Antillais : créer l’équivalent antillais d’Assouline, célèbre maison d’édition de luxe spécialisée dans les beaux livres. « Quand on entre dans une villa, souvent, on trouve un livre Assouline sur la table basse. J’aimerais que, demain, ce soit un livre sur la Guadeloupe ou la Martinique, réalisé par nous, avec nos images et nos histoires », confie-t-il. Ce projet, encore en gestation, vise à placer les Antilles françaises sur la carte mondiale du design et du patrimoine, à travers une collection d’ouvrages d’art dédiés à l’architecture, à la culture et à la création caribéennes.
Au-delà de l’esthétique, c’est une véritable vision culturelle que porte Villas Antillaises : une manière de réconcilier luxe et authenticité, tradition et modernité. « Mon rêve, c’est que dans quelques années, quand on pensera aux plus belles villas du monde, on pense aussi à celles de nos territoires. »























