Journée mondiale de lutte contre le sida : dans les DROM, les taux de découvertes de séropositivité au VIH sont très supérieurs à ceux de l’Hexagone

Journée mondiale de lutte contre le sida : dans les DROM, les taux de découvertes de séropositivité au VIH sont très supérieurs à ceux de l’Hexagone

Chaque année, le 1er décembre marque la Journée mondiale de lutte contre le sida. À cette occasion, Santé publique France a publié les principales données de surveillance de 2024 sur le virus de l'immuno-déficience humaine (VIH), le sida et les infections sexuellement transmissibles (IST). Au niveau national, les départements et régions d’Outre-mer (DROM) sont particulièrement touchés par la séropositivité au VIH. Tour d’horizon.

Dans la France entière, quelque 5100 personnes ont découvert leur séropositivité au VIH en 2024. Après l’augmentation observée entre 2020 et 2023, ce nombre tend à se stabiliser.

Sur la période considérée, le taux de découvertes de séropositivité est de 75 par million d’habitants en France. « Comme les années précédentes, la Guyane présente un taux beaucoup plus élevé que toutes les autres régions françaises. Par ordre décroissant, on observe ensuite les taux les plus élevés à Mayotte, en Martinique, en Île-de-France et en Guadeloupe », souligne Santé publique France (SPF).

Concernant le sida, à partir de 451 diagnostics en 2024, déclarés au 30 juin 2025, le nombre total de diagnostics de sida a été estimé à 719. Ce nombre, qui avait augmenté entre 2020 et 2023, diminue en 2024 et retrouve le niveau de l’année 2020.

Guadeloupe et Île du Nord. Le nombre total de découvertes de séropositivité au VIH, revu  pour des problèmes de sous-déclaration, de données manquantes et de délais en Guadeloupe, à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy était de 65 en 2024. Alors que le nombre de découvertes de séropositivité était stable depuis environ 10 ans, une diminution est constatée depuis 2022. En 2024, le mode de contamination en Guadeloupe, à Saint-Martin et Saint-Barthélemy est équilibré entre les rapports hétérosexuels et les rapports sexuels entre hommes. Le pourcentage de découverte de séropositivité au VIH au stade avancé semble diminuer en 2024 par rapport à la période 2020-2023 pour retrouver des valeurs observées avant les années 2020. Le taux de sérologies (dépistage) au VIH en Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy était en augmentation en 2024 (237 / 1 000 habitants) par rapport à 2023.

Par ailleurs, « le nombre de diagnostics de sida en Guadeloupe, à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy, corrigé pour la sous-déclaration et les délais de déclaration, était estimé à 3,9 pour 100 000 habitants en 2023. En Guadeloupe, à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy, le nombre de diagnostics de sida est stable comparé à 2022 et sensiblement supérieur à la période 2014-2021 », rapportait SPF dans une précédente étude. Le diagnostic de sida est également « stable » pour 2024, indique simplement le nouveau rapport.

Guyane. Difficile d’avoir des chiffres précis dans cette collectivité, et nous ne disposons pour le moment que ceux de 2023. Cette année-là, le taux de sérologies au VIH réalisées a augmenté (261 sérologies pour 1000 habitants) et était le plus élevé de tous les départements français. Le nombre brut (non corrigé) de déclaration obligatoire (DO) du VIH s’élevait à 83, en légère baisse comparé à 2022. Mais le nombre de découvertes de séropositivité au VIH, corrigé pour la sous-déclaration (données manquantes et délais de déclaration) en Guyane était de 173 en 2023. « Du fait de la mauvaise exhaustivité de la DO (44%) et malgré les corrections pour la sous-déclaration, le nombre de découvertes de séropositivité VIH ne peut pas être estimé de façon robuste à partir des données de la DO et les estimations corrigées sont donc ininterprétables », avertit SPF.

En 2023, aucune déclaration obligatoire de cas de sida n’a été faite en Guyane (les chiffres de l’année 2024 ne sont pas encore disponibles). Dans la file active des centres hospitaliers de Guyane, les services locaux ont cependant dénombré 10 patients passés au stade sida en 2023. « Par manque d’exhaustivité, les données de la déclaration obligatoire sida sous-estiment donc le nombre de cas en Guyane », déplore SPF.

Martinique. Le nombre de découvertes de séropositivité au VIH, corrigé pour la sous-déclaration, les données manquantes et les délais de déclaration était de 71 en 2024, ce qui témoigne d’une stabilité sur les huit dernières années. Dans l’année considérée, la majorité des découvertes de séropositivité en Martinique concernaient des rapports hétérosexuels (64%), et 85% des personnes nouvellement diagnostiquées étaient nées dans l’Hexagone ou dans le territoire. Par ailleurs, plus du tiers des patients (72%) qui découvrent leur séropositivité ont également une autre infection sexuellement transmissible (IST). Le taux de sérologies au VIH en Martinique était en augmentation en 2024 (249 / 1 000 habitants) par rapport à 2023 et parmi les taux les plus importants en France.

« Le nombre de diagnostics de sida en Martinique, corrigé pour la sous-déclaration et les délais de déclaration, était estimé à 3,3 pour 100 000 habitants en 2023 », indique SPF. Pour 2024, cet organisme déclare sobrement que le nombre de diagnostics de sida est stable, sans donner de chiffres. Il ajoute toutefois que les cas de sida en Martinique correspondent à des personnes qui n’avaient pas connaissance de leur séropositivité ni de traitement antirétroviral.

Mayotte. Les dernières données disponibles de SPF datent de 2023. Le nombre de découvertes de séropositivité au VIH, corrigé pour la sous-déclaration et les données manquantes, était de 92 en 2023. En outre, environ 140 personnes vivant avec le VIH à Mayotte ignoraient encore leur statut. Le délai médian entre l’infection et le diagnostic, estimé à deux ou trois ans, souligne l’urgence de renforcer les efforts de dépistage précoce. Au niveau de l’incidence du VIH, « le nombre de nouvelles infections par le VIH en 2023 a été estimé à 37 personnes, soit un taux de 11,9 pour 100 000 personnes, équivalent à celui d’Île-de-France », précise SPF.

Durant l’année étudiée, le taux de dépistage au VIH était de 110 sérologies pour 1000 habitants, en légère baisse depuis 2021. Ce taux était de 99 pour 1000 habitants en France hexagonale hors Île-de-France et supérieur à 200 pour 1000 habitants dans les autres DROM, hormis la Réunion, où il était de 171 pour 1000 habitants.

Le nombre de diagnostics de sida à Mayotte, corrigé pour la sous-déclaration et les délais de déclaration, était estimé à 8 en 2023, contre 15 en 2022, année avec un nombre de diagnostics particulièrement haut. Ce chiffre, en 2023, s’inscrivait dans l’augmentation constatée depuis 2014.

La Réunion. « Le nombre de découvertes de séropositivité au VIH, corrigé pour la sous-déclaration, les données manquantes et les délais de déclaration à La Réunion était de 101 en 2023. Depuis 2022, le nombre de découvertes de séropositivité est en très forte progression à La Réunion passant de 38 en 2022 à 59 en 2023 pour atteindre 101 en 2024 », constate SPF. Le nombre de personnes vivant avec le VIH à La Réunion sans connaître leur séropositivité a été estimé à 206. En ce qui concerne le dépistage, le taux est de 144,1 / 1000 personnes, supérieur au taux pour la France hexagonale (82 /1000 habitants), hors Île de France.

Enfin, les diagnostics de sida à La Réunion, corrigés pour les sous-déclarations, étaient estimés à 7 par million d’habitants en 2024, soit un taux en baisse après deux années de progression et ce de manière semblable au taux national (6 par million). La majorité des personnes atteintes du sida ne connaissaient pas leur séropositivité au préalable (3 personnes sur 4) et aucune n’avait reçu de traitement antirétroviral dans les trois mois précédant le diagnostic.

PM