Le Décolonial Film Festival qui met en lumière des œuvres qui interrogent les héritages coloniaux et les dynamiques de domination à travers une programmation alternative et engagée revient pour une seconde édition en région parisienne du 12 au 25 mai 2025. Deux semaines au cours desquelles projection, rencontres mêlant courts et longs –métrages, fictions et documentaires se succéderont faisant une large place au cinéma antillais et caribéen ayant un « regard décolonial ».
Mois de mai, mois de mémoires. C’est cette période correspondant aux commémorations et autres manifestations liées aux mémoires qu’ont choisi les organisateurs pour présenter ce festival de cinéma baptisé Décolonial Film Festival qui met en lumière des œuvres qui interrogent les héritages coloniaux et les dynamiques de domination, tout en demeurant accessibles.
Ce festival privilégie en effet des films traitant de sujets ou de thèmes comme la spiritualité, l’amour, les résistances, les héritages ou les diasporas, mais avec un « regard décolonial », c’est-à-dire qu’il favorise une programmation souhaitant déconstruire les clichés et stéréotypes du cinéma traditionnel trop souvent, déplorent les organisateurs, « exotisant, raciste et sexiste ».
Une journée consacrée à la cinéaste martiniquaise Euzhan Palcy
Dans cet esprit, pour cette seconde édition du Décolonial Film Festival, projection et rencontres mêlant courts et longs-métrages, fiction et documentaires présentés par des collectifs antiracistes, féministes, queer et diasporiques seront proposés pendant deux semaines au public avec une large place faite à un certain cinéma antillais et caribéen. De ce fait, parmi la vingtaine de films et/ou documentaires présentés, un certain nombre est issu des Antilles ou de la Caraïbe.
Ainsi, toute une journée sera consacrée à la cinéaste martiniquaise Euzhan Palcy ponctuée d’un film et de deux documentaires, dont « Siméon », « Parcours de Dissidents » et « Aimé Césaire, une voix pour l’histoire ». Ce focus sur le cinéma et documentaire antillais se traduira aussi par la projection du film « La Machette et le Marteau » du réalisateur martiniquais Gabriel Glissant. Un film tourné en 1975 lors des grèves des travailleurs guadeloupéens de la canne en lutte contre les monopoles étrangers. Un premier film authentiquement antillais qui dépeint la Guadeloupe telle qu’elle était trente ans après la départementalisation. Cette projection sera précédée d’une préface du chercheur et artiste visuel d’origine guyanaise Mathieu Kleyebe Abonnenc à propos du film « Des fusils pour Banta » de Sarah Maldoror. La réalisatrice guadeloupéenne sera également à l’affiche pour le film-documentaire « Eia pour Césaire », avant une soirée zouk.
Contre-programmation
A voir également le film « L’oubli tue deux fois » du réalisateur et documentariste haïtien Pierre Michel Jean sur le génocide occulté du dictateur dominicain Rafael Leonidas Trujillo qui a fait massacrer à l’automne 1937 plus de 20 000 haïtiens immigrés vivant en République dominicaine. Enfin, le projet de l’artiste-plasticienne et illustratrice martiniquaise Glawdys Gambie créatrice de « Manman Chadwon » avec Klélo, mérite que l’on s’y attarde. « Manman Chadwon » est un personnage féminin, divinité antillaise, inspirée de la Manman Dlo, qui symbolise la puissance, l’émancipation et la représentation dé-coloniale du corps noir.
Bref, au moment où le Festival de Cannes bat son plein, ce Décolonial Film Festival porte un regard différent sur le cinéma et présente une vraie contre-programmation pour explorer, interroger et sensibiliser aux questions décoloniales, de mémoire, de pouvoir et de résistances.
E.B.
2ème Décolonial Film Festival
Du 12 au 25 mai 2025
Renseignements : www.decolonialfilmfest.com