Table ronde sur les essais nucléaires en Polynésie : « Le service d’oncologie est sous-dimensionné » alerte Patricia Grand, présidente d’honneur de la Ligue contre le cancer

Intervenue lors des travaux liés aux impacts sanitaires des essais nucléaires lors de la table ronde parisienne ce 1er et 2 juillet, la présidente d’honneur de la Ligue contre le cancer en Polynésie a alerté l’État sur les moyens qui commencent à être insuffisants face à l’augmentation des patients atteints de cancer.

« Ce qui m’importait, c’était de défendre le projet d’Institut du cancer (INCA, ndlr) parce qu’avec l’augmentation des patients cancéreux, les délais d’attentes pour faire les examens ou voir un oncologue sont encore trop lents », explique Patricia Grand, admettant tout de même « qu’il y a eu beaucoup de progrès en Polynésie ».

« En 2000, ma fille est décédée d’un cancer, et il n’y avait pas d’oncologie à l’époque » raconte-t-elle. « Depuis, il y a eu la création d’un service d’oncologie, de la radiothérapie très précise pour les tumeurs au cerveau par exemple ou les métastases aux poumons où il faut vraiment de la compétence, il y a eu aussi la médecine nucléaire, la curiethérapie, la mammographie jusqu’aux îles Marquises et à Uturoa ».

« Mais il y a encore des progrès à faire. Surtout, le service d’oncologie est sous-dimensionné par rapport à l’évolution du nombre de patients », alerte Patricia Grand. En 2021, la Polynésie pourrait compter 800 cas de cancer, selon les prévisions, augmentant la saturation du service oncologie du Centre hospitalier de Polynésie à 200%. C’est pourquoi Patricia Grand a « demandé à l’État une participation vraiment importante pour la mise en place de l’INCA ».

Accusée par une association antinucléaire de nier l’impact cancérologique des essais nucléaires, Patricia Grand balaye : « bien sûr qu’il y a un lien entre les cancers et les essais nucléaires, je ne l’ai jamais nié » a-t-elle répondu. Mais pour la présidente d’honneur de la Ligue contre le cancer, tous les cas cancérologiques en Polynésie ne peuvent pas être imputés aux essais, au risque d’en oublier la prévention des nombreuses autres causes de cancer.

 « Je reste fidèle aux missions de la Ligue, c’est-à-dire l’accompagnement des patients » a-t-elle ajouté. « Et c’est notre priorité à la Ligue contre le cancer en Polynésie : la prise en charge des patients » et la sensibilisation des autorités aux besoins de médecins et de moyens. « Je ne regrette pas d’être venue », conclut Patricia Grand, « les discussions ont été saines et honnêtes ».