Nouvelle-Calédonie : Accès aux soins des personnes en situation de handicap, deux ans après, bilan et perspectives de la Charte Romain Jacob

© Gouvernement de Nouvelle-Calédonie

Nouvelle-Calédonie : Accès aux soins des personnes en situation de handicap, deux ans après, bilan et perspectives de la Charte Romain Jacob

Une rencontre consacrée à l’accès aux soins des personnes en situation de handicap s’est tenue le 12 décembre 2025 au Médipôle, à l’initiative de Naia Wateou, membre du gouvernement chargée notamment du secteur du handicap, avec la participation de Claude Gambey, membre du gouvernement chargé de la santé. Cette réunion intervenait à l’occasion des deux ans de la signature de la Charte Romain Jacob en Nouvelle-Calédonie.



Signée le 8 décembre 2023 en présence de Pascal Jacob, la Charte Romain Jacob constitue un engagement collectif en faveur de l’inclusion en santé. Déployée dans 21 pays et signée par plus de 7.000 personnes, elle vise à garantir un accès à la santé « simplifié, adapté et digne » pour les personnes en situation de handicap. Créée en 2014 à l’initiative de personnes vivant avec un handicap, la charte a été rédigée par et pour elles, avec la participation de représentants des administrations, sous l’égide de l’association Handidactique.
La charte vise à renforcer la collaboration entre les professionnels de santé, les établissements de soins et les autorités sanitaires, mais aussi avec le tissu associatif, les familles, les aidants et les organismes de formation professionnelle continue, afin d’améliorer l’accès aux soins des personnes en situation de handicap.
Elle repose sur douze principes fondamentaux : l’égalité d’accès, l’accessibilité, la personnalisation des parcours, la formation des professionnels, l’information claire, l’implication des aidants, le respect de la dignité, la continuité du parcours de vie, l’adaptation systémique des organisations, la coordination interprofessionnelle, la qualité de l’accueil et l’évaluation continue.

Lors de la rencontre, Naïa Wateou est revenue sur l’origine et les ambitions de cet engagement : « Il y a deux ans, sous l’impulsion du monde associatif, en lien avec le secteur du handicap, le personnel de santé et le monde institutionnel ont été interpellés sur l’importance de pouvoir accompagner les personnes en situation de handicap en milieu hospitalier. C’est tout l’objectif de la Charte Romain Jacob qui tend vers cet accompagnement pour éviter la rupture de soins pour ces personnes en situation de handicap ».

Des actions concrètes ont été présentées, illustrant les démarches engagées pour favoriser l’accueil des patients en situation de handicap. Parmi elles figurent la personnalisation des parcours de soins, l’anticipation des besoins matériels, notamment pour les personnes en fauteuil roulant, ou encore l’organisation de « visites blanches », réalisées en amont de consultations médicales afin de rassurer certains patients.
La rencontre a également permis de rappeler l’accès aux soins comme un enjeu de dignité et de droits fondamentaux, et de sensibiliser les acteurs institutionnels à une problématique parfois peu visible. Pour la membre du gouvernement, « l’humain doit rester au cœur de nos préoccupations et de celles des professionnels de santé ».

Deux ans après la signature de la charte en Nouvelle-Calédonie, ce temps d’échanges a permis de dresser un état des lieux des avancées réalisées sur le terrain. Les participants ont partagé leurs expériences, leurs pratiques, ainsi que les difficultés rencontrées. L’objectif était de favoriser les échanges, de mieux comprendre les contraintes de chacun et d’identifier collectivement des leviers d’action afin de renforcer une dynamique territoriale. 

Les spécificités géographiques du territoire ont également été évoquées. « Cette charte ne s’appliquera pas de la même manière en province Sud où sont situés le Médipôle et les centres hospitaliers, qu’en province Nord ou dans les îles. D’où l’importance d’avoir cette coordination entre partenaires institutionnels pour qu’il n’y ait pas de rupture dans l’offre de soins et le suivi des parcours individuels », a précisé Naïa Wateou.
Cette démarche multipartenariale s’inscrit dans une volonté de construire une vision partagée, en cohérence avec les travaux territoriaux existants, notamment ceux de la Maison calédonienne de l’autonomie, ainsi que les initiatives associatives et provinciales.

Retour d’experience du CHT

À cette occasion, le centre hospitalier territorial (CHT) Gaston-Bourret a présenté un retour d’expériences élaboré avec les patients, les familles, les représentants des usagers et les professionnels de santé, autour de quatre axes principaux.

Le premier concerne le dispositif Handisoins, dédié à la coordination de parcours spécifiques. Celui-ci vise à analyser les besoins liés au handicap, à mutualiser les rendez-vous pour limiter les déplacements, à anticiper les moyens matériels et humains et à proposer un accompagnement personnalisé. Plus d’une centaine de parcours ont été coordonnés depuis sa mise en place, incluant de nombreuses situations complexes, notamment pédiatriques et de polyhandicap.

Le second axe porte sur les consultations délocalisées, dans une logique dite d’« Aller vers ». Pour les patients ne pouvant se déplacer vers les structures hospitalières, des consultations spécialisées ont été organisées directement dans les lieux de vie, notamment au foyer Paul Reznick, à la Maison Gabriel Poedi et au centre d’accompagnement spécialisé évolutif (CASE) de Nouville. Ces actions comprennent des consultations dentaires, des consultations de neurologie délocalisées et des interventions auprès de patients vulnérables dans leurs établissements de résidence.

Le troisième volet concerne la création, en 2024, du Comité Hospitalier Handisoins (C2H). Cette instance de gouvernance interne dédiée à l’accessibilité aux soins réunit directions, professionnels de santé, représentants des usagers et l’équipe Handisoins. Elle a pour mission d’analyser les situations signalées, de proposer des actions d’amélioration et de coordonner les acteurs internes, tout en relayant la dynamique de la Charte Romain Jacob au sein de l’établissement.

Enfin, des travaux ont été engagés pour améliorer l’accessibilité physique et organisationnelle du CHT Gaston-Bourret. Parmi les actions mises en œuvre figurent la création de nouvelles places de stationnement pour les personnes à mobilité réduite au niveau du faré du Médipôle, le renforcement de la signalétique, une réflexion sur les flux internes et un travail sur la fluidité des accueils et des accès.

L’ensemble des partenaires présents a salué les initiatives engagées et les résultats observés, tant pour les patients que pour les soignants. Le dispositif devrait à présent être étendu à d’autres secteurs de l’hôpital, urgences, bloc opératoire, hospitalisation, ainsi qu’aux patients en situation de handicap hors structures spécialisées.