Polynésie : « La vaccination, une question de citoyenneté économique», dit Olivier Kressmann vice-président du Medef

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Polynésie : « La vaccination, une question de citoyenneté économique», dit Olivier Kressmann vice-président du Medef

Le vice-président du Medef, Olivier Kressmann, revient pour Radio1 sur la rencontre des représentants du patronat avec le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu. Pour lui, le Pays qui a piloté seul le déploiement de la vaccination doit associer plus fortement les communes et les entreprises à l’effort vaccinal. Un article de notre partenaire Radio 1.

 

« Des échanges très directs, c’est un ministre qui aime parler cash, donc on a pu aussi nous-mêmes parler cash. Après les propos qu’il avait tenus le matin même (sur Radio1), on a pu lui dire que non, le monde économique n’était pas là à attendre que les choses se passent, qu’il prenait ses responsabilités, qu’il ne demandait que ça », dit Olivier Kressmann, vice-président du Medef, de la rencontre mercredi avec Sébastien Lecornu.

Les communes de Tahiti et des Îles Sous-le-Vent doivent être plus actives sur le front de la vaccination

Et puisque la reprise économique dépend du rythme de vaccination, les patrons ont partagé avec le ministre des Outre-mer leurs idées bien arrêtées sur le sujet : une affaire de techniciens qui est restée trop longtemps sous la coupe de la Santé, selon Olivier Kressmann : « On est dans une problématique de citoyenneté économique et c’est tout le monde qui doit jouer le jeu. » Il souhaite plus de plateformes vaccinales dans les communes – il évoque notamment le cas de Punaauia, 2e commune du Pays en nombre d’habitants, mais qui ne dispense que 80 doses par jour et qui attend son vaccinodrome pour le …15 juin.

« Les entreprises ont aussi leur rôle à jouer, d’abord pour le message auprès de leurs salariés, et on le fait », dit-il. Mais il souhaiterait voir des antennes mobiles de vaccination qui aillent sur les sites d’entreprise, ou des créneaux réservés aux grandes entreprises.

Ainsi, les patrons ont proposé au gouvernement de mettre en place à l’aéroport de Faa’a, qui reste très fréquenté par les travailleurs aussi bien que les voyageurs, une plateforme de vaccination.

« Je crois que le fond du problème, dit Olivier Kressmann, c’est que le ministre s’est battu à Paris pour que la Polynésie puisse être bien dotée en vaccins, et il y a peut-être eu une certaine déception de voir que par exemple sur Bora Bora il n’y a eu que 1 000 vaccinations en trois jours, entendre que dans les entreprises, les gens ne voulaient pas forcément y aller. Il y a eu de sa part une démarche de secouer la maison, qui finalement a plutôt pas mal fonctionné. »

Les entreprises polynésiennes nettement plus endettées qu’ailleurs

Grand sujet de préoccupation, les PGE, dont le montant global atteint 50 milliards de Ffcp au fenua, et leur remboursement : « La Polynésie est très nettement plus endettée au niveau des entreprises qu’ailleurs », avec un taux d’endettement de 23% contre 16% pour l’ensemble des Outre-mer. Un taux qui se répercutera forcément sur leur capacité future à emprunter, une fois la crise passée.

Difficile toutefois d’estimer combien de ces entreprises qui ont souscrit un PGE pourraient se retrouver en cessation de paiement, dit Olivier Kressmann. « Certains ont fait ces emprunts par mesure de précaution, ils vont certainement se libérer rapidement, d’ici la fin de l’année, d’autres pas. Combien sont-ils, on ne sait pas, mais c’est à partir de fin juin qu’on va commencer à le savoir, dit Olivier Kressmann. C’est pour cela que nous voulions absolument demander au ministre qu’il considère dès maintenant, selon les secteurs, l’idée d’un PGE qui se transforme en subvention, pour le tourisme et l’aérien, car il ne faut pas oublier Air Tahiti qui est très important, et pas seulement pour le développement du tourisme mais pour le désenclavement des îles. » La réponse de l’État attendra, notamment parce qu’une transformation des PGE en subvention doit être validée au niveau européen.

Autre demande du monde des affaires, la réouverture des frontières maritimes au yachting de luxe.  « Il n’y a rien aujourd’hui qui justifie que les frontières maritimes soient encore fermées, avec des yachts qui ont tous minimum 12 jours de mer avant d’arriver, et un protocole extrêmement strict à bord, et à l’arrivée. »

Une haute saison « déjà très, très mal engagée »

Sans réponse rapide sur la réouverture des frontières, alertent tous les professionnels du tourisme, la haute saison est perdue. « Elle est déjà très, très mal engagée », reconnaît Olivier Kressmann avec un protocole sanitaire compliqué et excluant les enfants qui a douché l’enthousiasme de certains clients américains. « Mais ce n’est pas perdu, il faut que tout le monde s’y colle. Il n’y a pas que le Pays, il n’y a pas que l’État, mais tous les acteurs qui veulent retrouver un niveau de vie et un activité décents », conclut-il.