Les délégations calédoniennes ont été réunies au haut-commissariat autour du ministre des Outre-mer, ce jeudi matin, pour plancher sur la traduction juridique de l’accord de Bougival. Le Sénat coutumier est représenté, mais ce travail peut-il aboutir sans la participation du FLNKS ? Un sujet de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
Traduire en textes de loi le projet signé le 12 juillet à Bougival. C’est la mission à laquelle s’attellent depuis ce jeudi matin les délégations politiques réunies autour du ministre des Outre-mer.
Sans surprise, le FLNKS ne s’est pas présenté à la résidence du haut-commissariat, mais Manuel Valls verra sans doute la présence d’une délégation du Sénat coutumier comme un motif de satisfaction, après l’accueil relativement glacial reçu par le projet d’accord auprès de cette institution.
Mais, même si la grande majorité des signataires du document élaboré en région parisienne sont bien à la table autour du ministre, déterminé à porter coûte que coûte le projet à terme, la question se pose néanmoins de la portée de ce travail mené sans le FLNKS.
Nouvelle délégation
S’il a accepté de rencontrer Manuel Valls mercredi dans le cadre de discussions bilatérales, avec une nouvelle délégation issue de son bureau politique, le Front a cependant réaffirmé à l’issue son rejet de ce projet d’accord et campe sur ses positions : un accord de Kanaky en septembre 2025 vers une accession à la pleine souveraineté à l’horizon 2027.
« Ce n’est pas possible », a réagi Manuel Valls devant les sénateurs coutumiers, hier. « Inacceptable », évidemment, pour le Rassemblement et les Loyalistes, comme le déclarait mercredi soir Virginie Ruffenach. Cependant, il faut bien se rendre à l’évidence, le FLNKS, même divisé et en proie à des conflits internes, reste représentatif d’une grande partie des indépendantistes.
« Ma porte reste ouverte, mais nous devons avancer »
Et même si ses adversaires soulignent l’absence de mandat électif de la nouvelle délégation désignée par le bureau politique du Front, il n’en reste pas moins que le FLNKS demeure l’interlocuteur reconnu par les instances internationales, que ce soit l’ONU ou le Fer de lance, dans le cadre du processus de décolonisation.
Est-il par conséquent possible de « faire sans lui » ? Manuel Valls, qui espère toujours le convaincre d’adhérer à cette « opportunité historique » est bien déterminé à mener le projet de Bougival selon le programme établi en juillet. « Je n’ignore rien de la prise de position du FLNKS », a-t-il encore rappelé ce jeudi matin. « Ma porte reste ouverte. Mais nous devons avancer. »
« On ne peut pas passer en force »
Or, comme le rappelait mercredi soir Milakulo Tukumuli, « un accord sans le FLNKS, est-ce que ça existe dans l’histoire de notre pays ? On ne peut pas passer en force ou essayer de faire des choses sans consensus », déclarait le chef de l’Éveil océanien à l’issue de sa rencontre en bilatérale avec le ministre.
Et même si le travail aboutit localement, la représentation nationale devra à son tour valider la réforme constitutionnelle pour que Bougival voie le jour. Pas sûr que les trois cinquièmes des élus de l’Assemblée nationale et du Sénat réunis en Congrès à Versailles lui apportent leur blanc-seing.
Julien Mazzoni pour Les Nouvelles Calédoniennes