Formation professionnelle en Nouvelle-Calédonie : le gouvernement veut créer un « Village des solutions» calédonien

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Formation professionnelle en Nouvelle-Calédonie : le gouvernement veut créer un « Village des solutions» calédonien

L’exécutif a chargé l’Agence nationale pour la formation des adultes (Afpa) d’imaginer la transformation du secteur de la formation professionnelle, confronté à de nombreux défis. Au terme de deux semaines de mission, l’idée d’un Village des solutions calédonien, tiers-lieu regroupant l’ensemble des acteurs de l’insertion et de la reconversion, s’est imposée. Précisions avec notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

En Nouvelle-Calédonie, le taux de chômage chez les jeunes de moins de 30 ans a explosé depuis les émeutes de mai 2024, et atteint désormais 28,3 %, soit 4 245 personnes. Dans un mouvement inverse, le budget consacré à la formation professionnelle s’est considérablement contracté : "On est passé d’1,6 milliard ces dernières années à 600 millions en 2025", révèle Samuel Hnepeune, membre du gouvernement chargé de la formation professionnelle.

Une situation critique qui impose de faire évoluer ce secteur essentiel de l’économie du territoire, et de l’adapter à un marché du travail qui s’est largement transformé depuis la crise insurrectionnelle. "On doit prendre en considération notre nouvel environnement économique, mais aussi les nouveaux besoins, pour imaginer un autre modèle de formation professionnelle qui prenne en compte les attentes des jeunes et des entreprises", estime Samuel Hnepeune. Vaste chantier.

Regrouper les offres de formation

Le gouvernement a confié à l’Agence nationale pour la formation des adultes (Afpa) le soin d’identifier des pistes d’évolution. Une délégation de cet organisme fondé en 2020 dans l’Hexagone était en mission en Nouvelle-Calédonie depuis le 3 novembre. Vendredi, ses membres ont rendu leurs conclusions lors d’une restitution organisée à l’université. Leur travail portait surtout sur l’évaluation du projet de "Village des solutions calédonien", porté par le gouvernement. Un concept dont l’Afpa est justement pionnière dans l’Hexagone, et qui consiste à regrouper dans un même lieu "l’ensemble des services destinés à simplifier les parcours des publics en transition professionnelle". "Ce n’est pas un simple guichet unique, précise Samuel Hnepeune. On est davantage sur un tiers-lieu qui garantit aux personnes voulant se former un parcours cohérent" et qui permette un suivi afin de limiter les décrochages, alors que 800 jeunes sortent chaque année sans diplôme des cursus de formation initiale.

La délégation de l’Afpa a rencontré ces deux dernières semaines l’ensemble des acteurs de la formation professionnelle du territoire, mais aussi des chefs d’entreprise et des jeunes, pour tenter de dessiner les contours de ce projet, et l’adapter aux réalités locales. Pas question, en effet, de se contenter de copier les structures de l’Hexagone. "Déjà en Métropole, aucun Village des solutions ne se ressemble. Chaque région, chaque bassin de population le construit pour qu’il corresponde à son environnement industriel, économique, social et culturel", rapport le membre du gouvernement.

Quel lieu pour le Village des solutions ?

Cette solution représente aussi un moyen d’optimiser les fonds alloués à la formation professionnelle. "Aujourd’hui, on finance le fonctionnement d’organismes de formation. Là, l’idée c’est de dire : est-ce qu’il ne vaut pas mieux directement financer des actions de formation ?", ce qui représenterait des économies importantes.

La présentation de vendredi a été l’occasion de dévoiler les retours et les attentes des acteurs concernés sur le projet de Village des solutions. Leur restitution a mis en lumière des premiers ajustements par rapport à l’idée initiale, notamment sur l’implantation de cette future structure. À l’origine, le gouvernement envisageait de l’installer à Nouville, afin de l’intégrer à la "presqu’île des savoirs", autre grand projet de transformation de l’offre de formation en Nouvelle-Calédonie. "On se rend compte, finalement, que ce n’est peut-être pas la bonne méthode, reprend Samuel Hnepeune. Plutôt que tout centraliser, il faudrait, je pense, davantage réfléchir par bassin, car les besoins du Nord, des îles et du Sud sont très différents. Mais rien n’est encore définitivement acté."

Le gouvernement se donne jusqu’à fin décembre pour rédiger un rapport complet comprenant ses "préconisations définitives". "La mission n’est pas finie, affirme Samuel Hnepeune. Les échanges vont se poursuivre, avec l’ensemble de l’écosystème."

Par Les Nouvelles Calédoniennes