En Polynésie, un congrès des communes à huis clos à sept mois des municipales

Cyril Tetuanui, président du SPC, à l’ouverture du précédent congrès des communes de Polynésie, sur l’île de Tubuai ©SPC-PF

En Polynésie, un congrès des communes à huis clos à sept mois des municipales

Le syndicat de promotion des communes (SPC) de Polynésie française organise son congrès annuel à Papeete du 4 au 7 août. Une réunion qui se fera sans invités de l’État ou du Pays cette année, et avec des thèmes de discussions moins ouverts qu’à l’accoutumée. À sept mois du scrutin municipal, il s'agit surtout de tirer le bilan de la mandature entre « communaux ». Et d’accorder ses violons sur les demandes « d’adaptation du cadre institutionnel ». Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

À l’heure des grandes annonces sur la décentralisation, c’est « au cœur institutionnel de la Polynésie » que le Syndicat pour la Promotion des Communes de Polynésie française (SPC) va organiser sa grand-messe annuelle, du lundi 4 au jeudi 7 août. Des dizaines de tavana (maires), souvent accompagnés de leurs équipes techniques, sont attendus à la salle Blue Lagoon de Papeete -près de l’école Heitama de Taunoa- pour cette 34e édition du Congrès des communes.

Une édition, qui contrairement aux précédentes ne cherchera pas à ouvrir de larges débats thématiques. Là où la réunion de Teahupo’o, en 2023, s’était fixé comme objectif démêler les défis et opportunités des municipalités dans la transition écologique, là où le rassemblement de l’année passée à Tubuai avait été axé sur la réponse aux mutations démographiques et numériques, le congrès de Papeete s’attachera surtout à dresser le bilan de la mandature qui s’achèvera en mars prochain avec les élections municipales.

Une mandature qui, comme le rappelle le SPC, « aura été marquée par de multiples transitions ». Notamment la sienne : en août dernier, l’organisme est devenu un « syndicat mixte fermé » pour intégrer en son sein les intercommunalités, de plus en plus importantes dans le paysage politique et institutionnel.

L’idée est donc, pour les communes et les « comcom » qui ont déjà intégrées la structure, de mêler « retour sur l’expérience et projection vers l’avenir ». D’abord en « revisitant les axes d’action choisis en début de mandature », quand l’accent avait été mis sur l’autonomie alimentaire, la cohésion sociale, le développement durable ou la participation citoyenne. Et en identifiant les « freins persistants » à l’initiative communale.

CGCT, 43-2, finances…

S’agit-il de fixer, avant l’heure, un programme à la nouvelle équipe qui devra être élue en 2026, après le renouvellement des conseils municipaux ? Le SPC, toujours présidé par le maire de Tumaraa Cyril Tetuanui, ne le présente pas comme ça. Mais l’idée semble tout de même d’accorder les discours -et donc renforcer la pression- sur les demandes de changement adressées de longue date à l’État et qui doivent, pour avancer, être soutenus par le Pays.

Car pour le syndicat, aucun doute, le « modèle communal » évolue, et fait face à un « cadre institutionnel » de moins en moins adapté. Il s’agit bien sûr de parler de l’évolution des compétences communales, qui, à la faveur d’une proposition de modification de l’article 43-2 du statut qui doit être étudiée à l’Assemblée nationale en septembre, pourraient enfin être élargies.

Il s’agit aussi de parler du Code général des collectivités publiques, théoriquement applicable à la Polynésie, malgré ses nombreux impératifs non respectés en matière d’eau, d’assainissement ou de déchets. Là aussi, un travail parlementaire est en cours, du côté du Sénat cette fois, pour repousser de 10 ans l’applicabilité de ce CGCT et profiter du délai pour adapter de façon plus générale le statut des communes de Polynésie, et de leurs intercommunalités. « Ces réflexions visent à fédérer les communes autour de leurs compétences partagées, à mieux structurer leur action et à faire entendre leur voix avec plus de force », précise le SPC.

Pas d’invités institutionnels

Les débats devraient aussi porter sur les questions financières : là aussi les outils de financement des communes -dont le Fip- paraissent améliorables. Le syndicat veut « composer ensemble une approche plus adaptée aux réalités de terrain et plus ambitieuse pour l’avenir de nos collectivités ». Et cette composition, comme les bilans qui seront tirés dans ce congrès, se fera sans le Pays, l’État et les autres invités habituellement présents. L’idée, à 7 mois des municipales, est de « se concentrer exclusivement sur un temps d’échange entre communes et intercommunalités ».

Charlie René pour Radio 1 Tahiti