Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a lancé, mardi 29 juillet au Centre culturel Tjibaou, deux expositions consacrées à l’architecture durable. Intitulées « Architectures contemporaines en terre et en fibres » et « Architectures calédoniennes durables », elles visent à sensibiliser le public à l’utilisation de matériaux bio-sourcés et géo-sourcés dans la construction.
Lors d’une conférence de presse, donnée en préambule à l’ouverture de l’exposition, Petelo Sao, membre du gouvernement chargé de la construction et du développement de l’innovation technologique, a présenté les objectifs de ces expositions. Il a rappelé que « de tout temps l’humain a cherché à s’abriter et a donc développé des techniques adaptées à l’environnement dans lequel il vit. La modernité et la globalisation nous ont poussés à développer d’autres techniques de construction, parfois éloignées de ce que nos ancêtres ont pu élaborer ».
Avant de souligner, « les crises successives que nous avons traversées nous ont rappelé qu’il fallait composer avec ce que nous avons à portée de main dans notre environnement immédiat et nous ont encouragés à faire preuve de plus de frugalité. Cette façon de penser dépasse le cadre calédonien car elle est devenue une dynamique mondiale comme en témoignent les projets exposés au centre culturel Tjibaou ».
L’exposition « Architectures contemporaines en terre et en fibres » présente 24 projets récompensés dans le cadre des concours Terra Awards, Fibra Awards, Terra Fibra Awards et Materia Awards. Ces concours, organisés depuis 2005, valorisent des réalisations architecturales utilisant des matériaux naturels tout en mettant en avant les savoir-faire locaux. La sélection repose sur la qualité architecturale, l’intégration territoriale et la pertinence des solutions techniques face aux enjeux climatiques.
Conçue sous la direction de Dominique Gauzin-Müller, architecte-chercheuse, co-commissaire de l’exposition, en collaboration avec Steven Mériadec, responsable de la cellule habitat et urbanisme (CHU) de la Nouvelle-Calédonie, cette exposition a bénéficié du soutien du Pavillon de l’Arsenal (Paris), d’Amàco, des Grands Ateliers, de l’Ordre des architectes de Nouvelle-Calédonie, de la mission des affaires culturelles de l’État et du gouvernement calédonien.
L’exposition met l’accent sur « l’intelligence constructive et la complémentarité des matériaux », en évitant une vision fondée sur une solution unique. Elle invite à explorer des voies d’architecture frugale, ancrée dans les territoires et ouverte à l’innovation.
En complément, l’exposition « Architectures calédoniennes durables », installée dans l’allée centrale du centre culturel, présente des projets portés par des professionnels locaux de l’aménagement engagés dans la construction durable. Elle vise à illustrer la capacité du territoire à construire un cadre de vie respectueux de l’environnement et à promouvoir une économie locale responsable.
Ces projets s’appuient sur les ressources naturelles locales, dans une démarche visant à « réduire les vulnérabilités, ne pas augmenter les risques, réduire l’empreinte carbone des bâtiments et éviter plus d’émissions de gaz à effet de serre ». Pour Petelo Sao : « Nous sommes tout à fait capables en Nouvelle-Calédonie de nous inscrire dans une démarche d’écoconstruction. Des filières sont en cours de structuration, comme celle du bambou ou celle du chanvre, et méritent d’être développées afin de répondre, par exemple, aux problèmes d’approvisionnement que l’on peut rencontrer sur notre île ».
Ces expositions ont également permis l’implication active d’étudiants. Les élèves du BTS et Bac professionnel « études et réalisations d’agencements » (ERA) du lycée Petro-Attiti ont collaboré à la préparation des expositions. Malgré les difficultés liées à la fermeture de leur établissement, endommagé lors des événements de mai 2024, ils ont poursuivi leur travail en s’installant temporairement au lycée Jules-Garnier. Privés de plateaux techniques et de stages, ils ont mis en place un système de « co-working inversé », où les professionnels viennent à leur rencontre pour les accompagner.
Par ailleurs, les élèves du BTS communication du lycée Lapérouse ont réalisé des supports pédagogiques pour enrichir la visite. Grâce à des QR codes, les visiteurs pourront accéder à des vidéos sur l’écoconstruction, contribuant ainsi à rendre ces expositions plus interactives et inclusives.
Damien Chaillot