Aérien : Une étude recommande à Air Tahiti Nui de supprimer Tokyo et Seattle au profit de Honolulu et Sydney

©Jason You Kai Ming

Aérien : Une étude recommande à Air Tahiti Nui de supprimer Tokyo et Seattle au profit de Honolulu et Sydney

Commandé par le gouvernement de la Polynésie française, l’étude du cabinet de conseil Arthur D. Little sur la compagnie internationale Air Tahiti Nui, que notre partenaire Radio 1 Tahiti s’est procuré, recommande la suppression de certaines lignes -déficitaires- pour l’ouverture d’autres destinations. Une étude pondérée par le président Moetai Brotherson, avant que la compagnie ne tranche lors de son conseil d’administration en octobre.

Le rapport d’Arthur D. Little présenté au conseil d’administration d’Air Tahiti Nui le 7 juillet dernier met la situation actuelle de la compagnie à plat et propose plusieurs choix pour espérer, à moyen et long terme, enrayer ses pertes chroniques -22 milliards de Fcfp de déficit cumulé (184,360 millions d’euros), dont 2,8 milliards (23,5 millions) en 2024- et aussi contribuer aux objectifs de fréquentation touristique.

Parmi les chiffres saillants de l’étude, Seattle et Tokyo s’affichent comme les destinations les plus déficitaires de la compagnie : 1,68 milliard de Fcfp de perte sur le hub nord-américain voisin du Canada -soit 86% du déficit de 2024-, et 875 millions de Fcfp de perte sur la mégalopole japonaise avec un taux de remplissage d’à peine 50%.

Pour Tokyo, la conjoncture économique du Pays du Soleil levant n’aide pas. Pour Seattle, « l’étude pointe un prix du billet trop bas » et « l’immobilisation d’un équipage sur place est aussi un facteur aggravant pour la productivité », précisent nos partenaires de Radio 1 Tahiti. A contrario, Air Tahiti Nui engrange 1,1 milliard de Fcfp d’excédent brut d’exploitation sur Los Angeles, sa route historique. Paris, avec un résultat de moins 212 millions, et Auckland avec moins 274 millions, sont considérées « à l’équilibre ».

L’étude recommande ainsi de supprimer Seattle et Tokyo du programme d’Air Tahiti Nui, et de se concentrer sur « des destinations déjà dynamiques, des marchés émetteurs les plus larges possible, qui ont une bonne image de la Polynésie, accessibles en vol direct mais pas trop loin, puisqu’une destination à plus de 9 heures de vol et desservie une ou deux fois par semaine génère des surcoûts importants, en carburant et en personnels navigants supplémentaires », détaille Radio 1.

Dans les options avancées par le cabinet de conseil stratégique, outre la fermeture de Seattle et Tokyo : l’ouverture d’une ligne vers Honolulu pour continuer à desservir l’Asie via l’archipel hawaiien, l’ouverture d’une ligne directe vers Sydney pour attirer de potentiel visiteurs australiens et créer un second lien avec l’Asie, ou encore l’ouverture vers San Francisco pour pallier la fermeture de Seattle, malgré la présence sur ce créneau de French bee et United Airlines.

L’étude recommande aussi le maintien d’un Papeete - Paris via Los Angeles et d’un Papeete – Auckland, tout « en adaptant les horaires et augmentant la fréquence, pour mieux capter la demande locale et la demande entre NZ-USA/CAN ». Enfin, à plus long terme, le cabinet évoque la possibilité pour Air Tahiti Nui d’envisager une desserte hebdomadaire vers Hong Kong. Côté flotte, Arthur D. Little propose deux scénarios : la maintenir à l’identique (quatre Boeing 787-9 Dreamliner), ou passer à six appareils, soit quatre A330-900neo et deux A321XLR pour Auckland et Honolulu.

Appelé à réagir à cette étude, le président de la Polynésie, en charge du Tourisme et de l’Aérien, a pondéré les recommandations de l’étude, « ligne de base » ou « outil de travail pour savoir où on en est aujourd'hui sur chacune des routes, qu'est-ce qu'on gagne, qu'est-ce qu'on perd et pourquoi. Et ensuite, d'avoir une analyse et de faire des projections sur d'autres routes ». « Le prédicat de base d'une compagnie aérienne, c'est qu'elle amortisse ses charges fixes. Ce qui veut dire que si on baisse le nombre d'heures de vol d'un côté, il faut les augmenter de l'autre » a-t-il expliqué lundi à Tahiti-infos, à l’ouverture du brainstorming annuel du GIE Tahiti Tourisme.

Pour l’heure, la suppression de la ligne Papeete – Tokyo, devenue saisonnière, ne semble pas privilégiée. Le gouvernement local -quelle que soit sa couleur politique- et son office du tourisme ont toujours été soucieux de maintenir une ligne directe vers l’Asie, quitte à choisir une autre destination sur ce continent. Pour Seattle, la compagnie avait déjà réduit la voilure en supprimant la continuité vers Paris, tout en affirmant son souhait d’y rester.

Quant à l’ouverture d’une route vers Sydney, Air Tahiti Nui avait tenté dans les années 2000, mais sans succès, une liaison entre la grande ville australienne et New York en passant par Tahiti-Faa’a. Et malgré la faible part de touristes australiens en Polynésie, le directeur des opérations internationales au GIE Tahiti Tourisme Hironui Johntson, estime que ce marché, habitué des Fidji, peut être stimulé par une ligne directe, en lien également avec les croisiéristes basés sur le territoire.

Les recommandations de l’étude du cabinet Arthur D. Little ont été révélées alors que l’ISPF fait état de bons chiffres sur la fréquentation touristique depuis le début de l’année, laissant entrevoir une nouvelle année record pour le tourisme en Polynésie. Reste à savoir ce que décidera le conseil d’administration d’Air Tahiti Nui, dont la Polynésie française est propriétaire à 84,82% du capital, pour enrayer le déficit chronique qui s’est installé depuis la sortie de la crise covid et répondre aux objectifs de 600 000 touristes -ou équivalent en valeur- d’ici les dix prochaines années.

 Avec Radio 1 Tahiti