Un an après le lancement de son premier vol commercial entre Nouméa et Paris via Bangkok, la compagnie dresse un bilan « positif » de cette nouvelle ligne, qui représente désormais 40 % de ses recettes. Un « pari réussi » qui a permis de sauver Aircalin, frappé de plein fouet par la crise du 13-Mai et la chute vertigineuse de son nombre de passagers. Explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
Miser sur l’extra long-courrier comme « choix stratégique » pour sauver la compagnie, qui devait faire face à une chute libre de son activité depuis la crise du 13-Mai. C’est le challenge que s’est lancé Aircalin il y a tout juste un an, en opérant entièrement et pour la première fois un vol commercial entre Nouméa et Paris, via Bangkok. Un « pari réussi », s’est félicité la direction de la compagnie à l’hibiscus, qui a convié la presse jeudi 11 novembre, pour tirer un bilan « positif » de la ligne en cette date anniversaire.
Pour rappel, en 2024, Aircalin a subi de plein fouet les conséquences des émeutes, qui ont conduit à l’effondrement du tourisme et donc de l’activité de la compagnie de manière durable. En témoignent ces chiffres : l’an passé, près de 270 000 passagers ont voyagé à bord des avions de la compagnie, contre 455 000 initialement prévus, soit un recul de 50 %. Alors que la société se remettait à peine de la longue pandémie de la Covid-19, cette nouvelle crise a mis sa pérennité en péril.
Création d’une trentaine d’emplois
En parallèle d’un plan d’urgence, notamment synonyme de fermetures de rotations (vers Melbourne et Tokyo), Aircalin a alors misé, pour se relancer, sur cette nouvelle ligne entre Nouméa et Paris. Objectif : compenser la baisse de la fréquentation sur les vols régionaux (en raison de la désertion des visiteurs depuis le 13-Mai) afin de générer, via cet extra-long-courrier, de nouveaux revenus. Et ce, en récupérant les recettes du second tronçon Asie-Paris, jusque-là opéré par la concurrence, et qui représente près de 60 % des bénéfices de la ligne Tontouta-Paris.
Ce choix a permis de maintenir la compagnie à flot, grâce à des premiers résultats « encourageants ». Entre janvier et octobre, plus de 30 000 passagers ont voyagé sur cette nouvelle ligne. Ainsi, les revenus générés sur cette rotation sont « supérieurs aux prévisions » et représentent 40 % des recettes totales de la compagnie.
« Cette route via Bangkok correspond aujourd’hui à un tiers des flux vers Paris. Elle nous a permis de retrouver l’équilibre financier et de créer une trentaine d’emplois », affirme Georges Selefen, PDG de la compagnie, jugeant bon de préciser que ce plan, qui « récolte les premiers fruits de nos efforts », a été mis en place en « un temps record » par les équipes.
Acquisition de deux Airbus A350
Si le nombre de passagers devrait avoisiner les 295 000 voyageurs au 31 décembre -contre environ 270 000 en 2024-, il reste en berne, avec une baisse de 20 % du trafic global comparé à 2023. « C’est donc bien le fait de capter 100 % de la valeur des vols Nouméa-Paris qui nous a fait un bien fou d’un point de vue économique et qui a permis de stopper la perte de revenus pour retrouver l’équilibre », insiste le directeur commercial Arnaud Gervais. Dans ce contexte, une troisième rotation hebdomadaire via Bangkok a été mise en place fin novembre.
Au-delà de sauver la compagnie, ces bons résultats confortent la direction dans sa stratégie de faire l’acquisition de deux nouveaux Airbus A350 pour assurer ces vols extra-long-courriers. Des appareils attendus à La Tontouta d’ici décembre 2026, puis dans le courant de l’année 2028. « Le financement est en cours de bouclage et contrairement à ce qu’on a pu entendre, il n’y a pas de participation de la Nouvelle-Calédonie », assure Georges Selefen. « 17 % de cette enveloppe sont apportés sur financement propre, et le reste est pris en charge par la défiscalisation et par des emprunts auprès de financiers internationaux. »
L’arrivée programmée en décembre 2026 puis en 2028 de deux Airbus A350 va étoffer la flotte de la compagnie à l’hibiscus, jusque-là composée de quatre appareils : deux A320 neo (pour les vols régionaux) et deux A330 neo. Afin de réaliser des économies, l’un des A320 est actuellement loué, mais Aircalin compte reprendre la main dessus d’ici la fin de l’année prochaine. C’est à cette même période que le premier A350 devrait arriver à La Tontouta. Et ce, sachant qu’en 2028, lors de l’arrivée du second A350, l’un des deux A330 neo sera revendu.
En clair, la société devrait donc d’ici un an disposer de manière durable de cinq appareils : deux avions destinés aux vols régionaux et trois gros-porteurs tournés vers le long et l’extra long-courrier. De quoi envisager de nouvelles destinations ? Possible. « Nous pourrions rouvrir les lignes suspendues avec Melbourne, voire avec Tokyo, mais cela ne se ferait qu’en fonction de la reprise, ou non, du tourisme vers la Nouvelle-Calédonie », précise Arnaud Gervais.
Anthony Tejero pour Les Nouvelles Calédoniennes























