Alors que la saison des baleines s’ouvre à Mayotte, Ceta’Mahore dresse le bilan du projet Wujua 2. De l’année 2024 au 1er semestre 2025, plus de cent bénévoles formés ont contribué à répertorier des données scientifiques sur les cétacés. Données qui seront répertoriées au niveau international. Détails avec notre partenaire Mayotte Hebdo.
Le lagon de Mayotte : un florilège d'habitats qui accueillent de nombreux cétacés
À Mayotte, le lagon et ses alentours incarnent un refuge pour de plus en plus d’espèces de mammifères marins. Sur place, scientifiques, bénévoles comme associations, œuvrent pour protéger ces espèces en danger. C’est le cas d’Esmeralda, dernier dauphin à bosse de l’île. Il n’est pas rare de voir la femelle se balader accompagnée d’un jeune dauphin à long bec. Les deux sont inséparables. Si certains suspectent Esmeralda d’avoir volé le petit à sa mère, les plus optimistes affirment qu’elle a recueilli le delphineau, le sauvant ainsi des dangers de l’Océan Indien. Pour protéger ces espèces précieuses mais souvent en danger, l’association Ceta’Mahore a mis en place un programme d’observation des cétacés : Wujua 2.
Deuxième édition du projet wujua : Quelles actions ?
Après avoir écumé les océans de l’Australie à Marseille, David Lorieux a rejoint Ceta’Mahore en tant que chargé du pôle scientifique en 2023. Leur projet central ? Le projet Wujua, "connaître" en shimaore. Wujua est né en 2023 grâce à un compagnonnage avec Globice, une association basée à la Réunion. Après avoir constaté qu’il y avait un manque flagrant de données scientifiques sur les cétacés dans l’océan Indien, l’objectif du projet était d’organiser un suivi de six mois pendant la saison des baleines. Au vu du succès de la première édition, les financements par l’OFB ont été renouvelés pour le projet Wujua 2 qui s’est étendu de 2024 à juin 2025. L’objectif premier du projet était d’observer et d’acquérir des connaissances sur les mammifères marins à Mayotte. Connaître permet de mieux les protéger. La majeure partie de ce travail a été réalisée par des bénévoles formés par David. Plus on connaît un sujet, plus on s’y intéresse. Pour ce faire, Ceta’Mahore a aussi organisé des interventions davantage destinées à un jeune public. Des animations en classe aux sorties en mer, les jeunes mahorais ont pu découvrir la richesse du lagon. Le projet incluait également la participation au réseau d’échouage de Mayotte en partenariat avec Oulanga Na Nyamba, une association chargée de la préservation des tortues sur l’île. Le but ? Surveiller, intervenir, et collecter des données quand un animal s’échoue sur les plages.
Et en termes de résultats ?
Cette deuxième édition a relevé le défi. De nouveaux bénévoles pourront donc sûrement embarquer pour une troisième édition ! Le nombre de prestataires pour emmener des bénévoles en mer a triplé. De 2 formations et 30 bénévoles formés en 2023, l’association en est maintenant à 147 observateurs formés pour 8 sessions de formations et 43 sorties en mer. Cette évolution a permis de prospecter 4290 kilomètres, et de recueillir des données sur 146 groupes de mammifères marins dont 11 espèces encore jamais observées ! Les données scientifiques recueillies seront transmises à l'État. Elles rejoindront ainsi la base de données de la SINP (Système d’Information de l’inventaire du Patrimoine naturel). Le parc marin se chargera de centraliser les informations en ce qui concerne Mayotte.
L’aventure continue à embarquer toujours plus de monde
De nouveaux projets sont déjà validés. Le parc marin financera le protocole Wujua. De jeunes mahorais pourront ainsi partir en mer pour découvrir le lagon et les bases de l’observation à visée scientifique. Des manuels pédagogiques seront aussi distribués aux enseignants dans les écoles pour une meilleure connaissance du lagon et des mammifères qui l’habitent.
L’association continue à chercher des subventions pour développer le projet. Si les sorties prestataires ne représentent pas le plus gros impact au niveau financier, la privatisation des bateaux reste chère. L’OFB, qui a financé la première et la seconde édition, devrait continuer à apporter son soutien au projet Wujua au vu des résultats concluants de l’association. Grâce aux bouches à oreilles, un effet boule de neige permet de mieux connaître les actions de Ceta’Mahore au niveau régional et leur impact positif sur l’île. Si aux prémices du projet, seuls des gens de l’hôpital se portaient volontaires, la deuxième édition a vu arriver des profils plus hétérogènes avec de jeunes mahorais formés à la biologie, des étudiants, d’autres membres d’associations, ou des curieux qui se sont laissé embarquer dans l’aventure. David Lorieux insiste sur l’importance de la formation et de l’inclusion des jeunes au niveau local : " Plus on connaît un sujet, plus on a de chance de s’y intéresser. Les dauphins sont des espèces qui fascinent. Il faut partager les connaissances qu’on a acquises sur ces mammifères pour mobiliser les locaux. " L’océan et ses habitants représentent une richesse centrale de l’île. Ce n’est pas un lieu à craindre mais à préserver. Particulièrement en saison des baleines, la vigilance est de mise. Nos voisines de lagon, venues à Mayotte pour se reproduire, mettre bas et alimenter leurs petits, sont particulièrement vulnérables. Elles ont donc besoin de calme et de tranquillité.
Au sein du parc marin où toutes les espèces sont de facto protégées, il est indispensable de respecter la réglementation en vigueur. Si vous souhaitez en savoir plus sur les résultats du suivi participatif de Wujua 2 ou que vous voulez rejoindre l’aventure au prochain chapitre, rendez-vous le mercredi 20 août au Dagoni. Et si en cette saison des baleines, vous voulez plutôt participer au premier festival dédié à cet animal, rendez-vous le 30 août dès 14 heures à la plage du Faré !
Par Mayotte Hebdo