Innovation en Outre-mer. La startup réunionnaise CapstonAI, fondé par Greg Hanffou, réinvente la visibilité des entreprises sur le web à l’ère de l’IA

Innovation en Outre-mer. La startup réunionnaise CapstonAI, fondé par Greg Hanffou, réinvente la visibilité des entreprises sur le web à l’ère de l’IA

Avec tout juste six mois d’existence, CapstonAI s’impose déjà dans l’écosystème numérique réunionnais. La jeune pousse a été conviée par la French Tech La Réunion à Maurice lors de la visite du président Emmanuel Macron, les 20 et 21 novembre derniers. Une reconnaissance pour la jeune start-up fondée par Greg Hanffou, un entrepreneur au parcours aussi dense que singulier.

À 42 ans, Greg Hanffou a déjà passé plus de deux décennies à disséquer des bases de données, modéliser des comportements clients et construire des outils capables de personnaliser des millions d’interactions pour La Redoute, Décathlon ou encore de grands acteurs internationaux. Europe, Afrique, Amérique du Sud, Asie… Son parcours est un atlas. Mais c’est à La Réunion qu’il a choisi de poser ses valises pour lancer, il y a six mois, CapstonAI, une start-up qui veut répondre à un défi devenu urgent pour les entreprises : comment rester visible sur le web alors que l’intelligence artificielle bouleverse radicalement les moteurs de recherche ?

Pour Outremers360, Greg Hanffou nous accompagne dans ce changement d’ère. Car, pour lui, une certitude s’impose, l’intelligence artificielle et l’intelligence humaine forment un duo indispensable : « L’IA a besoin de l’intelligence humaine pour comprendre les enjeux et en évaluer les impacts », souligne-t-il.

Un parcours international au service du client

Greg Hanffou raconte : « J’ai commencé avec les bases de données pour faire de l’ultra-personnalisation d’offres. Je gérais des bases de 35 millions de personnes, faisais du scoring pour savoir qui passait client et quand, et comment proposer le bon produit au bon moment. C’est cette logique qui est aujourd’hui à la base des modèles de langage et de l’IA. »

Son parcours l’a conduit du marketing direct au digital data automation : « Entre la France, le Brésil, le Nigeria, le Ghana, j’ai appris à relier les données clients, à mesurer ce qui fonctionne et à améliorer l’expérience globale. Aujourd’hui, c’est exactement ce que l’on fait pour le référencement : analyser, optimiser, et mettre à jour les sites de façon dynamique pour rester visibles. »

C’est cette conviction qui irrigue CapstonAI, aujourd’hui forte de sept collaborateurs, bientôt dix d’ici la fin de l’année, incubée à la Technopole de La Réunion et soutenue par Google, Nvidia et BPI France.

De SEO à GEO : un changement de paradigme

Depuis l’arrivée de l’IA générative dans la recherche, le comportement des utilisateurs a changé. Une part croissante des requêtes commence désormais par une question posée à une IA plutôt qu’à un moteur traditionnel.

Greg revient sur le point de bascule que vivent actuellement les entreprises : le passage du référencement classique (SEO) vers un référencement entièrement réinterprété par les IA, le GEO, pour Generative Engine Optimization. « Avant, Google te proposait les 13 premiers résultats. Aujourd’hui, avec les IA, tu n’en vois plus que trois. »

Ce glissement est colossal. Là où les entreprises pouvaient encore exister en bas de la première page, les moteurs dopés à l’IA comme Gemini, ChatGPT, Perplexity ou les nouvelles AI Overviews de Google (disponible hors UE) ne conservent que trois réponses synthétiques.

Le décor est posé : moins de place, plus de concurrence, et un risque massif d’invisibilité comme l’explique Greg : « Si ton site n’est pas optimisé pour les IA, tu n’apparaîtras jamais dans ce top 3, même si tu étais 8ᵉ ou 12ᵉ avant. » Pour beaucoup d’entreprises, ce n’est plus une simple mise à jour algorithmique. C’est une nouvelle bataille pour exister.

Un abonnement mensuel tout compris

Face à cette mutation, CapstonAI ne se contente pas d’optimiser des mots-clés, elle reconstruit la manière même dont les contenus sont compris, interprétés et choisis par les IA génératives.

Grâce à un tableau de bord qui analyse le site chaque mois, CapstonAI détecte les manques et propose des actions concrètes de génération de contenus dynamique au regard de l’historique du site, des mots-clés et du secteur d’activité. « Les pages s’adaptent en temps réel aux événements et tendances : Black Friday, Noël, Super Bowl ou toute autre actualité pertinente. Notre objectif, c’est que le site ne dorme jamais. Un site statique, aujourd’hui, c’est un site condamné. Après deux semaines d’utilisation, certaines questions voient déjà leur visibilité progresser. » assure Greg

Et pour cela Greg donne quelques conseils : « Il faut repenser complètement la rédaction de son site, inclure des questions et leurs réponses et ajouter des FAQ en bas de chaque page. Au bout d’environ deux semaines, certaines questions commencent à gagner en visibilité et à améliorer le référencement. »

Enfin, l’abonnement inclut une mise en conformité progressive avec les normes WCAG (Web Content Accessibility Guidelines). « Un site accessible est un site mieux compris par tout le monde, y compris par les IA », explique Greg. Les métadonnées sont automatiquement complétées pour que tous les internautes puissent naviguer correctement. Au-delà de l’obligation réglementaire, l’accessibilité devient un critère de performance pour les moteurs de recherche.

L’abonnement inclut également des formations e-learning via l’Académie, qui sera lancée le 1er décembre avec à la clé, la délivrance d’un certificat.

La Réunion to the World

Dès la semaine prochaine, CapstonAI lancera une solution SaaS qui permettra à chaque entreprise d’évaluer sa visibilité sur l’ensemble de ses sites et dans différentes langues. « Nous appelons notre approche La Réunion to the World. Depuis ici, nous pouvons accompagner les entreprises locales à gagner en visibilité, mais aussi conquérir l’Afrique subsaharienne et l’océan Indien. » Car pour Greg, le déploiement doit se faire dans l’océan Indien puis en Afrique, avant l’Europe : « La Réunion est un laboratoire idéal. Si ça marche ici, ça marchera ailleurs. » 

Démystifier l’IA

Très impliqué dans les débats sur l’avenir du travail, Greg Hanffou nuance les discours alarmistes. Selon lui, les métiers ne vont pas disparaître, « les compétences et les missions vont évoluer, selon 3 dynamiques upskilling (monter en compétence), reskilling (faire évoluer son métier), cross-skilling (explorer de nouveaux domaines). » Il ajoute : « L’IA ne remplace pas les personnes : elle transforme leurs compétences. Le vrai risque, c’est de ne pas se former. » De quoi rappeler que cette l’IA n’est pas une rupture, mais un outil professionnel à maîtriser.

EG