Connectivité, extension, décarbonation : Sous la direction de Thomas Dubus, l’aéroport de La Réunion Roland-Garros poursuit sa transformation

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Connectivité, extension, décarbonation : Sous la direction de Thomas Dubus, l’aéroport de La Réunion Roland-Garros poursuit sa transformation

Arrivé en septembre à la tête du directoire de l’aéroport international La Réunion Roland-Garros, Thomas Dubus poursuit la transformation de l’infrastructure entamée par son prédécesseur, tout en amorçant, dès 2026, le développement de sa connectivité dans la région. À cela s’ajoutent des projets d’envergure pour la décarbonation de l’aéroport, notamment une ferme photovoltaïque avec stockage et un SWAC. Outremers360 a eu, en exclusivité, les premières déclarations à la presse du nouveau dirigeant de la première porte d’entrée réunionnaise.

Nommé en mai dernier pour succéder à Guillaume Branlat, Thomas Dubus a officiellement pris ses fonctions en septembre. Avec « 25 ans de carrière dans le milieu aéroportuaire », le nouveau président du directoire de l’aéroport international La Réunion Roland-Garros connaît bien le sujet, pour avoir notamment évolué à la direction des grands aéroports parisiens mais aussi régionaux.

Avant La Réunion, Thomas Dubus était directeur d’exploitation de l’aéroport Paris-Beauvais, une expérience « instructive pour apprendre tout le modèle low-cost, la clientèle principale étant la compagnie Ryan Air ». « Je m'occupais de toute la partie exploitation sur une activité assez large qui allait de l'assistance en escale jusqu'à la gestion des opérations de la plateforme », précise-t-il.

Auparavant, Thomas Dubus officiait sur Paris-Orly en tant que directeur des opérations, « notamment pour mener un projet assez emblématique de transformation de la plateforme avec la mise en place de ce qu'on appelle un APOC, un centre de supervision et de décision de la plateforme ».

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Le dirigeant fut également président du directoire de l'aéroport de Strasbourg pendant dix ans, « sur un format relativement similaire à celui de Roland-Garros » mais « avec un trafic légèrement inférieur, et toute une transformation de la plateforme, d’un trafic classique domestique vers un modèle low-cost ». Enfin, Thomas Dubus a aussi officié sur la plateforme CDG ainsi que d’autres aéroports provinciaux et ce, pour le compte de Keolis Airport.

Recruté après une procédure classique, Thomas Dubus confie avoir « un profil de développeur ». « Sur mes différentes expériences, je me suis investi sur la transformation stratégique des plateformes, ou sur le développement du trafic et de la rentabilité de celles-ci » explique le diplômé de Sciences Po, qui a affuté son expertise de l’aéronautique et de l’aéroportuaire sur le terrain.

Ouvrir l’aéroport de La Réunion à d’autres destinations

C’est donc avec ce parcours qu’il prend les rênes de l’aéroport le plus fréquenté en Outre-mer, qui devrait clôturer l’année avec environ 2,7 millions de passagers et une croissance en hausse, légèrement sous les 5%. De bons chiffres qui justifient la transformation de l’aéroport, entamée par son prédécesseur avec l’emblématique nouvelle aérogare arrivée bioclimatique ou encore, la baisse des émissions carbone de l’aéroport, équipé depuis quelques années déjà de panneaux photovoltaïques.  

Sur sa feuille de route, Thomas Dubus devra en premier lieu, développer la connectivité de l’aéroport. Si le « trafic est dynamique », « il est encore très dépendant des liaisons sur Paris ». « L'objectif premier est de développer tout le réseau océan Indien. C'est ce qui est attendu par le territoire », et notamment le Comité du tourisme réunionnais. Si l’île dessert bien sa région et ce, jusqu’à l’Asie du Sud-est avec Bangkok, et l’Afrique du Sud, ces liaisons « ne couvrent pas tous les besoins du territoire ».

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« L'objectif est de développer sur l'Afrique, sur l'Asie, sur l’Inde, un certain nombre de destinations. C'est un axe très fort sur lequel, j'espère, on va pouvoir, dès l'année 2026, annoncer des nouveautés en termes de liaisons. L'objectif étant de construire avec les partenaires existants autant que possible pour alimenter un hub océan Indien » à La Réunion, assure le président du Directoire.

Naturellement, ce développement de la connectivité va de pair avec les partenaires locaux de l’aéroport et au premier desquels, la compagnie Air Austral. Mais l’aéroport doit aussi faire avec les contraintes de la compagnie, et notamment de sa flotte. « Dès lors, sur un certain nombre de destinations, il va nous falloir aller chercher de nouveaux partenaires qui vont améliorer, construire avec l'existant et non pas positionner des compagnies en concurrence sur les liaisons existantes ».

Pour mener à bien ce premier axe sur le développement de la connectivité, Thomas Dubus a, à son arrivée, créé un poste de responsable aéronautique au sein de pôle de développement de la direction de l’aéroport, assuré par Willy Ethève. « L'objectif est de se donner les moyens d'aller chercher de nouveaux partenaires, mais des partenaires qui vont construire avec la compagnie Air Austral » assure Thomas Dubus qui, pour l’heure, ne fera pas d’annonce précise. Une certitude : « tout ce qu'on peut faire en partenariat avec Air Austral, on le fait ».

Un aérogare « départs » étendu et réaménagé à l’horizon 2028

L’autre axe important de la feuille de route de Thomas Dubus : la poursuite du réaménagement de l’aéroport. En 2024, toute la partie « arrivées » de l’infrastructure a été déplacée dans l’aérogare bioclimatique, avec également un traitement des bagages remis aux dernières normes européennes. « L'enjeu, c'est de reconfigurer l’aérogare historique, pour le transformer en aérogare départ et optimiser ses espaces ». 

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Pour l’heure, des aménagements « a minima » ont été effectués. L’ancienne salle de livraison des bagages a, par exemple, été récupérée pour l’embarquement. La phase la plus importante de cette transformation va débuter en 2026, durer deux ans pour un investissement de 50 millions d’euros. « On va étendre notre aéroport départ pour gagner des capacités » explique Thomas Dubus, qui souligne deux problématiques : les heures de pointe concentrées le soir et le matin, l’enregistrement et les contrôles police et sûreté.

Sur l’enregistrement, « Air France et Air Austral proposent maintenant à leurs passagers de s'enregistrer jusqu'à 12 heures avant le décollage du vol, ce qui permet de lisser un petit peu la pointe à l'entrée du vol ». Pour ce qui est des contrôles sûreté et police, l’aéroport devrait, dans le cadre de ce projet, passer aux normes EDS3 grâce à une extension de l’aérogare « départs ». « On passera d'une technologie type rayon X à une technologie de type IRM » et donc, un passage plus rapide à la sûreté aéroportuaire. 

Outre l’enregistrement et les contrôles, Thomas Dubus évoque aussi « la qualité de service ». « L'idée, c'est d'augmenter nos surfaces commerciales et les espaces pour les passagers en salles d'embarquement (…). Il faut qu'on aille chercher la capacité du service, qu'on réaménage l'ensemble de notre espace commerce, qu'on augmente nos capacités d'assises pour nos passagers et ainsi améliorer notre qualité de service pour ces derniers ». Le projet global de réaménagement et d’extension de l’aérogare existant doit bientôt être présenté aux instances de l’aéroport.

Un « centre de commandement » centralisé

À côté de ce projet, le président du Directoire évoque aussi le « volet de performance » qui va passer par « la digitalisation du parcours passager et la création d'un centre de commandement centralisé » : APOC. « C'est un projet que j'ai pu mener à Orly et qui a totalement transformé la plateforme (…). L'idée, c'est de regrouper tous les acteurs de l’aéroport (État, sous-traitants, compagnies aériennes, exploitant) à un seul endroit pour avoir un seul poste de pilotage et qu'on avance tous en simultané », détaille Thomas Dubus.

Si l’aérogare existant ne pourra pas être bioclimatique à l’instar de l’aérogare arrivée, cela n’empêche pas la direction de l’aéroport de poursuivre sa transition énergétique, déjà bien entamée depuis les années 2010. Et c’est l’autre « axe fort » de la feuille de route de Thomas Dubus : la « décarbonation ». « Notre ambition, c'est de viser l'autonomie énergétique et le zéro impact carbone sur tout ce volet énergétique. La grosse réalisation de l'année 2025, ça a été l'accréditation ACA4 + (Airport Carbon Accreditation) ».

Une ferme photovoltaïque avec stockage et un SWAC

Pour poursuivre sur sa lancée et atteindre l’ACA 5, niveau le plus élevé, « on a deux projets majeurs pour lesquels on vient de lancer les consultations, pour identifier les partenaires qui vont nous permettre de les mettre en œuvre », annonce Thomas Dubus. Le premier : une grande ferme photovoltaïque avec du stockage d'hydrogène. « L'idée étant de produire de l'énergie solaire sur la journée, de le stocker en hydrogène en cas d'absence de soleil, soit pour des conditions météo, soit de nuit, et d'utiliser cet hydrogène durant ces périodes ».

« Aujourd'hui, on produit 30% de notre énergie électrique grâce aux fermes photovoltaïques existantes sur la plateforme » poursuit le dirigeant. « Et la limite, c'est quand il n'y a pas de soleil ». « Là, avec cet hydrogène, on va pouvoir stocker toute cette énergie et l'utiliser sur toutes les périodes où on ne le produit pas. C'est le premier grand axe qui va nous permettre de nous approcher de l’autonomie énergétique et du zéro impact carbone ».

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« L'autre projet majeur, c'est un projet de SWAC » annonce encore Thomas Dubus. Né en Polynésie française, le SWAC consiste à puiser les eaux froides des profondeurs pour alimenter les bâtiments en climatisation et ainsi, de réduire la consommation électrique de grandes infrastructures comme les hôtels -premiers à avoir installé cette technologie en Polynésie- ou les hôpitaux.

« On a toutes les briques pour pouvoir mettre en place notre SWAC et surtout, on consomme suffisamment pour justifier notre propre projet de SWAC. On n'a pas besoin d'aller chercher des partenaires autour. On peut maîtriser notre projet, y associer des parties prenantes, mais qui viendront en plus et qui ne remettront pas en cause la viabilité du projet » assure Thomas Dubus. « Là, on vient de lancer la consultation pour identifier des partenaires sur la réalisation de ce SWAC ».

Bien entendu, l’objectif de décarbonation concerne uniquement l’aéroport, qui n’a aucune influence sur la consommation en carburant des aéronefs, mis à part ses efforts pour proposer aux compagnies des Carburants d’aviation durables (CAD) ou Sustainable aviation fuels (SAF). Au sol, l’aéroport de La Réunion va tout de même lancer dans les semaines à venir une alimentation électrique des avions parqués sur le tarmac qui, dans l’attente des débarquements et embarquements, n’auront plus besoin d’un moteur auxiliaire thermique pour continuer à fonctionner.