PORTRAIT. La Guadeloupéenne Morgane Egerton au service des entrepreneurs ultramarins avec INOPLEX Outre-mer

PORTRAIT. La Guadeloupéenne Morgane Egerton au service des entrepreneurs ultramarins avec INOPLEX Outre-mer

Après près de deux ans passés en Tanzanie, la Guadeloupéenne Morgane Egerton est de retour en France depuis maintenant deux mois. À peine les valises posées, elle se prépare déjà à relever un nouveau défi en tant que chargée de projet au sein d’INCO Group, une structure engagée pour une économie inclusive et durable. Dès septembre prochain, elle prendra la direction d’INOPLEX Outre-mer, un programme qui sera déployé en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion. Soutenu par Bpifrance dans le cadre d’Entrepreneuriat Quartiers 2030, ce dispositif offrira douze mois d’accompagnement sur mesure à des entrepreneurs à impact. La promotion 2025 est en cours de finalisation.

 Elle était censée être en vacances, dans son territoire d’origine en Guadeloupe, et pourtant… Morgane Egerton prend le temps de répondre à ses mails professionnels et a déjà rencontré quelques acteurs du prochain projet qu’elle s’apprête à piloter, alors qu’elle est arrivée il y a à peine quelques jours. 

« C’est une période charnière », glisse-t-elle. « On est en train de finaliser notre première promotion d’INOPLEX Outre-mer et de caler toute la logistique des bootcamps. Ce sont des moments intenses, car on doit à la fois préparer l’accueil des entrepreneurs, organiser les interventions, mais aussi penser à tout l’accompagnement qui viendra ensuite. On pose les fondations. » 

Depuis son retour de Tanzanie en juin 2025, où elle a passé près de deux ans à accompagner des structures d’appui à l’entrepreneuriat, la jeune Guadeloupéenne n’a pas ralenti le rythme, bien au contraire. Dans quelques semaines, elle prendra la tête d’INOPLEX Outre-mer, un dispositif déployé simultanément en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion, pensé pour accélérer la croissance des entreprises ultramarines à impact social et environnemental. 

Porté par INCO Group et soutenu par Bpifrance dans le cadre du programme Entrepreneuriat Quartiers 2030, INOPLEX Outre-mer propose douze mois d’accompagnement gratuit mêlant ateliers collectifs, coaching individuel et rencontres inter-îles. Jusqu’à quinze entrepreneurs seront retenus dans chaque promotion, avec un objectif clair : consolider leur modèle économique, renforcer leurs compétences et leur ouvrir des perspectives au-delà de leur territoire d’implantation. « On ne vient pas avec un modèle prêt à l’emploi. Ce qui m’intéresse, c’est de partir des réalités du terrain, de comprendre les freins et les leviers propres à chaque territoire pour créer un accompagnement sur mesure. C’est la clé pour avoir un impact durable. »

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L’appel à projets lancé fin mai a suscité une soixantaine de candidatures. Fin juillet, onze projets ont déjà été sélectionnés. « On garde la possibilité d’intégrer encore quelques lauréats pour arriver à quinze », précise la chargée de projet, qui espère accompagner le plus grand nombre d’entrepreneurs possible. Les profils recherchés ? Des entreprises déjà en activité depuis trois à quatre ans, réalisant au moins 20 000 à 30 000 euros de chiffre d’affaires, avec un fort potentiel d’impact local. « Ce qui m’importe, c’est que chaque entrepreneur reparte avec des outils concrets, des perspectives nouvelles et un réseau solide. Si, à la fin des douze mois, ils se sentent mieux armés pour se développer et qu’ils ont créé des liens entre territoires, alors on aura vraiment réussi notre mission. »

Une expérience du terrain

Des outils concrets, c’est également ce que Morgane Egerton a proposé en 2023, lorsqu’elle s’installe à Tanga, au nord de la Tanzanie, près de la frontière avec le Kenya. Sa mission alors : aider les structures locales d’appui à l’entrepreneuriat à renforcer leurs capacités. Sur place, elle découvre un écosystème dynamique mais limité par un manque de moyens et de structuration. 

« On ne pouvait pas simplement créer un incubateur et attendre que ça fonctionne », se souvient-elle. « Il fallait d’abord consolider les structures qui accompagnent les entrepreneurs, sinon l’impact ne durerait pas. » Durant cette mission, elle pilote un programme visant à accompagner dix organisations  sur une période de quatre mois, autour de thématiques comme la gestion financière, la communication ou la recherche de financements. 

Les résultats sont concrets : deux structures parviennent à lever des fonds, à obtenir le label fablab et à lancer un espace d’innovation. D’autres adaptent leur statut juridique pour mieux correspondre à leur activité. « Voir ces équipes se renforcer, prendre confiance et se projeter dans l’avenir, c’est la plus belle récompense », confie-t-elle. Soucieuse de garantir la continuité, la chargée de projet forme également sur place une chargée d’incubation afin que l’accompagnement se poursuive après son départ. « Mon objectif, c’est que le programme puisse fonctionner sans moi. C’est exactement l’approche que je veux reproduire avec INOPLEX Outre-mer : favoriser l’autonomie. »

Cette expérience en Tanzanie s’inscrit pleinement dans la mission d’INCO Group, structure internationale engagée pour une économie inclusive et durable, présente dans plus de 50 pays. Le groupe soutient des initiatives entrepreneuriales à impact, en misant sur la formation, l’accompagnement et la mise en réseau. « Travailler avec INCO, c’est avoir accès à un écosystème mondial d’experts, de mentors et de partenaires. Cela permet de créer des ponts entre des réalités très différentes, mais qui peuvent s’enrichir mutuellement. » 

Si septembre marquera officiellement le lancement de cette promotion INOPLEX Outre-mer, Morgane Egerton sait déjà que les prochains mois seront denses. Les entrepreneurs sélectionnés bénéficieront de douze mois d’accompagnement, avec une alternance de sessions en ligne, un à deux ateliers collectifs par mois, et des bootcamps en présentiel organisés à tour de rôle en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion. 

Ces bootcamps seront l’occasion pour les lauréats de rencontrer des experts, de se former sur des enjeux précis et de nouer des liens entre territoires. « La mobilité est essentielle. Changer d’environnement, c’est souvent là que naissent les nouvelles idées. On veut que les entrepreneurs repartent avec un carnet de contacts élargi et une vision plus large que leur seul territoire. » En parallèle, la Guadeloupéenne prévoit de mobiliser le réseau international d’INCO Group pour offrir des opportunités au-delà des frontières ultramarines. « L’idée est que les projets puissent aussi trouver des relais dans l’Hexagone, en Europe, voire à l’international, selon leur potentiel. » 

Miser sur l’impact durable

En Guadeloupe pour encore quelques semaines, Morgane Egerton profite de ce passage sur son territoire d’origine pour avancer sur plusieurs démarches. « Je viens avec les yeux grands ouverts et les oreilles grandes ouvertes. L’idée est de co-construire avec les personnes qui accompagnent déjà sur place. Je suis prête à m’investir personnellement et à mobiliser le réseau que j’ai développé au Sénégal et en Tanzanie. » 

Si elle est aussi déterminée, c’est que cet engagement auprès des entrepreneurs s’est forgé tôt. Issue d’un parcours littéraire, la Guadeloupéenne passe par une classe préparatoire en khâgne avant d’obtenir une licence en langues, lettres et sciences humaines. C’est au fil de son master en relations internationales à la Sorbonne Nouvelle que s’affirme peu à peu une conviction : le développement économique peut et doit s’accompagner d’un impact social tangible. Un stage à l’ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Économique) confirme cet intérêt pour l’entrepreneuriat comme levier de développement. Elle enchaîne ensuite des missions à l’international, notamment au Sénégal. 

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Aujourd’hui, au-delà de l’accompagnement des entreprises déjà en activité, Morgane Egerton souhaite développer des modules spécifiques à destination des jeunes porteurs de projets, en lien avec les établissements scolaires et les associations locales. « Il y a une génération pleine d’idées, mais qui ne sait pas toujours par où commencer. Si on peut les outiller tôt, on augmente leurs chances de passer du concept à l’action. »

Les critères d’impact social et environnemental resteront au cœur du dispositif INOPLEX Outre-mer. « Si l’idée est de mettre en œuvre un programme jusqu’en 2027 sur les Outre-mer, je veux voir si  cela peut s’opérer depuis l’une des trois îles. » Les projets soutenus devront démontrer leur utilité pour leur territoire, que ce soit en matière d’emploi local, de protection de l’environnement ou de lien social. « Ce sont des défis universels, mais qui prennent une forme très concrète ici. » Un premier bilan sera dressé de l'action en 2026. 

Abby Said Adinani