Nouvelle-Calédonie : La ministre Naïma Moutchou devoile les piliers du plan de relance pour sortir de la crise

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Nouvelle-Calédonie : La ministre Naïma Moutchou devoile les piliers du plan de relance pour sortir de la crise

La ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou, a annoncé à l’Assemblée nationale la mise en œuvre d’un plan de relance global pour la Nouvelle-Calédonie, destiné à accompagner la sortie de crise du territoire après les violences de 2024 et à consolider l’accord de Bougival. Ce plan, a-t-elle assuré, doit constituer le « pilier économique et social » du nouveau chapitre institutionnel ouvert par l'accord de Bougival.

« La Nouvelle-Calédonie sort d’une période d’extrême tension », a rappelé la ministre, évoquant les violences de mai 2024 qui ont laissé « des traces profondes » avec  des habitants meurtris, des entreprises à genoux et des institutions fragilisées ». La ministre des Outre-mer Naïma Moutchou a salué l’accord de Bougival, signé le 12 juillet 2025 entre indépendantistes, loyalistes et centristes, comme un « acte fondateur ». « Cet accord redonne de la perspective à la Nouvelle-Calédonie, notamment sur le plan institutionnel, et propose un équilibre inédit entre les aspirations indépendantistes et l’attachement à la République », a-t-elle déclaré. L’accord prévoit notamment la création d’un État de Nouvelle-Calédonie, une double nationalité française et calédonienne, ainsi que le transfert progressif de certaines compétences régaliennes.

Au-delà du volet institutionnel, la ministre a insisté sur l’urgence de répondre à la crise économique et sociale qui frappe le territoire. « Bougival ne règle pas tout et Bougival a besoin d'un socle solide», a souligné Naïma Moutchou « Les entreprises ferment, les ménages s’endettent, le chômage des jeunes explose et la vie quotidienne devient chaque jour plus difficile. Si nous n’agissons pas maintenant, la fracture économique viendra nourrir encore un peu plus la fracture politique », a-t-elle mis en garde avant de proposer l'élaboration d'un plan de relance pour le territoire.

Ce plan de relance s’articulerait autour de plusieurs axes. Elle a ainsi un « premier pilier régalien » pour rétablir l’ordre et la justice. « Nous devons avancer sans attendre dans la remise en état des commissariats et accélérer la construction de nouvelles prisons », a affirmé la ministre, dénonçant les conditions de détention « inacceptables » du camp Est. Un travail conjoint avec le ministère de la Justice sera lancé dans les prochains jours pour accélérer ces chantiers. Le second pilier avancé repose sur le développement économique.  « La paix ne se décrète pas, mais se construit avec le travail, par la croissance et la dignité retrouvée des Calédoniens». Naima Moutchou a annoncé des investissements dans la reconstruction des bâtiments publics, les transports, l’accès aux soins, ainsi que dans les secteurs portuaire, logistique et énergétique. Elle a également évoqué un plan de redressement de la filière nickel, jugée stratégique : « Le nickel doit redevenir un atout, à la fois pour le territoire, pour la France et pour l’Europe. Elle a précisé que des mesures fiscales adaptées seront aussi mises en œuvre pour soutenir la consommation et l’investissement local.

L'environnement avec l'adaptation du territoire au changement climatique forme le troisième pilier de ce plan de relance. « C'est une urgence vitale pour les Calédoniens qui subissent les cyclones, la sécheresse, la montée des eaux, les atteintes à la biodiversité», a insisté la ministre.

Les premières mesures devraient apparaître dès le projet de loi de finances pour 2026, avant la mise en place d’un grand plan concerté avec les acteurs calédoniens. 

Pour rappel, le PIB a reculé de 13,5 % en 2024, les finances publiques sont exsangues et les recettes fiscales ont diminué de 21% après les violences de mai 2024. Pour sortir du marasme économique,  l'État et ses partenaires calédoniens ont entamé la semaine dernière des discussions sur le « pacte de refondation économique et sociale ». Claire Durrieu, à la tête de la mission interministérielle de reconstruction, avait présenté lors d'une conférence de presse la méthode de travail pour établir ce pacte de refondation économique.