Montée des eaux, connectivité aérienne, création audiovisuelle… Quels sont les grands projets de la France dans le Pacifique ?

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Montée des eaux, connectivité aérienne, création audiovisuelle… Quels sont les grands projets de la France dans le Pacifique ?

À l’occasion de la 14e conférence de la Communauté du Pacifique (CPS), organisée du 14 au 17 octobre à Tonga, l’ambassadrice de France pour le Pacifique, Véronique Roger-Lacan, a défendu une série de programmes portés ou soutenus par l’État et les territoires français de la région. Tour d’horizon des initiatives françaises présentées lors du sommet. Détails avec notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

 

Des scories contre la montée des eaux

Tuvalu, Kiribati, Tonga, Vanuatu, îles Marshall, îles Cook…"On a été approchés par plusieurs États et territoires qui veulent bénéficier des scories issues du nickel calédonien", rapporte Véronique Roger-Lacan. L’ambassadrice de France pour le Pacifique organisait une conférence de presse, ce mardi 21 octobre, à l’occasion de son retour à Nouméa au terme de la conférence annuelle de la Communauté du Pacifique (CPS), qui a réuni les représentants des 27 États et territoires insulaires de la région du 14 au 17 octobre, à Nuku’alofa, capitale des Tonga. Une opportunité, "pour la France et pour la première fois depuis assez longtemps" de présenter et "faire agréer" plusieurs grands programmes que l’Hexagone souhaite mettre en œuvre dans le Pacifique. L’utilisation des scories en fait partie.

Ce matériau, qui provient de la fusion du nickel, est désormais envisagé par de nombreux États menacés par la montée des eaux et l’érosion côtière comme un élément de construction efficace et "peu coûteux", souligne Véronique Roger-Lacan. Il s’agirait notamment de construire des digues et des quais capables de résister aux tsunamis et aux cyclones qui, en raison de la montée du niveau des océans, menacent plus que jamais les îles du Pacifique. "C’est un matériel durable, vert et facilement utilisable", note l’ambassadrice, rappelant l’inscription des scories au Référentiel de la construction en Nouvelle-Calédonie (RCNC).

Des territoires, tels que les îles Marshall, ont déjà entamé le travail afin de se procurer des scories en provenance de… Dubaï. "C’est complètement absurde, donc il faut vraiment qu’on parvienne à favoriser cette coopération régionale et trouver les moyens logistiques de transporter ce matériel jusqu’aux États intéressés." Une étude de faisabilité, menée par l’université de Queensland en Australie, a été lancée.

Aérien : un "hub de maintenance des ATR" à Nouméa ?

Autre sujet abordé par la France lors du sommet de la CPS : la connectivité aérienne. "On souffre tous de faiblesses de ce domaine. Notre travail est de capitaliser sur les atouts des territoires français dans le Pacifique", expose Véronique Roger-Lacan. Malgré leur mauvaise santé financière, "on espère que les compagnies Air Calédonie et Aircalin vont se renflouer pour pouvoir contribuer à une connectivité aérienne optimale", en particulier la création d’une nouvelle ligne aérienne. Elle relierait Fidji, la Polynésie française, Tonga, Samoa et les îles Cook. L’État français promet "la défiscalisation sur l’achat des avions et pour toute l’organisation" de la ligne.

Deuxième volet de ce travail sur la desserte aérienne, l’ambassadrice de France pour le Pacifique a défendu la création à Nouméa d’un "hub de maintenance des ATR", les avions de transport régional, "pour la Mélanésie, du moins le Vanuatu et la Nouvelle-Calédonie". Actuellement, les ATR du Pacifique sont tous envoyés à Singapour.

D’autre part, la France, à travers l’Agence française de développement, travaille au "verdissement des aéroports", à travers l’application d’une norme tout juste validée. Enfin, un master de transport aérien pourrait être créé à Nandi, "en connexion entre la France et les îles Fidji", pour octroyer une formation diplômante.

Un programme de soutien à la création audiovisuelle océanienne

Ce n’est pas un nouveau projet : depuis au moins deux ans, la France et les États insulaires du Pacifique travaillent à la mise en place d’un programme de soutien à la création audiovisuelle océanienne. "Nous avions été approchés par les Tuvalu qui annonçaient que leur territoire était en train de disparaître et demandaient qu’on contribue à filmer et scénariser leurs traditions, leurs danses, leur art et leur civilisation avant qu’ils disparaissent", détaille Véronique Roger-Lacan. Plus de 40 millions de francs sont investis par l’État français à travers le Fonds Pacifique. L’Union européenne, l’Australie mais aussi les États-Unis ont indiqué être également prêts à financer l’initiative. "Il s’agit de permettre aux auteurs de films, qu’ils soient documentaires ou fictionnels, de se lancer et de pouvoir être financés."

Parallèlement, un vaste travail est en cours afin de "digitaliser toutes les archives qui existent dans les États insulaires" du Pacifique. "Un grand nombre d’archives de la CPS sont en danger car les moyens de digitalisation actuels deviennent obsolètes. On parle ici d’archives documentaires de toutes les réunions annuelles qui se sont tenues à la CPS depuis 1947", signale Véronique Roger-Lacan.

Paula Vivili, nouveau directeur général de la CPS

La décision a été annoncée au dernier jour de la conférence annuelle de la Communauté du Pacifique : Paula Vivili, originaire de Tonga, est le nouveau directeur général de la CPS. Il prendra officiellement ses fonctions en novembre 2025. C’est la première fois qu’un Tongien est nommé à ce poste. Il sera le 23e directeur de la la CPS, formée en 1947. Avant sa nomination, Paula Vivili était directeur général adjoint au sein de la CPS, chargé des "sciences et capacités" pendant cinq ans, après avoir été directeur de la division santé publique pendant six ans.

Cette nomination laisse ainsi un poste de directeur adjoint vacant. "Nous espérons que les territoires français arriveront à se coordonner pour positionner un candidat unique pour prendre la succession de Paula Vivili", indique Véronique Roger-Lacan.