Quelle est la situation du marché du travail aux Antilles-Guyane ? Dans son deuxième volet, Outremers 360 s’intéresse à la conjoncture de la Guadeloupe avec les dernières données de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) pour l’année 2024. Les principaux points de cette étude sont que le taux d’emploi progresse (54 %), notamment chez les femmes et les seniors, entraînant un léger recul du chômage (17 % de la population). Il demeure cependant d’importantes disparités structurelles par rapport à l’Hexagone. Décryptage.
« En 2024, 54 % des personnes âgées de 15 à 64 ans résidant en Guadeloupe sont en emploi au sens du Bureau international du travail (BIT), soit une hausse de 2 points par rapport à 2023. Ce taux, bien qu’en progression, demeure encore nettement inférieur à celui observé en France métropolitaine (69 %) », relève l’Insee. Contrairement à la plupart des territoires d’Outre-mer, l’augmentation de l’emploi bénéficie aux femmes, dont le taux rejoint celui des hommes. Il profite également aux seniors (50-64 ans), dont le taux d’emploi s’élève à 61 % en 2024.
Chez les jeunes de 15 à 29 ans, l’emploi demeure stable à 27 %, avec une différence très marquée avec l’Hexagone, dont le taux est de 49 %. L’étude déplore par ailleurs que « 21 % des jeunes de Guadeloupe ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation en 2024. Cette proportion, quasi stable sur un an, est près de deux fois plus élevée qu’en France hexagonale (12 %) ».

Autre donnée du rapport, beaucoup plus de personnes sont confrontées au sous-emploi en Guadeloupe que dans l’Hexagone. (Le sous‑emploi selon l’Insee recouvre les personnes ayant un emploi à temps partiel qui souhaitent travailler plus d’heures et qui sont disponibles pour le faire, qu’elles recherchent ou non un emploi). En 2024, 10 % des Guadeloupéens qui travaillent rentrent dans le cadre du sous-emploi, contre 4 % dans l’Hexagone. « Comme dans le reste du pays, les femmes sont davantage concernées que les hommes (12 % contre 8 % en Guadeloupe), en raison notamment de leur recours plus fréquent au temps partiel », précise l’étude.
Les personnes en sous-emploi ont un faible niveau de diplôme : « en Guadeloupe, 43 % d’entre elles ont au plus le brevet des collèges, soit une proportion similaire à celle observée parmi les chômeurs (42 %) ». De ce fait, le sous-emploi affecte les professions les moins qualifiées, les employé(e)s (44 %) et les ouvrier(e)s (22 %) notamment. A contrario, seul 1 % des personnes concernées par le sous-emploi sont des cadres.

En ce qui concerne le chômage, il se replie de 2 points pour tomber à 17 % de la population active de 15 ans ou plus. Il reste toutefois largement supérieur à celui de l’Hexagone (7 %). Cette diminution touche principalement les femmes, les jeunes de 15 à 29 ans, et les personnes entre 30 et 49 ans. Chez les seniors, le taux reste stable. « Comme en France métropolitaine, les personnes peu ou pas diplômées sont davantage exposées au chômage. Toutefois, cet effet est nettement plus marqué en Guadeloupe où leur taux de chômage atteint 28 %, plus du double de celui de l’Hexagone (13 %) », souligne l’Insee.
Pour le chômage de longue durée (au moins un an), 11 % des Guadeloupéens sont dans cette situation, soit cinq fois plus que dans l’Hexagone, affectant similairement les femmes et les hommes. « En outre, une part importante de chômeurs de longue durée en Guadeloupe n’ont jamais travaillé : c’est le cas de 27 % d’entre eux en 2024, contre 11 % en France métropolitaine », ajoute l’étude. Comme d’habitude, on trouve chez les personnes les plus exposées au chômage de longue durée les ouvrier(e)s, les employé(e)s, et celles et ceux qui sont peu ou pas diplômés.

PM
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