Guyane : La StraMeLo présente les premiers chantiers contre l’exposition au plomb et au mercure

Guyane : La StraMeLo présente les premiers chantiers contre l’exposition au plomb et au mercure

Lancé il y a un an, la stratégie de réduction des risques liés aux métaux lourds (StraMeLo) tenait une assemblée générale ce mercredi. L’occasion de faire le point sur plusieurs travaux engagés et leurs premiers résultats.

En Guyane, un enfant sur cinq est atteint de saturnisme, soit soixante fois plus que dans l’Hexagone. De plus, dans les communes isolées, l’imprégnation au mercure a augmenté de 25 % depuis 2005 et les femmes enceintes présentent une concentration moyenne supérieure aux normes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Face à cet enjeu majeur de santé publique était lancé en avril 2021 la Stratégie de réduction des risques liés aux métaux lourds.

Pour Clara de Bort, directrice générale de l’ARS Guyane : « C’est un défi sanitaire et environnemental pour l’avenir du territoire. Une stratégie pluriannuelle de très long terme, qui va occuper nos successeurs pendant très longtemps. Mais il faut avancer, par petits pas, de façon pragmatique ».

Les premiers travaux illustrent les multiples problématiques gravitant autour du problème des métaux lourds. En partenariat avec les chefs coutumiers des villages Espérance, des chercheurs ont commencé, par exemple, à prélever une quinzaine de variétés différentes de manioc, dans quatre abattis répartis autour de Saint-Georges. Ils les analysent pour tenter de découvrir ce qui détermine le niveau de plomb dans chacune des variétés. Un cinquième abattis sera étudié dans les prochains mois pour voir si le brûlis et les autres pratiques agricoles ont un impact sur le niveau de plomb.

Le manioc illustre bien les difficultés de réduire l’imprégnation au plomb, comme le souligne Marine Barizien, coordinatrice de la StraMeLo : « En Métropole, la principale source d’exposition, ce sont les vieilles canalisations. C’est facile de les changer ! Ici, les sources d’exposition sont multiples et souvent alimentaires, ce qui complexifie la tâche ». Des discussions ont par exemple débuté autour de la chasse : avec les armuriers pour évaluer le coût du remplacement du plomb par des billes d’acier pour le petit gibier. Des villages, choisis avec le Grand Conseil coutumier, les testeront afin de dire si elles sont adaptées.

De leur côté, les dessinateurs du collectif The Ink Link ont réalisé plusieurs dessins, actuellement exposés au CDPS de Camopi afin d’aider les médiateurs, les professionnels de santé et les habitants à discuter autour des problématiques liés aux métaux lourds.

Une équipe mobile à la rencontre de la population

Depuis fin février et pour six mois, Léonie Flot, infirmière, et Sonia Louis, médiatrice en santé, travaillent à temps plein à Camopi, sur les problématiques d’exposition au plomb et au mercure. Elles forment l’EMLo : équipe mobile métaux lourds. Accompagnées d’Estelle Jacoud, infirmière coordinatrice à Cayenne, « elles aident le CDPS à organiser le dépistage quand un enfant a besoin d’un prélèvement. Elles mènent des actions de promotion de la santé : rencontre avec la population pour comprendre les sources de contamination ou pour informer sur la manière de réduire son exposition aux métaux lourds », explique le Dr Brice Daverton, médecin référent des projets de santé publique pour les centres délocalisés de prévention et de soins (CDPS).

Damien Chaillot