La ministre Aurore Bergé l’avait annoncé lors de sa dernière visite en Guadeloupe. Le protocole a été signé ce mardi 1er juillet. Désormais, les victimes de violences intrafamiliales pourront déposer plainte au sein des centres hospitaliers du territoire. Précisions avec notre partenaire RCI Guadeloupe.
Les représentants du CHU de Pointe-à-Pitre, les hôpitaux de Basse-Terre et de la Côte-sous-le-Vent, les procureurs et le commandement de la gendarmerie ont signé un protocole opérationnel, ce mardi 1er juillet, qui permet de renforcer les dispositifs de repérage et de prise en charge des victimes.
Annoncée par Aurore Bergé, la ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, lors de sa visite en avril dernier, cette signature marque un tournant dans la lutte contre les violences intrafamiliales. Désormais, les victimes de ce type de violences pourront déposer plainte au sein des centres hospitaliers du territoire. Cette mesure concrète vise à faciliter leur prise en charge et à éviter qu’elles restent isolées.
Les modalités de la prise en charge
Eric Guyader, le directeur général du CHU de Guadeloupe, explique les modalités de cette prise en charge. «Lorsqu'une femme est victime de violence, elle va s'adresser à l'hôpital pour une prise en soins. Et c'est à ce moment-là qu'on doit repérer les violences, l'aider éventuellement à se positionner et, si elle le souhaite, à porter plainte. L'objectif de ce protocole, c'est de lui permettre de porter plainte dans les meilleures conditions possibles, c'est-à-dire au niveau même de l'hôpital. Ce n'est pas à elle de se déplacer, ce sont les forces de l'ordre qui vont venir sur place et qui vont faire le nécessaire. Nous, on est là pour assurer l'environnement à la fois médical, soignant. Je serais tenté de dire même affectif, parce que ce sont vraiment des personnes qui sont en grande situation de vulnérabilité. Et le premier rôle du soignant, ça va être de repérer notamment les personnes qui sont sous emprise, qui ne se rendent pas forcément compte qu'elles sont victimes de violences. Malheureusement, on a tous les jours des personnes qui sont prises en soins parce qu'elles sont victimes de violences.»
« Au plus proche des victimes »
En France, toutes les deux minutes, une femme est victime de violences. En Guadeloupe aussi les violences intrafamiliales sont à un niveau élevé. Pour éviter l’isolement des victimes, une coordination entre les acteurs de la santé et de la justice est nécessaire.
Franck Dorge, le directeur de cabinet du préfet de région, rappelle l’enjeu de cette coopération étroite. «C'est un phénomène monstrueux et je pense que sur nos territoires, notamment en Guadeloupe, on a besoin de cette proximité, d'avoir le plus de relais possible parce qu'on est aussi victimes de cette insularité, de ce caractère archipélagique et il faut qu'on soit au plus proche des victimes pour les prendre en charge. Et puis, au-delà du dépôt de plainte, du fait de les soigner, c'est tout le dispositif d'accompagnement sur lequel on a travaillé et sur lequel on travaille, notamment avec le conseil départemental, pour qu'il y ait cet accompagnement social, afin que la victime puisse se reconstruire.»
« Les services d’enquête se déplacent »
Caroline Calbo, procureur de la République de Pointe-à-Pitre, explique comment ce dispositif va fonctionner sur le terrain. «La victime est hospitalisée. Si les soignants ont détecté qu'il y a une notion d'emprise, ils font un signalement à la justice pour dire on pense qu'elle n'ose pas déposer plainte, mais il faut venir la voir. Et à ce moment-là, les services d'enquête peuvent se déplacer à l'hôpital. Ou bien c'est elle qui dit aux soignants là il faut vraiment que je dépose plainte. Elle peut avoir le visage tuméfié ou être vraiment avec des séquelles très importantes qui l'empêchent de se déplacer dans les services d'enquête. Pour ne pas ralentir l'enquête, les enquêteurs vont venir dans sa chambre d'hôpital pour prendre sa plainte.»
« A l’écoute »
Eric Guyader, le directeur général du CHU de la Guadeloupe, revient sur le rôle du personnel soignant dans ce dispositif. «Le premier rôle du soignant, c'est l'écoute. Et donc c'est essentiel que dans le cadre de cette écoute, on puisse aussi entendre ce qu'il y a derrière les blessures. Les blessures physiques, c'est le plus facile à repérer. Mais il y a aussi les blessures psychologiques qui sont parfois plus complexes, plus difficiles à appréhender. Et c'est pour ça qu'il y a tout un travail de professionnalisation. Il y a des protocoles qui sont écrits. Et puis, comme j'ai pu le préciser, nos soignants ont la possibilité d'appeler l'unité médico-judiciaire qui va pouvoir venir apporter une expertise sur les situations les plus complexes».
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Par RCI Guadeloupe