INTERVIEW. Général de Brigade Claude Peloux, nouveau commandant du SMA : « Le SMA est au cœur des enjeux ultramarins à venir »

Cela fait maintenant quelques mois que le SMA a un nouveau commandant. Le Général de Brigade Claude Peloux n’est pas un inconnu puisqu’il a commandé le Régiment du Service Militaire Adapté de Guadeloupe, de juillet 2009 à juillet 2011. Il a ensuite rejoint le centre d’instruction des réserves parachutistes pendant trois ans, en tant que chef d’état-major. Il a été également adjoint de la division capacité de l’État-major au commandement des opérations spéciales puis chef de corps de l’unité de commandement et de coopération opérationnelle des éléments français au Sénégal et dernièrement adjoint au sous-chef d’État-major opérations aéroterrestres de l'État-major de l'Armée de Terre. A la tête du Service Militaire Adapté depuis le 1er août 2021, le Général de Brigade Claude Peloux fait le point pour Outremers360 sur les grands chantiers à venir pour le SMA.

Outremers360 : Dix ans plus tard, vous retrouvez l'institution du SMA. Quelles sont vos premières impressions ?

Général de Brigade Claude Peloux : En 10 ans, très clairement, le dispositif a changé. Il est passé à l'industrialisation de nos process et des formations professionnelles au profit de la jeunesse ultramarine, à tel point que nous sommes passés de 60 à 90 filières de formation durant cette période.

Vous avez effectué une première visite à La Réunion. Pourquoi avoir choisi ce territoire ?

Dans le cadre de ma visite de commandement, j'ai effectivement effectué une première visite au Régiment du SMA de La Réunion. Cela a été l'occasion de rencontrer le régiment, mais également les partenaires et de voir que le régiment est parfaitement intégré dans le paysage de la formation professionnelle. J'y ai senti un régiment bien dans sa peau, parfaitement en phase avec sa mission, particulièrement innovant puisque depuis peu nous intégrons deux promotions de 22 jeunes stagiaires du Bac pro numérique en partenariat avec l'armée de terre. Et puis cette année de le RSMA de La Réunion célèbre les 55 ans de son implantation sur le territoire. 

Vous vous êtes par la suite rendu à Mayotte où des changements importants vont se produire dans les prochains mois.

Oui, effectivement. Suite à l'annonce du Ministre des Outre-mer, Mayotte va voir ses effectifs accroître. Cette montée en puissance va se faire en deux phases. Tout d'abord une restructuration du régiment, sur le site de Combani qui va permettre d’accueillir d'ici l'année prochaine une trentaine de jeunes de plus, ce qui nous permettra de passer à 630. Et ensuite la création d'une nouvelle compagnie a également été annoncée par le ministre. Celle-ci accueillera 80 jeunes de plus. Le site n'est pas encore déterminé, mais la pleine puissance de notre outil sera réalisée en 2025 avec plus de 700 jeunes à Mayotte.

Sur un autre territoire, c'est le Président de la République qui a annoncé la création d’une nouvelle implantation du SMA sur l’atoll de Hao, en Polynésie française. Quel est le calendrier prévu ?

Le régiment réalisera la montée en puissance de cette nouvelle unité en 3 phases. La première : avant l'été, avec du personnel qui viendra en chantier d'application sur l'atoll. Cela va permettre de remettre en état les bâtiments qui pourraient nous être mis à disposition pour accueillir les stagiaires. Dans un deuxième temps, nous allons construire, d’abord en modulaire puis en dur, la compagnie. L'atoll n'a aucune infrastructure qui puisse nous recevoir. À terme, il y aura 120 personnels du SMA sur cet atoll. Notre objectif c'est d'être en pleine charge à l'été 2025, et nous avons dans l'idée de passer à l’économie bleue et à l’économie verte en particulier, en développant un tourisme « d'éco-lodge » afin de donner envie aux jeunes polynésiens qui choisiront ces filières de reproduire ce principe dans leurs îles et atolls.

Face à la crise sanitaire du Covid, on a vu les RSMA extrêmement mobilisés sur les départements et territoires ultramarins.

Nous sommes intégrés à l'opération Résilience dans le cadre de la crise Covid. Les chefs de corps ont été sensibilisés. Ils sont contactés par les commandants supérieurs des territoires et départements sur lesquels sont implantés les régiments. En Guadeloupe par exemple, nous avons engagé des équipes au profit de l’hôpital principal. Ces équipes étaient principalement en charge de l'accompagnement et de la récupération des malades. Pour ce qui est de la Nouvelle-Calédonie, ce sont essentiellement des équipes médicales : 1 médecin, 2 infirmiers et deux stagiaires volontaires qui interviennent en aide aux centres de vaccinations.

Et justement, en Nouvelle-Calédonie : que va-t-il se passer si lors du référendum du 12 décembre prochain, le « oui » à l’indépendance venait à l’emporter ?

Très clairement le ministre s'est exprimé sur le sujet : si la Nouvelle-Calédonie choisit l’indépendance, le SMA quitterait dans un calendrier de deux années le territoire.

Quelles sont vos priorités en tant que nouveau commandant du SMA ?

Le Service Militaire Adapté fête ses 60 ans cette année. Les défis ont été nombreux. Ils le seront tout autant dans les mois et années à venir. Nous allons terminer le plan SMA 2020- 2025 qui va permettre d'accueillir plus de jeunes, d’améliorer la formation professionnelle en incluant en particulier le numérique, mais également en accueillant plus de mères célibataires. Nous allons rester sur nos fondamentaux et nous allons encore améliorer notre offre de service, en accueillant plus de jeunes vous l'avez compris avec la création de deux unités à Mayotte et à Hao, mais également en améliorant notre dispositif d'insertion et de formation.