Territoriales 2023 en Polynésie : Le parti majoritaire autonomiste d’Édouard Fritch mise sur « une liste de maires »

©Tapura Huira'atira

Territoriales 2023 en Polynésie : Le parti majoritaire autonomiste d’Édouard Fritch mise sur « une liste de maires »

Le congrès du Tapura Huira’atira, parti majoritaire autonomiste fondé par l’actuel président de la Polynésie Édouard Fritch, a réuni près de 5 000 militants samedi pour un bilan de la mandature, un survol du programme électoral, et surtout la présentation des personnalités qui composent la liste des territoriales. Une « liste des maires », qui seront 30, sur les 42 que compte le parti, à briguer un siège à l’Assemblée territoriale. Nos partenaires de Radio 1 Tahiti étaient sur place.

La marée rouge et blanc qui a déferlé sur le parc expo de Mamao à Papeete voulait faire la démonstration que le Tapura est capable de diriger la Polynésie pour les cinq prochaines années, malgré la brèche ouverte par les élections législatives de 2022, remportée par les indépendantistes du Tavini Huira’atira. 

Le président du Pays a rendu hommage aux « fourmis rouges » du Tapura, et à ses 42 tavana (maires, ndlr) sur qui il mise pour les scrutins des 16 et 30 avril. Pour Édouard Fritch, c’est leur absence sur les listes des législatives qui est grandement responsable du cuisant échec de 2022. « Je ne dis pas que c’est ce qui va nous faire gagner, mais ce sera un élément essentiel. Les gens ne sont pas attirés par le vote lorsqu’il faut aller voter pour des gens qu’ils ne connaissent pas ».

Il est donc plus rapide de faire la liste des tavana qui ne seront pas sur la liste, en raison du nombre de candidats dans leurs sections (8 en tout, ndlr) ou du nécessaire respect de la parité : ceux de Anaa, Arutua, Fangatau, Fatu Hiva, Hikueru, Napuka, Nukutavake, Pukapuka, Takaroa, Tubuai, Tumaraa, et Ua Huka.

Trois des ministres actuels ne seront pas candidats non plus : Yvonnick Raffin, ministre de l’Économie et des Finances, Naea Bennett, ministre de la Jeunesse et des Sports, et Jacques Raynal, ministre de la Santé. Absent samedi, il avait déjà indiqué son intention de se retirer de la vie publique, et dont le mandat a été marqué par la crise sanitaire. On connaît donc les 73 candidats, mais ce n’est que jeudi prochain à l’issue du conseil politique que l’on connaîtra leur ordre de présentation.

Le Tavini, « ne soyons pas dupes, ce n’est pas un parti inoffensif »

Édouard Fritch a réaffirmé l’attachement du Tapura à la France, « nation protectrice et bienveillante » : « Il nous faut continuer à bénéficier du soutien de l’État pour continuer notre transformation » vers une société plus équitable, et il a mis en garde contre les sirènes indépendantistes : « Nous voulons rester français, et bénéficier d’une large autonomie. Le Tavini est une voie sans issue qui nous conduira inexorablement vers l’indépendance, un chemin irréversible vers la pauvreté et l’instabilité. Ne soyons pas dupes, ce n’est pas un parti inoffensif ». 

Est-il plus inquiet après l’annonce du député Moetai Brotherson qui entend briguer la présidence au nom du Tavini ? Édouard Fritch répond : « Je ne sais pas, je n’y ai pas pensé, ce qui me préoccupe c’est l’avis de son patron », Oscar Temaru, président et fondateur du parti indépendantiste, qui devrait tout de même être en tête de la liste indépendantiste.

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Un dualisme autonomie/indépendance qui permet d’évacuer la question de l’éclatement du camp autonomiste, et de dire à ceux qui seraient tentés de s’écarter du chemin rouge et blanc qu’ils sont hors sujet et presque traîtres à la cause : « Je trouve qu’il y a beaucoup trop de haine, de critiques, ‘Édouard est mauvais, Édouard ceci, Édouard cela’, ce n’est même pas l’intérêt du Pays qui est mis en avant, c’est vraiment un règlement de comptes de la part d’anciens de chez moi, que j’ai portés au plus haut, vice-président, député, sénateur… ».

Édouard Fritch fait notamment allusion à l’ancienne députée de son parti Nicole Sanquer qui, avec l’ancien vice-président de son gouvernement et ancien sénateur, Nuihau Laurey, ont fondé leur propre parti avant la présidentielle. Quelques mois plus tard, ce sont Teva Rohfritsch, son ancien ministre de l’Économie et actuel sénateur, et Nicole Bouteau, ancienne ministre du Tourisme, qui ont également décidé de lancer leur parti, quelques mois après les législatives.

Un programme en 5 « piliers »

Le slogan de cette campagne, « Ensemble, pour un avenir meilleur », est sous-titré « stabilité, proximité, expérience ». Le programme, contenu dans un livret qui a commencé à être distribué samedi, est basé selon Édouard Fritch sur les rencontres avec la population depuis le début de l’année. Et les préoccupations des Polynésiens n’ont rien à voir avec le statut (« Tout le monde s’en fout ») et tout à voir avec l’économie, dit-il : vie chère, emploi, foncier, logement.

Le programme est organisé en cinq grands « piliers » : construire une société équitable, soutenir la jeunesse, les entreprises et les associations, améliorer le vivre-ensemble, renforcer les autonomies alimentaire et énergétique et protéger l’environnement, et soutenir équitablement les archipels. Chaque chapitre met en regard ce qui a été fait et ce qui reste à faire. Édouard Fritch reconnaît l’urgence ; le bilan du Tapura, aussi bon soit-il, n’est selon lui « pas suffisant pour gagner en avril » : « il faut que les familles mangent ». C’est donc la lutte contre la hausse des prix qui lui tient le plus à cœur, dit-il.

Caroline Perdrix pour Radio 1 Tahiti

NDLR : fondé en 2014, après la séparation politique entre Gaston Flosse et Édouard Fritch, le Tapura Huira’atira a remporté les territoriales de 2018, avec une large majorité à l’Assemblée territoriale grâce à la prime majoritaire. Le parti est aujourd’hui le principal mouvement autonomiste, et a connu son premier échec électoral lors des Législatives de 2022.