Polynésie : RSMA, dépollution… Après les promesses d’Emmanuel Macron, l’heure du « concret » sur l’atoll de Hao

Polynésie : RSMA, dépollution… Après les promesses d’Emmanuel Macron, l’heure du « concret » sur l’atoll de Hao

Le haut-commissaire Dominique Sorain menait une délégation à Hao ce jeudi. L’occasion de discuter avec les élus de l’avancement des projets de l’État sur l’atoll, et de faire un point sur les engagements pris par le président Emmanuel Macron en juillet. Notamment sur la question du RSMA et de la dépollution de l’île. Reportage de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

« Je préfère que l’on déploie une unité nouvelle du RSMA plutôt qu’on aille embrasser des projets sans lendemains où peut-être quelques-uns feront beaucoup d’argent pour de mauvaises raisons ». Fin juillet, lors de sa visite en Polynésie, Emmanuel Macron, n’avait pas été tendre envers le projet de ferme aquacole de Hao, jugé « ubuesque ». Encore fallait-il proposer une alternative en termes d’activité. Le président avait annoncé la création « rapide » d’une compagnie du RSMA sur cet atoll des Tuamotu. C’est pour parler du concret de cet engagement que le haut-commissaire Dominique Sorain et le contre-amiral Jean-Mathieu Rey étaient en déplacement à Hao ce jeudi.

RSMA : premiers stagiaires en août

Le RSMA, justement, anime en cette fin janvier un chantier pédagogique sur l’atoll, avec entretien des voiries, débroussaillage et ramassage des déchets. Mais la tavana (maire, ndlr) et le Conseil municipal, eux, attendent une installation définitive – ou plutôt une réinstallation puisqu’un groupement de service militaire adapté était présent sur l’île jusqu’à 2010. « On leur a bien confirmé que le RSMA allait bien s’installer à échéance du mois d’août 2022 », explique le Haut-commissaire, « et que 20 jeunes et 8 instructeurs viendraient comme premier échelon pour créer la compagnie sur Hao ».

La préparation a bien avancé, précise-t-il : les locaux des stagiaires sont identifiés, ceux des encadrants en cours de discussion, des responsables ont été nommés, deux formatrices originaires de Hao ont déjà été choisies, les questions de logistique – alimentaire notamment – sont sur les rails…. La prochaine étape : la mise en œuvre d’une mission de recrutement des futurs stagiaires du 20 au 27 février sur l’île. Un navire école a aussi été acheté pour faire passer aux stagiaires leur permis côtier. Les formations proposées dans cette 4e compagnie du RSMA en Polynésie comprendront notamment une filière maraîchage, avec l’installation de serres pédagogiques par les stagiaires.

Dépollution : de nouvelles analyses avant le chantier

Outre le RSMA, le président Macron avait aussi promis d’avancer sur la question de la dépollution de l’atoll. Hydrocarbures, PCB, métaux lourds… Là aussi, les élus attendaient du concret. Le représentant de l’État a expliqué qu’un appel d’offres a été lancé par les forces armées pour relancer une série d’analyses, qui ont pour la plupart plus de 10 ans sur les niveaux et les possibilités de traitement de cette pollution.

« On peut espérer que les premiers sondages auront lieu dans le mois qui vient de façon à avoir des résultats pour le mois de juillet, et à partir de là, être en capacité avec le Pays de prendre les décisions » reprend Dominique Sorain. Des premiers chantiers pourront donc être lancés d’ici la fin de l’année. Si l’État s’est engagé, avec le Pays, à « accélérer » la dépollution, elle ne part pas de zéro : 8 000 mètres cubes de terres polluées aux hydrocarbures ont déjà été traités, et l’enlèvement des déchets métalliques laissés à l’époque de CEP « est déjà en cours », précise le Haut-commissaire.

Parmi les autres projets évoqués lors de la visite : un projet de génie écologique, financé à hauteur de 17 millions de francs par l’État, et qui consistera, avec l’Office français de la biodiversité, de « reconstituer la protection océanique par la végétation indigène ». Ou encore la construction d’un deuxième abri anticyclonique sur l’atoll, dans le cadre des conventions signées avec le Pays. Hao fait aussi l’objet d’un « projet de territoire » : il s’agit d’identifier des activités qui pourraient faire l’objet d’investissements privés. La réparation navale et le service aux plaisanciers et navires marchands font partie des projets évoqués.

Indemnisation du nucléaire : une mission aux Gambier

À 800 kilomètres de Hao, c’est aux Gambier qu’est présente une mission consacrée à l’indemnisation des victimes du nucléaire. Une équipe spécialisée de quatre personnes, placée sous l’autorité du Haut-commissaire, et qui a été créée le 1er janvier, là encore dans la lignée des engagements présidentiels de juillet. Objectif : « apporter un appui » aux victimes des essais nucléaires dans la constitution de dossiers auprès du Civen (Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires). Des dossiers dont la date limite de dépôt a été reportée jusqu’à 2025, rappelle le haut-commissaire qui précise que, malgré les remous causés à Paris par la décision du Conseil constitutionnel sur la non-rétroactivité de l’amendement Tetuanui, « le Civen va continuer son travail ».

Radio 1 Tahiti