Les États-Unis ont annoncé vendredi 11 juillet des sanctions inédites contre le président cubain Miguel Diaz-Canel, quatre ans tout juste après les manifestations historiques contre le gouvernement qui avaient secoué l'île communiste.
Miguel Diaz-Canel est sanctionné "pour son rôle dans la brutalité exercée par le régime à l'encontre du peuple", a indiqué le Secrétaire d'Etat Marco Rubio sur son compte X, précisant que le président cubain faisait désormais l'objet d'une restriction de visa pour entrer sur le territoire américain.
Les 11 juillet 2021, des milliers de Cubains étaient descendus dans les rues de l'île pour réclamer plus de liberté et de meilleures conditions de vie. Ces manifestations antigouvernementales, d'une ampleur jamais vue depuis la révolution castriste de 1959, avait fait un mort, des dizaines de blessés et des centaines de personnes avaient été arrêtées.
Le même jour, Miguel Diaz-Canel, au pouvoir depuis 2019, avait lancé à la télévision un "ordre de combattre" pour que les Cubains soutenant le gouvernement sortent dans la rue pour s'opposer aux manifestants.
Washington a toujours condamné la répression du gouvernement cubain à l'égard des manifestants, dont plusieurs centaines ont été condamnés, parfois jusqu'à 25 ans de prison.Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier a tendu encore davantage les relations.
Fin juin, le président américain a signé un "memorandum" destiné à renforcer sa politique de pression maximale contre l'île communiste, sous embargo économique depuis 1962.
Dans un communiqué, le Département d'Etat a affirmé vendredi "prendre des mesures pour mettre en oeuvre" cette politique."Par solidarité avec le peuple cubain et les prisonniers politiques de l'île", les États-Unis restreignent l'entrée sur leur territoire des "principaux dirigeants du régime" en raison de "leur implication dans de graves violations des droits humains", est-il écrit.
Outre le président Miguel Diaz-Canel, également dirigeant du Parti communiste, deux ministres, celui de la Défense, Alvaro Lopez Miera, et celui de l'Intérieur, Lazaro Alberto Alvarez Casas, sont sanctionnés.
Des restrictions de visa sont également appliquées à de "nombreux responsables judiciaires et pénitentiaires cubains impliqués dans la détention injuste et la torture des manifestants de juillet 2021", dont la liste n'a pas été communiquée.
Les États-Unis "peuvent imposer des sanctions migratoires contre des dirigeants révolutionnaires et maintenir une guerre économique prolongée et sans merci contre Cuba, mais ils n'ont pas la capacité de faire plier la volonté de ce peuple ou de ses dirigeants", a réagi le chef de la diplomatie cubaine, Bruno Rodriguez sur X.
Selon les États-Unis, 700 personnes sont toujours emprisonnées pour leur participation aux manifestations de juillet 2021. Les organisations de défense des droits humains estiment, quant à elle, que leur nombre se situe entre 360 et 420.
Parmi la centaine de manifestants condamnés, certains ont été libérés au cours des derniers mois après avoir purgé leur peine.
D'autres ont été remis en liberté dans le cadre d'un accord négocié sous les auspices du Vatican après le retrait, en janvier, de l'île de la liste noire américaine des pays soutenant le terrorisme par l'ex-président Joe Biden (2021-2015). Une décision révoquée par la suite par Donald Trump.
L'accord prévoyait la remise en liberté de 553 prisonniers cubains, en particulier des manifestants, mais des détenus de droits communs ont également été libérés.
Marco Rubio a aussi accusé sur X le pouvoir cubain de torturer le dissident José Daniel Ferrer, incarcéré dans l'est du pays, et exigé une "preuve de vie immédiate". Dissident historique, José Daniel Ferrer, 54 ans, a été libéré dans le cadre de l'accord négocié avec le Vatican, avant d'être incarcéré de nouveau en avril après la révocation de sa liberté conditionnelle. "Torturé à l'extrême. Chaque jour pourrait être le dernier", a écrit sur X sa sœur Ana Belkis Ferrer, installée aux Etats-Unis, précisant que l'épouse du dissident lui a rendu visite en prison le 8 juillet.
Le département d'Etat a également ajouté un hôtel d'Etat de 42 étages récemment inauguré à La Havane, sur la liste des lieux interdits aux Américains "pour éviter que les dollars américains financent la répression du régime cubain".
Avec AFP