Polynésie : Le CEA publie un livre sur l'histoire des essais nucléaires

©TNTV / Mike Leyral

Polynésie : Le CEA publie un livre sur l'histoire des essais nucléaires

Le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) a présenté mardi à Papeete un livre sur l'histoire et les conséquences des essais nucléaires en Polynésie française, dont le chapitre le plus sensible porte sur les conséquences sanitaires et environnementales.

Ce livre, réalisé sous la direction de l'historien Dominique Mongin, entend expliquer pourquoi la France a choisi de procéder à 193 essais nucléaires entre 1966 et 1996 en Polynésie, après 17 essais dans le Sahara. Intitulé Les essais nucléaires en Polynésie française, l'ouvrage conteste les conclusions des enquêtes menées par Mediapart et Disclose, selon qui les conséquences sanitaires des essais ont été sous-estimées par la France.

Le livre du CEA affirme que « seule une infime partie des personnels » du CEP (Centre d'Expérimentations du Pacifique) a été exposée à des doses supérieures au seuil de sensibilité. Il revient sur six essais atmosphériques « aux retombées supérieures à ce qui était attendu » entre 1966 et 1974. Pour ces tirs, il reconnaît des expositions de la population de l'atoll de Tureia, des îles Gambier et de Tahiti, supérieures à la dose limite réglementaire pour le public aujourd'hui, mais à des niveaux inférieurs à ceux estimés par le livre-enquête de Disclose, Toxique, publié en 2021, selon lequel toute la Polynésie a été affectée par les retombées nucléaires.

Les auteurs de ce livre « ont eu une démarche englobante et non scientifiquement juste : ils n'utilisent pas les mesures qui, elles, sont irréfutables » a déclaré le directeur des applications militaires du CEA, Vincenzo Salvetti, lors de la présentation du livre. L'enquête Toxique a toutefois été validée par la communauté scientifique et universitaire, et publiée dans la revue spécialisée Science & Global Security.

« Comment croire les gens du CEA, qui nous ont tellement menti ? », a réagi auprès de l'AFP le père Auguste Uebe-Carlson, président de l'association antinucléaire 193. « L'enquête fiable sur les essais nucléaires, c'est Toxique, qui est validée par des scientifiques indépendants et non par ceux du CEA », a-t-il estimé. « Je pense qu'au XXIème siècle, l'obscurantisme n'a plus sa place : on ne peut pas contester des données scientifiquement établies », a déclaré pour sa part Vincenzo Salvetti, interrogé sur l'absence de confiance des associations antinucléaires envers la parole officielle.

Le président Emmanuel Macron avait, lors d'une visite en Polynésie en juillet 2021, promis la déclassification des archives et une meilleure indemnisation des victimes. « Je ne peux pas vous demander d'avoir confiance en moi après qu'on vous ait menti si longtemps en ne partageant pas les informations », avait-il dit. Il n'avait, en revanche, pas demandé d'excuses au nom de la France, comme l'espéraient les associations anti-nucléaires.

Cinq mille exemplaires de ce livre seront distribués gratuitement en Polynésie, notamment dans les bibliothèques et les établissements scolaires.

Avec AFP