Après trois agressions physiques en une semaine, dont celle d’une infirmière de nuit frappée par un patient, plus d’une centaine de soignants se sont mobilisés ce mercredi 24 décembre devant le Médipôle. Syndicats et personnels dénoncent des violences récurrentes, un système de santé fragilisé et l’absence de réponses concrètes des décideurs, tout en appelant à une tolérance zéro face aux agressions. Un sujet de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
« On est là pour soigner, pas pour se faire tabasser ». Les soignants du Médipôle disent stop et réclament des mesures de protection, une meilleure reconnaissance de leur travail et des sanctions de la part de la justice.
Après plusieurs agressions physiques, dont celle d’une infirmière de nuit violemment attaquée par un patient dans une chambre lundi soir, plus d’une centaine de soignants se sont mobilisés ce mercredi 24 décembre, devant l’entrée des urgences du Médipôle de Koutio. Entre 10 heures et 10h30, personnels hospitaliers et syndicats ont dénoncé des violences « récurrentes » et alerté sur l’état du système de santé.
« Nous crier dessus ne nous fait pas aller plus vite »
Selon l’UT CFE-CGC, trois agressions physiques ont été recensées en une semaine, dont celle survenue lundi soir. « Mais il y a d’autres agressions au quotidien, à l’hôpital comme ailleurs », a souligné Emmanuel Soria, représentant du personnel du CHT du syndicat et infirmier en réanimation. « Cette violence est inadmissible. »
La veille de la mobilisation, la direction du Centre hospitalier territorial avait réagi sur sa page Facebook, rappelant que les équipes sont là « pour soigner tout le monde, sans juger », tout en dénonçant les « cris, insultes et violences » visant les professionnels de santé. « Nous crier dessus ne nous fait pas aller plus vite, nous taper ne nous aide pas à mieux soigner », écrit la direction, appelant la population à « soutenir », à « protéger » et à « respecter » les soignants.
Des soignants épuisés
Mais pour les organisations syndicales, ces agressions à répétition s’inscrivent dans un contexte de forte fragilisation du système de santé. « L’hôpital est un lieu neutre, mais on n’accepte pas autant de violence », insiste Sonia Kabar, secrétaire générale adjointe santé-social à la Fédération des fonctionnaires.
Elle évoque des soignants « épuisés » et rappelle que des plaintes ont été déposées après des agressions ayant entraîné des blessures et des ITT (interruption temporaire de travail). Certains agents viennent désormais travailler « avec la boule au ventre », notamment lors des fins de service tardives.
« Le système est à bout de souffle »
C’est également une situation « catastrophique » que décrit Yannick Roudaut, le président du Syndicat des infirmiers et des aides-soignants des urgences (Siasu). « Le système est à bout de souffle. Ça fait un an qu’on le dit », martèle-t-il, dénonçant l’absence de réponse des élus malgré des alertes répétées. Pour lui, l’agression récente s’ajoute à une crise plus large, marquée par le sous-effectif, l’usure professionnelle et une perte d’attractivité des métiers de la santé.
Ce que réclament à présent les soignants, ce sont des mesures concrètes : la reconnaissance de la pénibilité et du caractère essentiel de leurs missions, une protection fonctionnelle systématique pour les agents agressés et des sanctions judiciaires « fortes et dissuasives ». « Chaque soignant qui s’en va, ce sont des patients qui se retrouvent en danger », insiste Emmanuel Soria.
Les politiques absents
Les personnels mobilisés ce mercredi matin ont regretté l’absence de responsables politiques lors du rassemblement. S’ils assureront bien le service minimum en cette période de fêtes, les syndicats n’excluent pas de poursuivre la mobilisation en l’absence de réponses. « On fait une énième alerte pour que personne ne puisse dire qu’il n’était pas au courant », conclut le représentant de l’UT CFE-CGC.
En début d'après-midi, le gouvernement a officiellement réagi par voie de communiqué pour dénoncer ces « agressions inadmissibles », appelant au « respect absolu » des personnels de santé. « Tout acte de violence fera l'objet d'une réponse ferme », assure l'exécutif qui « réaffirme sa détermination à œuvrer, aux côtés des autorités compétentes et des établissements de santé, pour renforcer la sécurité des soignants et garantir des conditions d'exercice dignes et sûres. »
Julien Mazzoni pour Les Nouvelles Calédoniennes























