Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a annoncé le lancement d’un chantier stratégique visant à structurer et renforcer la recherche scientifique et la valorisation des ressources naturelles sur le territoire. Cette initiative intervient dans un contexte où, malgré un écosystème scientifique jugé dynamique, aucun cadre global de pilotage n'existe actuellement à l’échelle du pays.
La décision fait suite à des concertations menées avec les principaux acteurs du secteur, regroupés notamment au sein du consortium CRESICA (composé de l’Université de la Nouvelle-Calédonie, l’IRD, l’IFREMER, l’Institut Pasteur, le BRGM, l’IAC, le CHT, le CNRS et le CIRAD), ainsi que l’ADECAL Technopole et le CRNTEC. Tous ont souligné l’absence d’une feuille de route formelle portée par les institutions locales.
Le projet s’articulera autour de six axes structurants : L’élaboration d’une stratégie de recherche ; La mise en place d’un cadre juridique pour l’accès et le partage des avantages (APA) en lien avec le protocole de Nagoya ; La redéfinition de la prime d’encouragement à la recherche ; La valorisation du statut des chercheurs ; Une meilleure animation et coordination de la politique de recherche ; Le développement du rayonnement régional de la recherche calédonienne.
Parmi les mesures concrètes, un « Livre blanc de la recherche » sera élaboré d’ici novembre 2025. Cette démarche participative, co-pilotée par le gouvernement et le CRESICA, comprendra un état des lieux, l’organisation d’un séminaire de réflexion stratégique, et une large consultation institutionnelle.
Sur le plan juridique, un travail d’harmonisation sera mené pour adapter le cadre réglementaire local aux exigences internationales de la Convention sur la diversité biologique et du protocole de Nagoya. Ce dispositif concernera notamment la protection des ressources, la propriété intellectuelle et les savoirs traditionnels.
Le gouvernement prévoit également de repenser l’encouragement à la formation doctorale, en lien avec les priorités scientifiques locales, tout en renforçant l’attractivité des carrières de chercheur sur le territoire. La coordination entre les instances existantes, comme le comité élargi du CRESICA et la commission consultative de la recherche du Congrès, sera optimisée.
Enfin, le développement du rayonnement régional de la recherche figure parmi les priorités. Le gouvernement souhaite s’appuyer sur les réussites actuelles des institutions locales dans des projets internationaux, et valoriser davantage la recherche calédonienne dans l’espace Pacifique. Le futur port scientifique de Nouméa, en cours de conception, incarne cette ambition de positionner la Nouvelle-Calédonie comme un acteur majeur de la science dans la région.
Damien Chaillot