Le FLNKS a tenu une conférence de presse, ce vendredi 17 octobre, pour partager les décisions prises par son bureau politique, notamment celles concernant la poursuite du calendrier issu de l’accord de Bougival, que le mouvement conteste, et le report des provinciales. « Rien ne se fera sans le FLNKS », a rappelé son président Christian Tein depuis Paris. Un sujet de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
Le FLNKS a organisé une conférence de presse, ce vendredi 17 octobre, pour présenter les positions prises par les membres de son bureau politique réunis trois jours plus tôt. Le mouvement indépendantiste est d’abord revenu sur l’adoption, au Sénat, du projet de loi organique visant à reporter les provinciales à juin 2026, comme prévu par l’accord de Bougival. Un report que ses membres contestent fermement
Maintien des provinciales : « une question de respect démocratique »
Ce scrutin, déjà reporté à deux reprises, doit, selon le Front, être organisé le 30 novembre, « pour permettre le renouvellement légitime des institutions du pays » et à la population, trop longtemps privée « d’un rendez-vous démocratique essentiel », de s’exprimer.
Son adoption par l’Assemblée nationale, qui l’examinera mercredi 22 octobre, s’apparenterait à « un nouveau passage en force », prévient Romuald Pidjot. Car « nous avons acté l’échec du cycle de négociations » avec l’État et les autres formations politiques calédoniennes, rappelle-t-il en évoquant le rejet de l’accord de Bougival par toutes les composantes du mouvement.
« On a l’impression que cet État, dirigé par Macron et son bras droit Lecornu, n’a rien compris à ce pays ni à son histoire. Ils n’ont pas compris qu’on ne peut pas faire sans le FLNKS, sans le peuple kanak. On ne laissera pas Paris nous imposer ses solutions », averti le responsable indépendantiste. « Une fuite en avant », critique également Christian Tein, présent en visio-conférence depuis Paris.
À l’inverse, le maintien des provinciales au 30 novembre permettrait de « rouvrir un cycle de négociations » avec de nouveaux représentants « légitimes ». En cas de report, le Front annonce qu’il poursuivra son « travail de lobbying » parisien pour tenter d’empêcher l’adoption du projet de réforme constitutionnelle. Si celui-ci est également validé par le Parlement, « on mènera une campagne active pour le 'non' au référendum », prévu en février 2026.
Gel du corps électoral : une position du Conseil constitutionnel « conforme à l’accord de Nouméa »
Le bureau politique du FLNKS est également revenu sur la décision rendue le 19 septembre par le Conseil constitutionnel concernant le gel du corps électoral, à la suite d’une requête déposée par l’association Un cœur, une voix. Celui-ci a confirmé la validité du corps électoral restreint issu de l’accord de Nouméa.
Pour le mouvement indépendantiste, c’est la preuve que « cette disposition conserve sa pleine valeur juridique et n’est pas devenue caduque », estime Marie-Pierre Goyetche, présidente du Parti travailliste, membre du Front. Une « énième clarification » qui va dans le sens de la lecture qu’en fait le mouvement : un corps électoral « fondé sur l’histoire, la reconnaissance du peuple kanak, des victimes de l’histoire et le respect des équilibres issus de l’accord de Nouméa ».
Avis du Conseil d’État sur Bougival : une « dérive unilatérale de l’État »
En revanche, le FLNKS s’est montré plus critique envers l’avis du Conseil d’État, rendu le 1er octobre et publié le 15 octobre sur son site Internet. Celui-ci s’est prononcé sur le projet de loi constitutionnelle portant création d’un « État de la Nouvelle-Calédonie », un texte issu de l’accord de Bougival que le Premier ministre Sébastien Lecornu compte présenter aux parlementaires français d’ici la fin de l’année.
L’institution a confirmé que l’État était bel et bien légitime pour porter cette réforme constitutionnelle, malgré son rejet par le FLNKS. « Cette position traduit une rupture grave du principe de consensus qui fonde le processus de décolonisation » et « ouvre la voie à une imposition unilatérale d’un texte rejeté par les représentants du peuple kanak ». Or, « rien ne se fera sans le FLNKS », insiste Christian Tein.
Le Groupe Fer de lance mélanésien « ne soutient pas Bougival »
Contrairement à ce qui circule depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, le Groupe Fer de lance mélanésien (GLFM), actuellement dirigé par Fidji, ne soutient pas le projet d’accord de Bougival, affirme le FLNKS. « La solidarité mélanésienne demeure fidèle au droit international et au processus de décolonisation, et non à un accord imposé unilatéralement par l’État français. »
Le Front se félicite de la décision de la cour d’appel sur le retour de Christian Tein
L’information a été annoncée dans la nuit, quelques heures avant la conférence de presse organisée ce vendredi 17 octobre par le FLNKS : la cour d’appel autorise Christian Tein et les autres militants du Front mis en examen à regagner la Nouvelle-Calédonie, près d'un an et demi après leur arrestation et leur transfert vers l’Hexagone pour leur participation supposée à l’organisation des émeutes de mai 2024.
Une « bonne nouvelle », se réjouit le bureau politique du Front. « On rappelle que nous avons toujours clamé leur innocence », souligne Romuald Pidjot, à l’animation du BP. « Tout ce dont ils ont été accusés est un tissu de mensonges qui vient du ministère de l’Intérieur, de l’ancien haut-commissaire, du procureur Dupas et aussi des non-indépendantistes radicaux qui ont tout inventé. À cause de ces mensonges, on a volé un an de leur vie à nos camarades », attaque ce dernier.
Présent en visio-conférence, Christian Tein n’a pas souhaité commenter la décision de justice, estimant que son cas était « secondaire ». Il a néanmoins confirmé qu’il restera encore quelque temps à Paris, afin notamment de poursuivre le travail de lobbying mené par le Front auprès des députés et sénateurs parisiens pour faire échouer le processus lié à l’accord de Bougival.
Baptiste Gouret pour Les Nouvelles Calédoniennes