Nouvelle-Calédonie : Le Congrès valide une aide de 400 millions de francs pour l’enseignement privé

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Nouvelle-Calédonie : Le Congrès valide une aide de 400 millions de francs pour l’enseignement privé

Les élus ont accordé, ce jeudi 30 octobre, une subvention exceptionnelle de 400 millions de francs à l’enseignement privé, alors que la Direction diocésaine de l’enseignement catholique avait menacé quelques jours plus tôt de suspendre le fonctionnement de ses cantines si rien n’était fait. Cette aide a toutefois été conditionnée à la réalisation d’une étude pour redéfinir le financement de la Ddec.Précisions avec notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

Après quatre jours d’inquiétude, les familles peuvent souffler : les 12 0000 élèves de l’enseignement privé pourront bel et bien manger à la cantine la semaine prochaine. Ce jeudi 30 octobre, les élus du Congrès ont adopté à l’unanimité une subvention exceptionnelle de 400 millions de francs, "afin d’assurer la continuité du service public de cantine et d’internat" des structures de la Direction diocésaine de l’enseignement catholique (Ddec), ainsi que celles de la Fédération de l’enseignement libre protestant (Felp) et de l’Alliance scolaire de l’église évangélique (Asee).

Lundi, Manoël Van Aerschodt, directeur de l’enseignement catholique, avait tiré la sonnette d’alarme sur la situation de la Ddec, confrontée à une "tension de trésorerie" de 630 millions de francs. Il avait alors posé un ultimatum aux élus, menaçant de suspendre le service de cantine à compter du lundi 3 novembre et de ne pas renouveler les contrats d’une trentaine d’agents en CDD si rien n’était fait. Le versement des 400 millions de francs, rendu possible par le redéploiement d’une partie de l’enveloppe dédiée au chômage partiel, devrait offrir un répit à l’enseignement privé.

Des familles "prises en otage"

Reste que cette subvention n’est qu’une réponse temporaire aux difficultés de financement que rencontre la Direction diocésaine. "Elle ne résout pas le problème structurel de la Ddec", a reconnu Isabelle Champmoreau, membre du gouvernement en charge de l’enseignement. Les élus du Congrès se sont tous accordés sur la nécessité de réformer l’institution, et plus particulièrement son modèle de financement, jugé inadapté.

Depuis novembre 2023 et le vote d’une délibération par le Congrès, le financement de la cantine et de l’internat des établissements du privé est réparti entre les communes (écoles), les provinces (collèges) et la Nouvelle-Calédonie (lycées). Or, par manque de moyens, les communes n’ont jamais pris part à ce système. "Dès le départ, les associations de maires avaient prévenu que les communes ne pourraient pas financer cette nouvelle dépense", a rappelé Philippe Michel, de Calédonie ensemble, évoquant l’inquiétude exprimée à l’époque par son groupe sur un financement "pas viable". Résultat : le déficit de la Ddec s’est creusé de 300 millions de francs, correspondant aux sommes non versées par les collectivités, que va venir combler la subvention exceptionnelle.

Mais l’incapacité des collectivités à honorer leur participation n’est pas l’unique explication à la situation que connaît la Ddec, ont rappelé certains élus. "Une partie du déficit est liée à des choix stratégiques qu’elle a portés", a affirmé Gil Brial, deuxième vice-président de la province Sud en charge de l’enseignement, regrettant les propos tenus par son directeur en début de semaine, lors d’une déclaration solennelle. "Attribuer cette situation uniquement à une inaction des élus est soit maladroit, soit déloyal, mais en tout cas inexact." Gil Brial a notamment souligné l’absence, avant 2024, d’une véritable politique de recouvrement de la Ddec concernant les factures impayées de certaines familles, que les collectivités ont dû compenser. L’élu s’en est également pris à l’ultimatum posé par Manoël Van Aerschodt, lundi. "Prendre en otage des familles, ce n’est pas acceptable."

Plan stratégique

"On estime que sur certains sujets, notamment sur les politiques salariales internes, il y a des efforts à faire", estime également Isabelle Champmoreau. La membre du gouvernement a rappelé, d’autre part, que le modèle de financement adopté en 2023 était, à l’origine, basé sur une "participation" des collectivités au fonctionnement des services périscolaires de l’enseignement privé, et "n’a jamais eu vocation à couvrir toutes ses charges".

Le versement de la subvention a donc été conditionné à la réalisation d’une étude financée par la Nouvelle-Calédonie pour "définir un plan stratégique assurant la viabilité de la Ddec" et "proposer des réformes dans les domaines financiers et sociaux". "C’est une volonté de définir une stratégie au moins pour les cinq prochaines années", a expliqué Isabelle Champmoreau. Il s’agira notamment de s’attaquer à la carte scolaire, qu’il convient d’adapter à la baisse du nombre d’élèves survenue ces dernières années.

Présent dans l’hémicycle lors du vote de la subvention exceptionnelle, le directeur de la Ddec n’a pas souhaité réagir aux propos tenus en séance, indiquant simplement "prendre acte" du versement de la subvention exceptionnelle.

Par Les Nouvelles Calédoniennes