Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie vise les 250 000 touristes d’ici 2032

©Anthony Tejero / Les Nouvelles Calédoniennes

Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie vise les 250 000 touristes d’ici 2032

L’annonce semble on ne peut plus ambitieuse alors que le secteur, à l’agonie, peine à se relever de la crise insurrectionnelle, mais c’est un plan de relance du tourisme « réaliste », assure le gouvernement, qui entend accueillir a minima 250 000 visiteurs à l’horizon 2032, soit le double de la meilleure fréquentation jamais atteinte dans le pays. Pour ce faire, la feuille de route dévoilée ce mercredi entend augmenter le budget de promotion internationale, attirer de nouvelles compagnies aériennes et insuffler l’ouverture de nouveaux hôtels. Explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

Avec près de 44 500 visiteurs accueillis entre janvier et octobre 2025, contre près de 100 000 à la même période en 2023, seulement 45 % des flux touristiques (hors croisiéristes) d’avant la crise insurrectionnelle ont été reconquis. Et ce, alors que le pic historique de fréquentation pour le secteur, connu en 2019 avant la pandémie, avec près de 130 000 voyageurs, n’a plus été atteint depuis

C’est dans ce contexte pour le moins morose que la Nouvelle-Calédonie a dévoilé à la presse, ce mercredi 17 décembre, son plan de relance pour la filière avec un objectif clair : accueillir a minima 250 000 touristes dans le pays d’ici 2032, soit près du double du nombre de visiteurs jamais accueilli sur le Caillou.

À titre de comparaison, ces chiffres s’approchent davantage de ceux que connaît actuellement la Polynésie française qui, elle, a attiré plus de 263 000 visiteurs l’an passé, année record pour la Collectivité voisine, qui avait déjà battu son premier record de fréquentation de 2019 en 2023. 

Si les ambitions de ce plan pour le territoire semblent pour le moins difficiles à concrétiser, ce programme est « réaliste », assure Christopher Gygès, à condition de s’en donner les moyens : « Il y a une volonté commune des acteurs publics et privés de relancer la promotion internationale de la Nouvelle-Calédonie dans une stratégie à long terme pour créer de la richesse dans le pays, ce qui implique, sous réserve de vote du budget, de passer de 250 à 400 millions minimum les moyens alloués à la promotion internationale », annonce le porte-parole du gouvernement et président de Nouvelle-Calédonie tourisme (NCT), qui compte ainsi sur les revenus de la taxe croisière ainsi que du projet de taxe sur les hébergements de type Airbnb, qui pourraient même, à en croire l’élu, permettre de glaner jusqu’à 700 millions de francs dès 2026.

Ce plan de relance est porté conjointement avec la CCI et le Medef, qui réclament, de leur côté, d’atteindre la somme d’un milliard de Fcfp alloués à la promotion à l’horizon 2028. Des niveaux qui n’ont plus été connus depuis les années 2000. « Si on n’a pas performé sur le tourisme jusqu’à présent, c’est parce qu’on n’a pas investi dans le secteur », juge Mimsy Daly la cheffe de l’organisation patronale, qui rappelle que cette filière « sous-développée » génère déjà près de 5 500 emplois. « C’est pourquoi il faut une ambition budgétaire qui soit gravée dans le marbre. »

Rouvrir la ligne avec le Japon et attirer de nouvelles compagnies aériennes

En Nouvelle-Calédonie, le tourisme est intimement lié aux capacités en nombre de sièges et aux destinations desservies. Or, l’offre s’est considérablement réduite depuis les émeutes, avec notamment la suspension de lignes vers Melbourne et Tokyo. Le plan compte bien y remédier. Et ce, en relançant « progressivement » les vols vers le Japon dès 2026, tout d’abord avec une rotation charter par mois. 

« Ce que propose Aircalin est très bien pour voir comment la clientèle japonaise répond à cette offre, mais il faut qu’on soit en capacité dès 2027 de rouvrir la ligne, parce qu’on a des potentiels en termes de touristes, et aussi des entreprises calédoniennes qui exportent énormément avec ce pays, notamment pour les crevettes et le thon. Quitte à ce que ce soit avec d’autres compagnies aériennes », insiste Christopher Gygès, pour qui une plus grande ouverture à la concurrence du secteur aérien est nécessaire. 

« Si on veut que ce secteur devienne une filière d’avenir, on a besoin de nouvelles compagnies aériennes, sans pour autant mettre en danger Aircalin. C’est pourquoi nous avons besoin d’un vrai plan ambitieux à proposer si on veut aller chercher des compagnies comme Fiji Airways, des destinations comme Melbourne, etc. Le travail du gouvernement c’est de faire en sorte que les Calédoniens comme les touristes puissent avoir du choix », ajoute le membre du gouvernement. 

L’acquisition de deux nouveaux Airbus A350 900 par Aircalin, qui permettra, dès la fin de l’année 2026, d’augmenter sa flotte de quatre à cinq appareils permettra, par ailleurs, de développer les capacités de transport de passagers et de diversification des destinations desservies.

Vers de nouveaux hôtels ?

Alors que bon nombre de structures d’hébergement affichent encore des taux de remplissage au plus bas, si ce plan se concrétise, le pays devra également augmenter ses capacités en nombre de nuitées. « Des projets hôteliers, qui pourront bénéficier de la défiscalisation, sont en cours de développement », avance Christopher Gygès, sans en détailler davantage. 

Un discours que partage le président de l’Union des hôteliers de Nouvelle-Calédonie (UHNC). « Aujourd’hui, on peut accueillir maximum 150 000 touristes avec les établissements dont on dispose », explique Philippe Ettwiller, selon qui l’accent doit être mis sur la moyenne et haute gamme. Et ce, alors que le Wadra bay, de Lifou, est censé ouvrir ses portes fin décembre.

Des ambitions, qui là encore, impliquent d’améliorer le niveau de formation des employés du secteur, alors que le pays ne dispose toujours que d’un niveau maximal de formation de BTS (bac + 2) là où une licence (bac + 3) est proposée au Vanuatu et un Master 2 (bac + 5) en Polynésie française. Un sujet sur lequel planche le gouvernement annonce Christopher Gygès : « On veut à la fois faire de la formation professionnelle au sein des entreprises mais aussi créer de nouvelles filières. C’est pour ça que le budget du gouvernement dédié l’apprentissage et la formation professionnelle a été préservé. »

Anthony Tejero pour Les Nouvelles Calédoniennes